À une époque de transition entre l'ancien régime et la modernité du droit pénal, Cesare Beccaria opère une rupture dans le domaine juridique et politique, en direction d'une laïcisation de la justice criminelle. Dans le droit de punir moderne, dont le philosophe et juriste milanais dessine les contours, la peine devient une nécessité sociale, née d'une concession minimale de la liberté des citoyens. Clarté et utilité des lois pénales, proportion entre peines et délits, promptitude et modération des peines, dépénalisation et prévention plutôt que répression, telles sont les exigences énoncées avec éclat dans Des délits et des peines en 1764.
Salué par Voltaire et les Encyclopédistes, l'ouvrage a été au centre des débats sur la réforme criminelle au cours des dernières décennies du XVIIIe siècle. La Révolution française a consacré ses principes. Une bonne partie du droit pénal européen est issue de ce petit livre italien. Ses combats restent néanmoins toujours d'actualité dans le monde, qu'il s'agisse de celui contre la peine de mort ou de celui contre la torture. Sa vigueur de pensée en fait une référence toutes les fois où les systèmes juridiques sont mis à l'épreuve de l'inhumanité, lorsque "les lois permettent qu'en certaines circonstances l'homme cesse d'être personne et devienne chose".
Des délits et des peines sont présentés ici dans une nouvelle traduction, le plus littérale possible, accompagnée d'un apparat critique veillant à éclaircir les passages les plus complexes et à indiquer au lecteur les principales articulations de la pensée de l'auteur.
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Le présent volume, qui rassemble deux écrits distincts mais solidaires rédigés entre 1938 et 1940, constitue l'un des sept grands traités dits historiaux rédigés par Martin Heidegger entre 1936 et 1944, dont seuls les Apports à la philosophie avaient été traduits jusqu'à présent en notre langue.
Prenant congé des principales déterminations métaphysiques de l'homme, que celui-ci soit fixé comme animal rationale ou compris à partir de la subjectivité d'un ego, le premier texte, intitulé L'histoire de l'estre, invite à re-penser de fond en comble l'être humain, à savoir qui nous sommes.
À penser l'être humain comme celui qui, foncièrement, a trait à l'être, et par là comme être-le-là en son "ouverture" à ce qui n'est pas lui et le fait lui, dans son rapport constitutif au monde et à la terre. Il a pour ambition de penser l'être humain à partir d'une histoire - l'histoire de l'estre - dont il n'est pas l'agent mais, au mieux, le destinataire, à la faveur d'une histoire qui ne vient pas de nous mais à nous.
Le second texte, intitulé Koivov, envisage le "communisme" non pas comme un régime politique parmi d'autres mais bien, en un sens entièrement inédit, comme constitution métaphysique régissant l'humanité des Temps nouveaux.
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Que pourrait être une éthique démocratique ? Telle est l'interrogation qui donne son relief à la réflexion développée dans cette Éthique de John Dewey et James Hayden Tufts. L'édition de 1932 traduite ici conserve la clarté pédagogique d'un ouvrage conçu, dans sa version originelle de 1908, comme un manuel universitaire, mais elle est enrichie par la prise en compte des questions sociales et politiques surgies au cours des années terribles qui séparent les deux textes, de la Première Guerre mondiale à la crise de 1929. De l'échec des tentatives de moralisation des relations internationales aux défis d'une société livrée aux forces du marché et en proie à l'individualisme, l'actualité des thèmes imposés, de la sorte, par les événements reste la nôtre sous de nouveaux visages.
La contribution de Tufts explore la façon dont chaque société sécrète son dispositif éthique. Dewey rappelle les traits des grandes philosophies morales avant de proposer leur dépassement, qui va de pair avec le dépassement du dualisme entre individu et société. La démocratie, fait-il valoir, a besoin d'une éthique en mesure de répondre aux revendications d'autonomie d'acteurs confrontés à des forces économiques et politiques aveugles.
Une nécessité qui se trouve plus que jamais au coeur de l'espace public.
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Rédigé à la suite des Apports à la philosophie à la fin des années 1930, le texte publié sous le titre Méditation est une pièce maîtresse du chemin sur lequel Heidegger s'est engagé après ce qu'il est convenu d'appeler le "tournant".
