L'Âge de l'éloquence démontre l'utilité, pour l'historien de la culture, du paradigme rhétorique. La première partie apprécie la longue durée : Antiquité classique et tardive, Renaissance italienne et Réforme catholique. On y voit s'établir et se rétablir dans la culture européenne la fonction essentielle de médiation, de transmission et d'adaptation exercée par la rhétorique. Les débats relatifs au " meilleur style ", à la légitimité et à la nature de l'ornatus, à la définition de l'aptum, ne sont pas le privilège de professionnels de la chose littéraire : ils mettent en jeu, à chaque époque, l'ensemble du contenu de la culture et impliquent la stratégie de son expansion et de sa survie. Les parties suivantes examinent respectivement deux grandes institutions savantes de la France humaniste, le Collège jésuite de Clermont et le Parlement de Paris. A l'horizon apparaissent le public féminin et le public de cour, que la res literaria savante et chrétienne ne saurait ignorer sans se condamner à la stagnation ou à l'étouffement. Les débats rhétoriques entre jésuites ou entre magistrats gallicans oscillent donc entre la nécessité de ne rien sacrifier de l'essentiel, et l'autre nécessité, celle de doter cet " essentiel " d'une éloquence propre à le faire aimer, admirer, embrasser par les "ignorans ". Autant de débats qui se nourrissent de l'abondante jurisprudence accumulée par la tradition humaniste et chrétienne. Le classicisme surgit ainsi, dès le règne de Louis XIII, comme une solution vivante et efficace à un problème qui n'a rien perdu de son actualité : comment transmettre la culture en évitant le double péril de la sclérose élitiste et de la démagogie avilissante ?
L'erreur historique consiste à ériger involontairement le fait en loi, à prendre les effets pour des causes, à ne savoir plus faire la part de l'accident qui, tenant une si grande place dans la vie de l'homme, ne peut disparaître de son histoire. On aime à parler des grands courants qui entraînent une époque. L'image est juste, mais qu'elle ne nous égare pas. Ces courants ne sont pas une sorte de phénomène fatal et mystérieux venant du dehors fondre sur l'humanité : c'est de l'humanité même qu'ils sortent. Le plus souvent on peut dire d'où ils sont nés, comment ils ont grossi, quelle main les a sinon créés, du moins élargis et dirigés, quelle autre leur a opposé des obstacles ou en a détourné le cours. Et,
alors même qu'ils semblent devenus irrésistibles, alors que la foule des humains se laisse aller passive au fil du fleuve puissant qui l'emporte, on voit parfois un homme qui, seul, le remonte d'un élan désespéré, et il n'est pas sans exemple que cet homme finisse par être suivi de tous.
On ne sera pas étonné que le travail des commentateurs médiévaux s'ancre à deux points fondamentaux : l'analyse du langage de l'Ecriture, la possibilité de faire éclater ce langage pour aller au-delà de ce que sont en mesure d'exprimer les mots. Faisceau de techniques consistant à décoder l'Ecriture, traitant de la compréhension et de l'interprétation humaine de textes réputés d'inspiration divine, l'exégèse enrichit le texte biblique d'une signification déclinée en différents sens. Ainsi la réflexion herméneutique porte avant tout sur l'analyse du langage de la Bible. Se pose la question de savoir si l'herméneutique est alors réduite à des fins d'allégorèse ou si elle fait l'objet, aux XIIe et, plus encore, XIIIe siècles, d'une réflexion proprement épistémologique tout en démarquant son champ d'application au seul corpus biblique.
Force est de constater que l'intense pratique exégétique des XIIe et XIIIe siècles s'est accompagnée d'une réflexion non moins consistante. Au départ de ce constat, Gilbert Dahan examine comment une exégèse confessante, de type traditionnel, dans laquelle inspiration et expérience jouent un rôle prépondérant, en vient à être formalisée. Dossiers à l'appui, il établit quels moyens elle déploie pour fondre en un système cohérent les contradictions qui la constituent, acquérir les caractères de ce que l'on appellerait volontiers une exégèse scientifique et enclencher le processus d'une méthode herméneutique.
