« L'art c'est comme le chinois, ça s'apprend », aurait dit Picasso. Il aurait pu ajouter que l'enseignement du chinois constitue un art à part entière. C'est ce que démontre Jean François Billeter dans son essai L'Art d'enseigner le chinois, adressé à tous les lecteurs, et non seulement aux professeurs ou étudiants de chinois.
Dans cette réflexion sur le pouvoir des mots, il révèle toute la finesse requise pour enseigner cette langue en tout point différente de la nôtre. Comme la musique, le chinois, pour être compris, doit être pratiqué. Le lecteur est ainsi invité à s'approprier quelques phrases caractéristiques pour comprendre comment entrer dans cet idiome, même sans en être familier. Jean François Billeter se révèle être, en plus d'un brillant sinologue, un pédagogue modèle.
Après avoir été professeur d'études chinoises à Genève, Jean François Billeter a quitté l'université pour se consacrer à ses propres travaux. Dans ses études sur certains textes remarquables de Tchouang-tseu et sur l'art chinois de l'écriture, il allie la plus grande rigueur sinologique au souci constant de se faire comprendre des lecteurs non sinologues, à la fois par la clarté de l'expression et par la richesse des références à l'héritage occidental, ou simplement à l'expérience commune.
Jean François Billeter démontre ce qui caractérise la langue chinoise, composée de mots monosyllabiques et invariables : ces mots sont reliés entre eux par des gestes intérieurs. Ils sont du même ordre que ceux qu'emploie le musicien pour lier les notes d'une partition musicale. Le sinologue apprend ainsi au lecteur à exécuter ces gestes, à les comprendre et à en éprouver la subtile beauté. Cet essai se fonde sur la conviction que ce n'est qu'en pratiquant le chinois, peu importe son niveau, qu'on pourra en avoir une connaissance minimale.
Pas seulement à destination des spécialistes, l'ouvrage s'adresse à tout lecteur soucieux de mieux comprendre le phénomène extraordinaire du langage : universellement partagé, jamais parfaitement compris, et constamment en mouvement.
Après avoir été professeur d'études chinoises à Genève, Jean François Billeter a quitté l'université pour se consacrer à ses propres travaux. Dans ses études sur certains textes remarquables de Tchouang-tseu et sur l'art chinois de l'écriture, il allie la plus grande rigueur sinologique au souci constant de se faire comprendre des lecteurs non sinologues, à la fois par la clarté de l'expression et par la richesse des références à l'héritage occidental, ou simplement à l'expérience commune.
En 1855, l'abolitionniste John Brown quitte sa ferme pour le Kansas afin d'organiser la lutte contre l'esclavage. Thoreau rencontre le capitaine, qui n'hésite pas à tué des colons esclavagistes, en 1857 et en 1859 lorsqu'il vient chercher de l'argent pour ses opérations. Il est finalement arrêté et condamné à être pendu. À travers une tribune d'une quarantaine de pages adressée à ses concitoyens, la presse, les politiques (Plaidoyer en faveur du capitaine John Brown), un texte poétique rédigé pour le jour de son exécution (Le Martyre de John Brown) et un hommage (Les Derniers Jours de John Brown) Thoreau s'engage, à l'opposé de ses postures philosophiques initiales, dans la surprenante réhabilitation d'un fanatique, avant de retourner finalement vers sa préoccupation première : la nature.
Américain dissident, Henry David Thoreau (1817-1862) est un réfractaire qui se plaît à résister, à suivre son chemin absolu en dépit de tout. Par ses écrits, il met la force tonifiante de sa résistance au service de tous ceux qui veulent garder l'esprit en éveil et maintenir une position critique peut-être plus nécessaire que jamais à notre époque de contrôle soft de l'opinion par les divers moyens d'information ou les « produits culturels ».
Un tabouret et mille femmes sont pris en photo.
Eh oui, en français, le masculin l'emporte sur le féminin même lorsque des humaines côtoient des objets?!
Cette logique tordue n'est pas intrinsèque à la langue française. Elle est le fruit d'une lutte menée aux 17e et 18e siècles contre le féminin - et contre les femmes - par les «autorités» linguistiques.
En effet, dans le passé, on accordait une phrase selon le genre du mot le plus proche (accord de proximité). Ainsi, des hommes et des femmes pouvaient se montrer généreuses.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui puisque le masculin, en tout temps, doit l'emporter. Le masculin a été décrété générique comme dans l'expression «droits de l'homme», caractéristique attribuée à la construction d'une langue, alors qu'en réalité l'usage en a été délibérément masculinisé.