La question de l'Être reste la question centrale, mais elle est abordée ici dans une perspective originale, celle de l'histoire de l'Être. Méditation met au jour les présupposés philosophiques de la modernité, qui sont aussi et plus généralement ceux de la pensée occidentale depuis son commencement grec, et au premier rang desquels figure la Machenschaft, la fabrication. On voit en même temps se mettre en place les thèmes qui prendront une importance de plus en plus grande dans l'oeuvre heideggerienne, comme la question de la technique ou de la structure quadripartite du monde où se croisent le ciel et la terre, les divins et les mortels.
À travers toutes ces analyses, Heidegger entend oeuvrer au dépassement de la métaphysique et préparer l'avènement de l'autre commencement, un commencement promis à la pensée depuis son premier matin mais qu'elle a manqué sans le savoir ni le vouloir. Cette préparation est en même temps celle de la décision de se mettre à l'écoute de l'Être. Cette décision cependant ne peut pas être entièrement la nôtre, elle est d'abord et avant tout celle de l'Être lui-même qui peut seul nous permettre d'entrer en possession de notre propre Être.
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Ce troisième volume des Réflexions regroupe les Cahiers XII à XV dont la rédaction court de 1939 à 1941. Comme les précédents, il témoigne de l'approfondissement décisif que connaît la pensée de Heidegger dans les années 1930 : non à la manière d'un "journal philosophique" écrit en contrepoint de l'oeuvre, mais plutôt d'un espace de travail et d'écriture où s'exerce ce qu'il nomme quelques années plus tard "un regard au coeur de ce qui est". S'y répondent les différents chemins explorés par cette pensée, toujours à nouveau repris d'un pas qui change librement de rythme et d'allure : la préparation d'un autre commencement dont l'enjeu est une métamorphose de l'être humain dans son rapport essentiel à l'être ; la remémoration du premier commencement grec où s'est initialement exposé ce rapport ; enfin, la méditation de l'histoire de ce premier commencement, histoire dont l'achèvement dessine le visage de notre époque, celui d'un monde soumis au déchaînement uniforme de la puissance. Au moment où les événements prennent en Europe un tour terriblement dramatique - le déclenchement de la guerre, le pacte germano-soviétique, l'attaque allemande en Russie -, les Réflexions consignées dans ces quatre Cahiers font face à cet inquiétant visage du monde, avec angoisse mais sans aucune déploration stérile, attentives avant tout à entendre, en retrait du vacarme public, "le bruit et la germination du temps" dont parlait Ossip Mandelstam.
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Ce livre est une création. Il est formé de textes qui n'avaient jamais été réunis par leur auteur, alors qu'ils composent bel et bien un livre, et un livre d'un intérêt exceptionnel. Il offre l'exemple rare d'une réflexion philosophique menée à l'épreuve de l'actualité. L'auteur, Charles Renouvier, l'un des philosophes français les plus importants du XIXe siècle, est en effet un philosophe engagé avant la lettre. Grand militant de la cause républicaine, il s'en est fait le défenseur en même temps que le penseur dans un moment fécond de l'histoire de France, la décennie 1870, qui voit l'installation et l'enracinement durable, cette fois, de la République, la IIIe du nom. Il a fondé pour ce faire une revue, en 1872, la Critique philosophique, qu'il rédigeait presque à lui seul et qui accompagne, mois après mois, la difficile gestation du nouveau régime.
Constatant la confusion et le flottement des idées du personnel républicain dans un contexte particulièrement tendu et troublé, il s'efforce de dégager une doctrine cohérente de la conduite à tenir vis-à-vis des institutions qui se cherchent. Une doctrine qu'il appelle justement "criticisme", en référence à la pensée kantienne. Dans cet esprit, il s'emploie aussi bien à éclaircir les principes fondamentaux engagés dans l'entreprise qu'à définir une méthode d'action politique ou à clarifier les enjeux des luttes politiques du moment, sans oublier de plaider pour les réformes qui s'imposent. Des modes de scrutin aux rapports entre l'Église et l'État, en passant par la décentralisation ou l'organisation de l'enseignement, ce sont toutes les questions brûlantes auxquelles est confronté le régime naissant qui se trouvent examinées à la lumière de leurs enjeux théoriques.
Cet exercice de philosophie appliquée compose ainsi un véritable "traité de la République" qui éclaire de l'intérieur la signification d'un processus trop souvent réduit à un heureux produit des circonstances. Il permet d'y reconnaître un authentique moment philosophique.