En d'autres termes, le présent recueil, et l'intérêt même du choix des travaux réunis, permet de poser que l'intention herméneutique est bien applicable au Moyen Age et ne peut être tenue pour un effet, qu'il faudrait admettre anachronique, de la recherche contemporaine.
En 1766, Louis XV déclarait que le caractère propre de sa puissance souveraine était « l'esprit de conseil, de justice et de raison ». L'importance du rôle tenu par le Conseil du roi s'impose avec une obsédante évidence à quiconque étudie le fonctionnement des institutions de l'Ancien Régime. Le temps et les hommes purent modifier la composition et la structure du Conseil ; ils n'en altérèrent jamais l'essence. Car cet esprit de conseil et de délibération a profondément imprégné les institutions de l'ancienne France.
Dans cette étude devenue un classique, tableau exemplaire des rouages gouvernementaux de l'Ancien Régime, Michel Antoine analyse les institutions complexes que furent les différents Conseils de gouvernement, de justice et d'administration (Conseil d'En haut, Conseil royal des Finances, Conseil royal de Commerce, Conseil de Conscience, Conseil des Dépêches, Conseil privé) et expose l'étendue et l'évolution de leurs compétences respectives.
Inséparable de la personne du souverain, n'ayant aucune autorité propre, le Conseil ne peut promulguer ou publier d'arrêts : ce n'est jamais lui qui décide, c'est toujours le Roi. Faute de conserver cette notion présente à l'esprit, il serait difficile de saisir comment le Conseil a pu exister et fonctionner, comment le Roi a pu s'en servir pour gouverner et administrer l'Etat, comment son action suscita des difficultés qui tendirent à mettre en cause son existence et donc celle de la monarchie. Car le Conseil était par excellence l'organe où le souverain exerçait son droit inaltérable de supériorité sur tous les sujets et tous les corps constitués.
Cette nouvelle série de publications des registres du Petit Conseil de Genève poursuit celle entreprise au siècle passé par E. Rivoire et V. van Berchem, qui couvre les années 1409-1536, interrompue en mai 1536 avec l'adoption officielle de la Réforme, quelques semaines avant l'arrivée de Jean Calvin à Genève. Les mois suivants (mai-décembre 1536) font l'objet de la présente publication ; ils constituent une période décisive pour l'avenir de la Seigneurie. En politique extérieure, cette dernière doit affirmer son indépendance à l'égard des Bernois qui occupent, depuis février 1536, les bailliages savoyards de Gex et de Ternier, encerclant ainsi complètement Genève, et qui ont remplacé le duc de Savoie Charles III dans ses prérogatives judiciaires dans les terres de Saint-Victor et Chapitre, sous dépendance genevoise. Elle doit également défendre les intérêts de ses bénéfices ecclésiastiques en Faucigny, territoire appartenant à Charlotte d'Orléans, duchesse de Nemours, alors sous protectorat français. Enfin, en politique intérieure, soutenue par Guillaume Farel, la Seigneurie proclame des édits et prend des mesures disciplinaires pour mettre en place la nouvelle doctrine religieuse. Cette édition est enrichie de nombreuses pièces annexes provenant des Archives d'Etat de Genève, de Berne et de la Bibliothèque nationale à Paris.
Jusqu'au XVIIe siècle, les traités de médecine, réservés aux doctes s'écrivaient d'ordinaire en latin. Pour toucher un public plus large, our se conformer aux politiques princières de la langue ou pour participer au débat humaniste sur l'utilisation du vernaculaire, certains praticiens adoptèrent cependant la langue vulgaire: c'est un acte de rupture culturelle et sociale. Quels sont ces pionniers et à qui s'adressent-ils? Quelles sont les connaissances, nosologiques et thérapeutiques, qu'ils choisissent de partager avec leurs nouveaux lecteurs? A quelles stratégies stylistiques et rhétoriques recourent-ils? On découvrira les surprenantes affinités entre cette médecine, qu'elle soit française ou italienne, et ce qu'on appelle aujourd'hui la littérature. On découvrira aussi à quelles ruses recourent les auteurs pour intéresser et séduire soit les patients, soit le public croissant des amateurs. La médecine en langue vulgaire, à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, est volontiers pittoresque et truculente. Ce livre n'est pas triste non plus.
