"J'aurais cette prétention : écrire ici quelque chose à propos de mon frère, car c'est déjà, si peu que ce soit, ébrécher ce discours qui réduit chaque fou à son étiquette diagnostique et qui, sans vergogne, se démultiplie frénétiquement."Psychiatre, Patricia Janody est sollicitée par Hamidou et Hawa au sujet de leur frère enfermé dans la maison familiale, en Mauritanie. La sorte de journal qu'elle se met à tenir et le voyage qu'elle entreprend avec eux font entrer en résonance son expérience professionnelle et son histoire personnelle.S'invente ici une écriture, qui mêle étroitement l'intime et la théorie, le proche et le lointain, la chronique et les notations cliniques, et qui interroge, ce faisant, le mythe de fondation de la psychiatrie.
Freud appuie sa doctrine de l'inconscient sur la notion de représentation (Vorstellung). Il lui faut cependant établir une connexion entre les représentations inconscientes et les pulsions qui animent le corps sexué. À cet effet, il invente un mot composé étrangement écrit : (Vorstellungs-) repräsentanz, qui ne figure que trois fois dans l'ensemble de l'oeuvre. Le terme a fait couler beaucoup d'encre, sa traduction en français ayant été un enjeu dans la rupture théorique entre Lacan et Laplanche.Pour déméler cet imbroglio, au croisement de la langue et de la philosophie allemandes, il fallait un germaniste rompu au texte freudien. Fernand Cambon a traduit les Conférences d'introduction à la psychanalyse, Freud présenté par lui-même, L'inquiétante étrangeté et autres essais, la correspondance Freud-Abraham ; bientôt paraîtra chez Epel sa traduction du texte de Freud sur les aphasies. Il montre ici comment la « représentation » forme un axe permanent de l'oeuvre freudien, des premières mises en place prépsychanalytiques jusqu'aux élaborations métapsychologiques.