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Arnold Gehlen (1904-1976) est l'un des protagonistes majeurs, à côté de Max Scheler et de Helmuth Plessner, de l'anthropologie philosophique, vaste courant encore méconnu qui a traversé le XXe siècle en dialoguant avec la plupart des écoles philosophiques et sociologiques allemandes, de la phénoménologie à l'école de Francfort.
Son maître-ouvrage L'Homme, paru en 1940, est considéré comme l'un des trois livres fondateurs de ce courant, à côté de La Situation de l'homme dans l'univers, de Scheler (1928) et des Degrés de l'organique et l'Homme, de Plessner (1928). Il interroge la place spécifique de l'homme comme organisme vivant dans la nature, selon une approche qui croise les sciences de son temps, la tradition philosophique de l'idéalisme allemand et le pragmatisme américain. Le concept de l'homme comme 'être déficient', biologiquement inadapté, met en relief sa constitution physique particulière, ouverte au monde, par contraste avec la morphologie de l'animal, corrélée à son milieu naturel. L'homme, cet orphelin de la nature, survit en compensant ses déficiences biologiques initiales par l'action, laquelle lui permet d'élaborer une "nature artificielle".
Cette anthropologie de l'action débouche sur une théorie des institutions que Gehlen allait développer par la suite et dont il propose une première esquisse dans ce livre.
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John Dewey est l'un des philosophes majeurs du XXe siècle, et certainement l'un de ceux dont la pensée se conjugue le plus étroitement aux courants et aux transformations qui en ont marqué l'émergence et les évolutions. Ses premiers travaux datent de la fin du XIXe siècle (il est né en 1859) et c'est au XXe que sa pensée connaîtra ses plus amples développements (il est mort en 1952).
Pendant toutes ces années-là, Dewey fut aussi un observateur et un acteur particulièrement attentif de la vie politique américaine et internationale. Les très nombreux écrits qui jalonnent son long parcours sont autant d'interventions et de positions dans le débat public, sur les problèmes qui lui tenaient le plus à coeur. La question de la démocratie et de l'émancipation sociale, économique et politique en constitue le centre.
Sous le titre Écrits politiques, le présent recueil propose un choix des textes les plus significatifs et les plus propices à enrichir la réflexion du lecteur d'aujourd'hui, parmi les innombrables études et articles qui auront marqué les engagements de ce philosophe infatigablement attentif à l'état du monde autant qu'aux exigences de la pensée. Dewey fut un penseur de la démocratie en un sens original et toujours neuf, dans une période qui a vu naître deux guerres mondiales, la révolution bolchevique,
l'URSS, une crise économique majeure, le fascisme et le nazisme, et un type de société : la "grande société", marquée par l'emprise de l'économique, la perte du public, le pouvoir des experts et la domination de l'opinion.
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On sait l'importance de la réflexion sur les penseurs présocratiques dans la philosophie de Heidegger. Le cours traduit ici, datant de 1932, s'il n'est pas le premier à en faire mention, est le premier, en revanche, à les aborder sous l'angle du commencement qui s'y joue. Cest ce motif du commencement qui oriente la lecture que Heidegger entreprend de la très courte et dense "parole d'Anaximandre" et des fragments qui nous sont parvenus du Poème de Parménide d'Élée.
Cette explication avec le commencement de la philosophie occidentale ne cessera plus, dès lors, d'accompagner le cheminement de la pensée de Heidegger. Elle constituera un second foyer de l'oeuvre heideggerienne, après Être et temps : la recherche d'un autre commencement.
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Lorsqu'en 1929 John Dewey (1859-1952) publie La Quête de certitude, il se tient à un moment déterminant de sa trajectoire : il a, depuis le début des années 1920, fait successivement paraître Reconstruction in Philosophy (1920), Human Nature and Conduct (1922), Experience and Nature (1925). Cette séquence traduit l'effort hors du commun que produit alors le philosophe pour donner à sa pensée tous les moyens et les outils qu'elle requiert, pour expliciter les raisons qui justifient l'urgence, politique et éthique, de sa mise en oeuvre.
La Quête de certitude, dont on a souvent dit qu'il constitue l'exposé le plus précis et le plus complet du pragmatisme de Dewey, rassemble et réagence de manière décisive les résultats obtenus. Le point de départ en est la dénonciation des difficultés que suscite le besoin de certitude lorsque celui-ci se confond avec une quête de l'immuable et du permanent. S'appuyant sur l'exemple de l'enquête telle qu'elle se pratique dans les sciences de la nature, John Dewey se demande comment conduire l'intelligence dans le domaine des valeurs. Renonçant à l'opposition de la connaissance et de l'action, de la théorie et de la pratique, il propose une méthode visant à garantir, par la considération des conséquences, la sûreté du jugement. Tel est l'axe autour duquel pivote la révolution copernicienne qu'il appelle de ses voeux.