Il revient à la Révolution de façonner un peuple nouveau, le souverain digne de la Cité qu'elle annonce: dès ses débuts la Révolution est investie d'une vocation pédagogique. Tout est à repenser et à inventer: les objectifs et les institutions pédagogiques, un nouveau système d'instruction et d'éducation, les méthodes de formation accélérée de nouveaux enseignants. Un débat passionnant et passionné s'installe au coeur même du discours politique révolutionnaire. Il ne porte pas seulement sur les modèles de l'école pour la Révolution mais a comme objet et enjeu les rapports entre culture et pouvoir, liberté et égalité, tradition et innovation, libéralisme et étatisme, religion et laïcité, dans une société démocratique à inventer. Ce volume réunit les textes les plus importants qui ont marqué ce grand débat et qui ont orienté les expériences pédagogiques de la période révolutionnaire: projets et discours de Mirabeau, Talleyrand, Condorcet, Romme, Lepeletier, Robespierre, Saint-Just, Daunou, Barère, Lakanal, etc.
Alors que l'allégorie statuaire de la Justice s'affirmait publiquement sous des atours susceptibles d'engendrer quelques doutes quant à ses intentions (yeux bandés, glaive et balance, genou dénudé), se met en place dès le XVe siècle dans l'Europe médiane un décor dans les salles de Justice qui puise largement son inspiration dans le registre des images religieuses : Crucifixion, Jugement dernier, Suzanne et les Vieillards, Jugement de Salomon. Quand la justice sort des églises pour devenir l'une des institutions les plus puissantes de l'Etat moderne, elle emporte avec elle des images propres à l'Eglise. Puis, dès que se laïcisera le décor des salles de Justice, des représentations picturales anachroniques, antiquisantes et légendaires tendront à fixer une justice d'un âge révolu, comme à exalter les vertus civiques de ceux qui vont jouer (sur) la scène judiciaire, ces magistrats tourmentés par la pesanteur de leurs charges.
Ce premier colloque de l'Equipe Formes et idées de la Renaissance aux Lumières explore les genres littéraires fixant la mémoire d'une histoire longue et traumatique, celle des guerres de religion, en ce qu'elle marquera inéluctablement la réflexion politique et religieuse des siècles suivants. Les contributions réunies par Marie-Madeleine Fragonard et Jacques Berchtold suivent le récit qui est fait des guerres de religion jusqu'à la fin du XVIIIe siècle par l'histoire officielle et les échos pamphlétaires qu'elle produit, par la recherche érudite et la compilation des mémoires, par la fiction romanesque et le travestissement du grand genre épique jusqu'à la Henriade. Elles dégagent une littérature aux formes concurrentielles qui, hésitant entre l'horreur et l'euphémisation, réitère, en marge des témoignages immédiats et des documents authentiques, le récit des événements à l'intention d'un public diversement soucieux d'objectivité.
Le De causis linguae Latinae (1540) de Jules-César Scaliger constitue un maillon essentiel dans l'histoire de la grammaire latine et plus généralement dans l'histoire des théories linguistiques. Il ne s'agit pourtant pas d'une grammaire latine au sens habituel du terme, avec ses règles et ses paradigmes, mais d'une réflexion philosophique sur les fondements de la langue latine, et même sur les fondements du langage en général. Les treize livres, de taille inégale, comportent une phonétique (livres 1 et 2), l'examen du mot (dictio, livre 3) et de ses classes (livres 4 à 11), avant de traiter des figures de construction (livre 12), de l'étymologie et de l'analogie (livre 13).
La présente édition propose, dans le premier volume : une introduction (en deux parties : « Scaliger, philosophe des savoirs du langage et des langues », par P. Lardet ; « le De causis dans l'histoire des idées linguistiques », par G. Clerico et B. Colombat) ; le texte latin ; des notes critiques ; neuf index ; une bibliographie de plus de 600 titres. Le second volume comporte l'ensemble de la traduction avec une abondante annotation qui replace le De causis dans le contexte de son élaboration et de sa rédaction.