Des mots comme autrice, professeuse, philosophesse et capitainesse ont été relégués aux oubliettes, car les femmes n'étaient pas aptes à exercer de telles fonctions, seuls les hommes le pouvaient, prétendait-on.
On a donc décrété que ces mots devaient disparaître, effaçant ainsi de notre histoire les femmes qui osaient penser, créer et agir.
Depuis, on ne cesse d'inventer de nouveaux mots féminins, comme auteure et professeure, pour décrire la réalité telle qu'elle est au grand dam des cerbères des académies de la langue qui résistent à la féminisation de toutes leurs forces en déclin.
Comment écrire et parler de façon non sexiste? Michaël Lessard et Suzanne Zaccour proposent différentes façons de le faire, évaluant les avantages et les inconvénients de chacune d'elles.
Leur livre n'impose pas de règles grammaticales. En fait, il est une invitation à apprendre, à désapprendre, à critiquer, à discuter et à oser se lancer à la recherche de la langue des femmes.
C'est en cela que c'est un véritable manuel proposant à ce titre des exercices, des entraînements et des corrections (voir les bonnes feuilles).
Les lecteurs et les lectrices, les enseignant-es, celles et ceux qui rédigent textes et articles y trouveront matière à réfléchir à notre langue pour l'adapter aux évolutions sociales et à la nécessaire construction de l'égalité entre les femmes et les hommes, y compris dans les formes d'expression langagières.
La langue ne serait-elle qu'un sujet propre à intéresser des esthètes désoeuvrés, des puristes sourcilleux ou d'aimables cruciverbistes ? Non, car c'est à travers elle que nous appréhendons le monde et que nous nous intégrons à la collectivité. C'est à travers elle que le pouvoir se donne ou se refuse : dans un monde où communiquer est capital, régner sur elle représente un enjeu de taille. Et à l'ère du numérique, la langue est aussi un riche gisement économique. À côté des politiques de la santé ou de l'environnement, nos sociétés démocratiques doivent donc inventer une politique de la langue, dont les objets sont nombreux : droits de l'usager à l'égard d'institutions publiques qui ne semblent pas faites pour lui ; droit du travailleur à travailler dans sa langue ; protection du consommateur face aux produits standardisés ; intégration des populations migrantes Ce nouveau livre de Jean-Marie Klinkenberg place nos langues et spécialement le français au coeur d'une réflexion sur les communications et les relations humaines dans le monde d'aujourd'hui. Il énonce avec brio et clarté les principes d'une politique linguistique visant la justice et l'équité, en proclamant que la langue est faite pour le citoyen, et non le citoyen pour la langue.Professeur émérite de l'Université de Liège, Jean-Marie Klinkenberg y a enseigné les sciences du langage. Ses livres, et ceux du Groupe dont il est un des fondateurs (Rhétorique générale, 1970 ; Traité du signe visuel, 1992), ont été traduits dans une vingtaine de langues. Membre de l'Académie royale de Belgique, il préside le Conseil de la langue française. Il est notamment l'auteur de Précis de sémiotique générale (Le Seuil, 2000) et de Petites mythologies belges (Les Impressions Nouvelles, 2009).
Ce petit texte peu connu publié en 1880, constitue un florilège de ces mots indisciplinés, traversés par le temps et l'usage, modifiés dans leurs sens originels parfois jusqu'à l'absurde, mais parfois aussi jusqu'à la plus inattendue des poésies. Émile Littré les traque, les débusque à la manière d'un entomologiste gardien d'un trésor passé, présent et à venir. Pathologie verbale ou petit voyage en «curiosité linguistique» atteste qu'il est à la fois émouvant et ludique de prendre conscience de la face cachée de la langue. Son auteur le dit lui-même, cette entreprise se voulait légère et didactique, en somme, le point final d'un travail magnifique au service de la langue:
«Comme un médecin qui a eu une pratique de beaucoup d'années et de beaucoup de clients, parcourant à la fin de sa carrière le journal qu'il en a tenu, en tire quelques cas qui lui semblent instructifs, de même j'ai ouvert mon journal, c'est-à-dire mon dictionnaire, et j'y ai choisi une série d'anomalies qui, lorsque je le composais, m'avaient frappé et souvent embarrassé. Ce n'est point un traité, un mémoire sur la matière, que je compte mettre sous les yeux de mon lecteur. C'est plutôt une série d'anecdotes; le mot considéré en est, si je puis ainsi parler, le héros.»
