L'éducation inclusive est un objet épistémologique riche et polymorphe mais aussi un ensemble d'expériences concrètes les plus singulières et les plus inventives. Entre théories et pratiques, il peut être circonscrit de nombreuses façons : de décrets, circulaires et dispositifs institutionnels en recommandations de santé, de demandes sociales en pratique d'éducation, de soin ou de parole, il cristallise des questionnements pluridisciplinaires toujours délicats pour l'école. Comment prendre en compte la spécificité de chacun dans un contexte institutionnel normatif ? Comment ne pas l'exclure en l'enfermant dans ses différences ? Comment ne pas dissoudre sa singularité dans le vague tous pareils de la diversité globale, source d'injustices et d'inégalités ? Notre rapport personnel à la norme et à ce qui est jugé en dehors, les liens que nous établissons entre le même et l'autre, la mesure que nous prenons de ce qui est pour tous et de ce qui vaut de n'être que pour un seul ne cessent de nous interpeller au plus intime de nous-mêmes. L'ouvrage esquisse à la fois des axes d'analyses conceptuelles et suggère, sans jamais les imposer, des pistes d'action à partir de cas singuliers qui sont autant de rencontres uniques. Il propose au lecteur de s'interroger sur ce qui, dans chaque situation, a été le ressort d'un raccrochage à l'éducation a contrario des méandres socioéducatifs ou sanitaires de l'action publique où le jeune sujet peut parfois se perdre.
Il est aujourd'hui communément admis que notre système éducatif est en crise. Mais les diagnostics inquiétants ne datent pas d'hier. Les remèdes qui ont été administrés au malade n'ont fait qu'accélérer son délabrement. Pourtant, malgré ces échecs répétés, toute remise en cause du discours dominant est systématiquement dénigrée et son auteur se voit qualifié de vil réactionnaire : il ne serait qu'un barbare qui refuse de se convertir à la vraie foi.
Car il s'agit bien d'une foi, comme l'auteur le met ici en évidence. La doctrine qui a présidé à la destruction organisée de l'école républicaine, dont les principes ne subsistent plus qu'à l'état d'incantations, ne repose en effet sur aucune assise rationnelle. Il s'agit même d'une véritable mystification puisque ces fameuses compétences évaluables dont on nous rebat aujourd'hui les oreilles n'ont aucune existence vérifiable, que ce soit dans les enquêtes internationales PISA ou dans les évaluations nationales de la direction statistique du ministère.
Née d'une union contre-nature entre des néolibéraux dont l'objectif est de « marchandiser » l'éducation et des défenseurs d'une démocratisation de l'école assimilée à tort à sa massification, la doctrine n'a conduit qu'à une dévalorisation intrinsèque des diplômes, à la conservation artificielle dans le système des élèves en échec et, finalement, à une aggravation des inégalités sociales de la réussite scolaire.
En succombant à la tentation, redoutée par Bourdieu et Passeron dans Les héritiers, « d'utiliser l'évocation du handicap social comme alibi ou excuse, c'est-à-dire comme raison suffisante d'abdiquer les exigences formelles du système d'enseignement », les défenseurs de la massification ont contribué à la disqualification de l'élitisme républicain comme principe régulateur. Ils ont malheureusement ainsi ouvert la voie à une école néolibérale soumise à la seule loi de la concurrence, inacceptable car délibérément inégalitaire.
À partir de plusieurs approches disciplinaires (sciences de l'éducation, histoire, philosophie, sociologie), ce livre entend faire le point de l'état actuel des différentes pratiques d'enseignement de la philosophie en France. Ces pratiques confrontées à des expériences européennes (Belgique, Grande-Bretagne, Italie), à celles des différents acteurs en France, sont mises en perspectives et interrogées. Leur diversité fait sens et permet de comprendre les enjeux actuels d'un enseignement renouvelé de la philosophie dans le secondaire et à l'Université.
L'originalité scientifique de l'ouvrage est d'essayer d'articuler ces différentes perspectives afin de montrer comment l'enseignement de la philosophie dans les classes ou dans les amphithéâtres peut s'enrichir et se renouveler par des pratiques éprouvées depuis une vingtaine d'années : enseignement dans le primaire, en lycée professionnel, dans les UFR de médecine, par exemple. La confrontation à la pratique réelle des élèves et des étudiants, à la formation des enseignants, aux techniques d'enseignement et aux programmes permet d'envisager de façon sereine des évolutions et l'ouverture vers de nouveaux territoires où il serait possible de philosopher de façon solide et argumentée. La demande de la société civile en la matière est importante : les apports de la tradition éprouvée et les renouvellements en cours ont été l'objet d'un examen attentif dont cet ouvrage est l'expression.
Cet ouvrage propose un travail pluridisciplinaire d'exploration de la question de l'expérience de bien-être et/ou de mal-être des élèves en proposant de revenir au singulier, à l'intime, à la qualité d'être, à la vie humaine et à sa difficile recherche de sens. La question du bien-être étant en effet très idéologisée aujourd'hui, les auteurs ont uni leurs efforts pour penser cette question « à hauteur d'enfant ».
L'insertion d'interchapitres ajoute ainsi des illustrations concrètes aux préoccupations plus théoriques de certaines analyses. Un lexique des concepts principaux est disponible en fin d'ouvrage pour aider le lecteur à se repérer dans les différents sens des concepts de bien-être, de qualité de vie, etc.