L'Oratio tragedica est un texte de dévotion, inédit, composé par Philippe de Mézières (1327-1405), à l'époque où il rédige le Songe du Viel Pelerin (1389-1390). Cette véritable « dramaturgie de l'âme », écrite en latin, éclaire tous les visages du Chevalier, désormais retiré dans sa cellule du couvent des Célestins de Paris, mais qui ne saurait oublier qu'il fut le conseiller ou l'interlocuteur de six rois, de plusieurs papes et tant de princes... Un tel oubli nous serait interdit à nous aussi, qui prétendons approcher, dans sa complexité, ce quatorzième siècle traversé et comme illuminé par Mézières. Si l'Oratio s'inscrit dans la tradition médiévale des textes spirituels, elle révèle, jamais interrompue, la passion lancinante de délivrer les Lieux Saints et d'atteindre par là la double ambition de faire oeuvre sainte d'écrivain et d'accomplir pleinement le service, le devoir du chrétien.
Première édition critique du texte latin, ainsi que première traduction française de l'Oratio tragedica, longtemps attendue.
Ce troisième tome de L'Histoire de France de La Popelinière, parue en 1581, est centré sur deux années cruciales, 1561 et 1562, qui voient le déclenchement des guerres de Religion. Il fait le récit des principaux événements de l'avènement de Charles IX jusqu'à l'automne 1562 : les Etats généraux et le colloque de Poissy, l'édit de Janvier, le « meurtre » de Wassy, les déclarations du prince de Condé et ses négociations avec les princes allemands, l'engagement puis les hésitations de la noblesse réformée, et s'attarde sur quelques épisodes de la première guerre civile (particulièrement Angers et Toulouse). Hors de France, il s'intéresse aussi à la résistance armée des vaudois du Piémont contre le duc de Savoie, et décrit la « république des Suisses ». Les notes critiques s'attachent principalement, comme dans les volumes précédents, à retrouver les sources utilisées et à éclairer le travail de recomposition et de neutralisation de l'historien sur ses sources.
Fondé sur des documents universitaires et notariaux édités et inédits et sur de multiples sources indirectes (biographies, correspondances, etc.), cet ouvrage recense plusieurs centaines d'étudiants français, francs-comtois et savoyards ayant fréquenté les universités italiennes de 1480 à 1599. Il fournit, pour chaque personnage, un dossier sur ses études en Italie, complété, si possible, par un aperçu de sa formation antérieure et par une notice biographique. Une introduction détaillée sur l'organisation des études universitaires dans l'Italie des XVe et XVIe siècles, le mode de fonctionnement des universités et les procédures d'obtention des diplômes facilite la compréhension des notices.
Ce travail offre des matériaux nouveaux à l'histoire des universités, à l'histoire des familles (rectifications et compléments apportés aux généalogies par les sources italiennes exploitées), à l'histoire sociale (origine sociale des étudiants, corrélation entre études et carrière, stratégies de certaines familles misant sur les études en Italie pour favoriser leur ascension ou asseoir leur pouvoir) ; mais aussi à l'histoire religieuse, politique et culturelle (il suffit de citer les noms de saint François de Sales, de Pomponne de Bellièvre, de Michel de L'Hospital ou de François Tissard). Nombre de ces étudiants ont contribué, en outre, à diffuser par-delà les Alpes non seulement l'humanisme et les sciences apprises dans la Péninsule, mais aussi la langue et la culture italiennes.
L'oeuvre de Philippe de Mézières est double: des textes en français comme le Songe du Viel Pelerin ou le Livre de la Vertu du Sacrement de Mariage, d'autres en latin comme l'Oratio tragedica. La question de l'écriture du Solitaire des Célestins s'en trouve, dès lors, posée, ainsi que de son rapport à l'humanisme naissant, dont il est l'exact contemporain. Si Mézières n'est pas le pendant français de Pétrarque, les études de ce recueil laissent entrevoir un authentique poète, maître de ses effets et de son art. Elles s'articulent autour de cinq lignes axiologiques, scrutant aussi bien les questions de la technique poétique, des stratégies oratoires, de l'allégorie, du tragique et de l'usage, à des fins morales, de la figure de l'alchimiste et de l'apothicaire. Est ainsi réaffirmée la puissance stylistique de l'écriture de Philippe de Mézières. Un index permet une consultation aisée de ce volume qui deviendra rapidement un outil de référence.