Villoison fut envoyé en mission à Venise en 1778-1782, afin d'y faire moisson de manuscrits grecs inédits. Il allait y trouver ses lettres de noblesse en y découvrant le plus ancien et le plus extraordinaire manuscrit de l'Iliade.
Mais ce que souligne cet ouvrage, qui présente la première édition du rapport rédigé par Villoison à son retour de Venise, c'est le caractère novateur de sa conception encyclopédique de la philologie et de ses méthodes textualistes : Villoison s'y révèle un précurseur des tendances les plus modernes de la philologie classique. Dès lors, c'est toute l'histoire de la discipline qui doit être reconsidérée...
Ce volume constitue ainsi une contribution essentielle à la nouvelle histoire de la philologie, en même temps qu'une approche vivifiante de l'art de lire.
Laurent Calvié est docteur en littérature ancienne et prépare une édition critique des Écrits sur le rythme d'Aristoxène de Tarente. Il est directeur de la série « Philologie » chez Anacharsis.
« Dans ce dictionnaire des étymologies curieuses, l'origine ne jette, le plus souvent, aucune lumière sur la signification actuelle. Nous présentons la liste des mots qui sont en dehors de la loi commune de filiation. Ces mots, on ne sait le plus souvent ni où ils vont, ni d'où ils viennent, sortes de zingaris dont la biographie est, par cela même, extrêmement curieuse. [...] L'étude de ces péripéties offre un attrait singulier, et l'histoire des mots devient plus intéressante que l'histoire des hommes. D'autre part, et dans le cours de leurs pérégrinations aventureuses, certains de ces mots dépouillent complètement leur physionomie primitive ; [...] il y a dans ces bizarreries autre chose que de futiles singularités : elles ne sont pas l'opposé du sérieux ; elles sont le corollaire, et, partant, elles ont encore avec l'utile des liens intimes de parenté. Notre livre est donc le vrai dictionnaire de la langue française ; c'est-à-dire qu'il en enseigne les mots non plus comme le font les dictionnaires, au hasard et d'une façon tout empirique, mais il donne la science des mots, comme la grammaire donne la science des règles. Quiconque a étudié cet ouvrage possède la raison des mots. Il les rattache à un nombre limité de mots primordiaux, qu'il ramène eux-mêmes à leur antique origine ; en sorte qu'il sait non seulement ce que veut dire le terme dont il use, mais encore pourquoi ce terme a reçu telle forme ou telle destination plutôt que telle autre; il peut lire enfin, il peut parler. »
« ... J'entrai dans la boutique. Il ne me restait plus de curiosité pour la marchande ; mes yeux étaient fixés sur la poupée. » Ainsi naît la fascination qu'éprouve un jeune homme pour une figure féminine miniature, une poupée si parfaite qu'on la croirait vivante. En réalité, elle l'est, c'est une sylphide qui a pris cette apparence et qui fera son initiation amoureuse.Ce roman à l'érotisme délicat et pervers nous propose une véritable pédagogie du plaisir différé à l'opposé du libertinage de conquête.
Amoureux fou de Milady Juliette Catesby, pourquoi Milord d'Ossery, la veille de son mariage, disparaît-il pour en épouser une autre ?Voici l'énigme que Juliette ne sait résoudre et l'offense qu'elle ne veut pardonner lorsque Milord d'Ossery - veuf - revient vers sa première maîtresse avec autant de passion que s'il n'avait jamais changé !Plaisirs d'amour et souffrances d'amour vont alterner de façon très heureuse au cours d'un échange de lettres entre Juliette Catesby et son amie Henriette Camplay.En somme, que des êtres incompréhensibles l'un pour l'autre se fascinent, se poursuivent et cherchent à s'unir, voici les données d'une énigme heureusement assez insoluble pour que l'avenir du roman demeure pour longtemps assuré.Diderot dans sa correspondance a fait l'éloge des Lettres de Milady Juliette Catesby : « La seconde lecture m'a fait encore plus de plaisir que la première. Cet ouvrage aura du succès. Je vous conseille de le donner et de l'avouer. »