Né en 1526 à Limoges, Muret séjourna à Paris (1551-1553) puis s'enfuit à Toulouse via Bourges et gagna l'Italie en 1554. À Venise, il édita des textes classiques commentés grâce à Paul Manuce. Après un séjour à Padoue, il entra au service d'Hippolyte II d'Este (fin 1558-début 1559). À son retour d'un ultime séjour en France avec ce dernier (1561-1563), il s'installa définitivement à Rome. Demeurant au service des Este, il mena une carrière universitaire à La Sapienza où il enseigna la philosophie morale, le droit et la littérature latine presque jusqu'à sa mort (1585). Tout au long de son séjour italien, l'humaniste poursuivit ses activités savantes et entretint une importante correspondance tandis que ne cessait de croître sa réputation d'orateur. Ce volume réunit vingt-cinq contributions qui fournissent un éclairage neuf sur la bibliothèque de Muret, son activité de professeur et de philologue, ses liens avec d'autres humanistes et avec les milieux artistiques.
Nato nel 1526 a Limoges, Muret vive prima a Parigi (1551-1553), poi fugge a Tolosa via Bourges. Fugge di nuovo da Tolosa in Italia nel 1554, dove a Venezia pubblica testi classici commentati da Paolo Manuzio. Dopo un soggiorno a Padova, entra al servizio di Ippolito II d'Este (fine 1558-inizio 1559). Segue il cardinale in Francia (1561-1563) e al suo ritorno in Italia si stabilisce definitivamente a Roma. Rimasto al servizio degli Este, inizia la carriera universitaria alla Sapienza dove insegna filosofia morale, legge e letteratura latina fino alla sua morte (1585). Durante tutto il suo soggiorno italiano, l'umanista porta avanti le sue attività accademiche e tiene un'importante corrispondenza, mentre cresce la sua reputazione di oratore. Questo volume raccoglie 25 contributi che forniscono una nuova luce sulla biblioteca di Muret, sulla sua attività di professore e filologo, sui suoi legami con altri umanisti e con i circoli artistici dell'epoca.
La théorie de la littérature a valorisé une généalogie et un modèle conceptuel unique, celui de la Poétique d'Aristote. L'objet de ce bref ouvrage est de suggérer que d'autres modèles théoriques ont compté, notamment à la Renaissance. Centré non plus sur la construction d'une intrigue, d'une histoire, mais sur le personnage, l'art poétique d'Horace place la voix, le discours, la « fiction de personne » au coeur de la création et de l'invention poétiques. Mais Horace est aussi un poète qui offre à la fois la théorie et la pratique d'une langue spécifiquement poétique. Enfin cette oeuvre, entièrement à la première personne, permet de repenser la relation du poétique à l'éthique, de penser la littérature, et singulièrement la poésie, comme expérience.
Ad onta di una fama europea senza smagliature, che ne faceva unanimemente il più vivace talento filologico della sua epoca, Gabriele Faerno da Cremona (1510-1561) sembrava aver lasciato magre tracce, e postume, del proprio lavoro critico-testuale sui testi classici latini. A partire dall'edizione delle lettere di Faerno a Piero Vettori (1553-1561), questo studio illustra i principi e la prassi dell'ars critica del filologo di Cremona, ne ricostruisce la carriera professionale, spesa nell'orbita di Marcello Cervini e nelle sale della Biblioteca Vaticana, e ne indaga gli ambiti di interesse, che vanno dalla critica del testo dei classici - da Plauto a Rutilio Namaziano - alla filologia biblica e patristica, fino a riportare in luce i complessi rapporti col mondo editoriale romano e fiorentino, che spiegano i molteplici, ma spesso vani, tentativi di stampa della propria produzione erudita. Un recupero che, al di là del caso concreto di Gabriele Faerno, porta nuova luce sulla storia della filologia e della res publica litteraria negli anni Cinquanta del XVI secolo.
Malgré la renommée européenne de Gabriele Faerno da Cremona (1510-1561) qui en faisait le talent philologique le plus vif de son temps, les siècles suivants ont oublié son travail sur les textes latins classiques. À partir de l'édition des lettres de Faerno à Piero Vettori (1553-1561), cette étude reconstruit les principes et la pratique de l'ars critica du philologue de Crémone et retrace sa carrière professionnelle, passée dans l'entourage de Marcello Cervini, dans les salles de la Bibliothèque du Vatican et dans les officines des imprimeurs romains et florentins. Une reconstruction érudite qui, au-delà du cas concret de Gabriele Faerno, jette un éclairage nouveau sur l'histoire de la philologie et de la res publica litteraria dans les années cinquante du XVIe siècle.
Le destin du prince Guillaume d'Orange est tout à fait extraordinaire. Né en 1533, fils du souverain de la minuscule principauté de Nassau Dillenburg, il hérite en 1544, de façon impromptue, de la principale position et de la plus importante fortune des Pays-Bas. Élevé dès lors dans les provinces néerlandaises, il s'y assimilera au point de prendre leur défense quand le roi d'Espagne Philippe II voudra, par l'intermédiaire de son gouverneur, le redoutable duc d'Albe, administrer ces riches contrées de manière absolue, cherchant à en tirer le maximum de revenus et à en extirper le protestantisme. Devenu chef incontesté de la révolte, Guillaume d'Orange sera l'objet d'une proscription émise par le roi, promettant de multiples avantages à qui le tuerait. L'Apologie est la réponse originale en français, à un texte qui l'injurie et l'atteint dans son honneur, dans sa dynastie, dans sa famille, dans sa descendance et dans ses biens. C'est un texte politique, mais aussi un texte très personnel et rempli d'émotions, geste rare sous la plume d'un grand seigneur.
La réflexion sur ce qui sépare l'état de paix et l'état de guerre conditionne l'histoire de la diplomatie dans la mesure même où, dans l'histoire politique de l'Ancien Régime, la gestion efficace et immédiate des conflits armés - ouverts, programmés ou potentiels - constitue une exigence majeure du bon gouvernement des communautés. À côté du fracas des armes, avant ou après lui mais aussi pendant, se développent continument des pratiques de communication et d'échange dont le but premier est de dessiner le cadre possible des relations correctes entre communautés, quels que soient les forces, les jeux d'échelle, les territoires de référence et les horizons en présence. Ces pratiques sont particulièrement polymorphes et flexibles et, avant même de faire l'objet de traités et de donner un contenu au nouveau métier d'ambassadeur - à compter du XVIIe siècle surtout -, elles se construisent à tâtons selon des tempos, des coutumes, des discours, des écritures et des hiérarchies évolutifs. Ainsi est posée une autre façon de faire de la politique. Ainsi émerge, au fil de l'histoire que l'on peut en faire, un pan crucial de la régulation du système des États.
L'index des titres est composé en grande partie de titres d'ouvrages que l'on ne peut attribuer à un auteur. Chaque titre est suivi d'un numéro de série. Pour les ouvrages figurant dans le Deuxième supplément, le numéro de série est précédé des lettres Ds. Figurent aussi dans cet index les titres d'ouvrages qui, encore qu'anonymes, peuvent cependant être attribués à un auteur. Dans de tels cas, le titre de l'ouvrage est suivi du nom de famille de l'auteur et du numéro de série. Les titres figurent dans l'ordre alphabétique le plus strict: Letre, Lettera, Lettr', Lettre. Trois exceptions ont été faites à ce principe géneral. Les ouvrages de liturgie, comme les missels, sont classés par ordre de diocèse. De même, les pièces officielles, telles que les cahiers de doléances, sont rangées par ordre de ville et d'institution. Dans la mesure du possible, les catalogues de ventes sont classés par ordre de possesseur. Ces différents classements permettent une consultation aisée et rapide.
Bien que Macrobe essuyât de nombreuses critiques à la Renaissance - considéré comme un compilateur sans originalité - on dénombre une trentaine d'éditions imprimées de ses oeuvres entre 1472 et 1597. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : il est présent dans toutes les bibliothèques humanistes et constitue un relais essentiel entre une Antiquité idéalisée et une République des Lettres. Quelques brillants chapitres sur la fable, l'allégorie, le songe, le style virgilien suffiraient à le rendre indispensable, mais c'est dans la transmission et la lecture conjointe de ses deux oeuvres majeures, le Commentaire sur le songe de Scipion et les Saturnales, que Macrobe accède au statut d'auteur et d'autorité, principalement pour la réflexion qu'il propose sur Virgile. Macrobe nourrit ainsi une des problématiques majeures de la Renaissance, relative à la question de l'imitation et au statut du poète, conçu tout à la fois comme philosophe et comme théologien.
De retour le 4 septembre 1838 du Second voyage en zigzag qu'il a effectué avec ses élèves, Rodolphe Tpffer va demeurer seul à la tête de son pensionnat car sa femme, sa chère Kity, se remet à Mornex de la mort de son père. Quotidiennement, Rodolphe la tiendra au courant de ce qui se passe chez lui et en ville : Genève est alors, comme le reste de la Suisse, très préoccupée parce que la France réclame, avec menaces de guerre à l'appui, la présence sur son sol du prince Louis Napoléon Bonaparte, établi dans le canton de Thurgovie dont il a pris la nationalité. Cette affaire sera réglée par le départ volontaire du futur Napoléon III.
Les lettres de Rodolphe Tpffer sont alors consacrées à des événements plus personnels dont certains furent d'importance : les fameuses cinq Lettres vertes, attribuées par lui à la plume d'Albert Rilliet-de Candolle qu'il n'aimait pas, sont dirigées contre l'Académie dont Tpffer devient l'ardent défenseur. Par ailleurs il se plaint des contrefaçons parisiennes des histoires de MM. Jabot, Crépin et Vieux-Bois, il fait paraître divers articles dans la Bibliothèque universelle de Genève, rédige ses récits de voyages, édite les histoires de MM. Pencil et Festus, et publie son recueil des Nouvelles et mélanges. En plus de cette intense activité, Rodolphe Tpffer correspond avec Xavier de Maistre qui le mettra en rapport avec le grand critique français Sainte-Beuve, ce qui aura pour futur résultat l'édition à Paris des Nouvelles genevoises. Rodolphe Tpffer, même s'il est parfois d'humeur noire, n'a rien perdu de son humour ce qu'attestent ses lettres parfois caustiques adressées à ses amis David Munier et Auguste De la Rive.
Un renouveau sensible des études commyniennes, l'élargissement et la diversification de leurs champs coïncident avec le 500e anniversaire de la mort de Philippe de Commynes, faisant de cette commémoration officielle un acte de mémoire bien légitime, mais plus encore peut-être un point de départ pour des interrogations fécondes. Littéraires, historiens, juristes se rejoignent autour de quatre problématiques : une écriture commynienne hésitant entre filiations et création ; une pragmatique politique et ses rapports complexes à l'institution et au droit ; la nature et l'ampleur des réseaux tissés par un des « accoucheurs » de l'Europe ; la transmission sans rupture de l' « éternel » Commynes, vivant et réinterprété à travers héritiers et passeurs. L'enquête est plus que convaincante : le mémorialiste gagne en relief, en épaisseur et en nuances. Et, du même coup, les interrogations prennent, elles aussi, des formes nouvelles. Ce colloque aura donc été un passionnant épisode dans une série qu'il convient de poursuivre.
Le tome V des Mystères de la procession de Lille, le dernier de la série, contient l'édition critique de huit mystères inspirés des légendes romaines et chrétiennes. Ces pièces dramatiques sont connues par un manuscrit unique conservé à la Herzog August Bibliothek à Wolfenbüttel, qui renferme en tout soixante-douze mystères joués à l'occasion de la grande procession annuelle de Lille. Les mystères présentés par Alan E. Knight dans ce volume traitent la vie des héros romains comme Mucius Scævola et Atilius Regulus que l'imagination populaire a embellie d'exploits fabuleux. Le volume contient aussi trois pièces basées sur des légendes chrétiennes, y compris une vie de sainte et un miracle de la Vierge. Le volume se termine par une moralité de l'Assomption, une pièce hors série, puisqu'elle est tout à fait non historique. Les personnages sont des abstractions pures et non pas des personnes censées avoir vécu. Enfin, ce dernier tome est accompagné d'un lien pour télécharger toutes les illustrations couleurs du manuscrit.