Tiré des Gifford Lectures que John Dewey fut invité à donner au printemps 1929, La Quête de certitude est une oeuvre philosophique de maturité qui constitue en même temps un point d'accès privilégié à l'ensemble de la pensée du philosophe.
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Ce cours porte un double titre. Le second, Introduction au coeur de la recherche phénoménologique, en livre davantage la teneur que le premier, Interprétations phénoménologiques en vue d'Aristote, expression d'une intention initiale quelque peu perdue de vue en cours d'exécution. Il a été tenu par Heidegger, alors Privatdozent à l'université de Fribourg-en-Brisgau durant le semestre d'hiver 1921-1922. Il s'inscrit donc dans la série des premiers cours qui nous font découvrir dans ses linéaments, ses soubassements, ses errances et ses percées, la pensée de Heidegger avant qu'il ne devienne le maître consacré par la publication d'Être et temps.
Le cours s'annonce et commence de façon très classique comme un cours sur Aristote, mais après quelques pages, il n'en sera plus question. Ce changement de direction est l'expression d'une urgence existentielle qui exige que soit d'abord définie la philosophie. Pour la première fois est formulée ici la question du sens de "être". Mais cette urgence demande également que soit élucidée la situation très concrète de celui qui fait de la philosophie. D'où les deux parties du cours : une première qui porte sur la définition de la philosophie et une seconde consacrée à montrer ce qu'est la vie effective, la vie selon le souci avec ses structures existentielles. Bref, les "interprétations phénoménologiques" en vue d'Aristote doivent commencer par une initiation portant au coeur même de la phénoménologie et de ses enjeux existentiaux.
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L'oeuvre du psychiatre Ludwig Binswanger (1881-1966) reste mal connue dans l'aire francophone. Elle illustre pourtant une rencontre entre la psychiatrie et la philosophie d'un intérêt exceptionnel. Créateur de "l'analyse existentielle", inspirée de Martin Heidegger, Binswanger met en oeuvre une approche phénoménologique de la folie qui s'attache à en saisir la signification de l'intérieur et à faire ressortir ce qu'elle éclaire de la condition humaine.
Le Cas Ellen West est extrait du recueil intitulé Schizophrénie, paru
en 1957, qui regroupe cinq études destinées à explorer chacune un aspect fondamental de l'expérience schizophrénique. Deux autres de ces études ont été traduites en français, Le Cas Suzanne Urban et Le Cas Lola Voss. Ce qui donne son relief fascinant au Cas Ellen West, c'est la capacité d'auto-observation et d'autodescription dont fait montre la jeune femme. Rarement aura-t-on pu entrer à ce point dans l'intimité de ce que Binswanger caractérise comme "l'évidement de la personnalité" du processus schizophrénique.
Au-delà du savoir clinique, cette étude se lit comme un document qui fait entrer le lecteur au coeur de l'univers de la folie.
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Helmuth Plessner (1892-1985) est l'un des fondateurs d'un courant de la pensée allemande encore peu connu en France, l'anthropologie philosophique. Ce mouvement, né dans les années 1920 et illustré par des auteurs comme Max Scheler ou Arnold Gehlen, se propose d'établir le propre de l'homme en le fondant sur une philosophie de la vie. Les Degrés de l'organique et l'Homme, paru en 1928, est l'une de ses expressions majeures.
L'ouvrage s'efforce d'identifier la caractéristique essentielle d'un organisme et de rendre intelligible les niveaux d'organisation qu'il est susceptible d'atteindre. Le concept de "positionnalité" permet de mettre en lumière les trois degrés d'activité par rapport au milieu qui correspondent à la plante, à l'animal et à l'homme. Dans cette perspective, le propre de l'homme apparaît tenir à son "excentricité", c'est-à-dire à la façon de faire advenir l'existence d'un "je" capable de tout objectiver sans être lui-même objectivable.
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De 1911, date à laquelle il entama ses études de philosophie, jusqu'à la veille de sa mort en 1951, Ludwig Wittgenstein entretint une abondante correspondance avec des philosophes fort célèbres, et d'autres moins connus, ainsi qu'avec de grands intellectuels.
De ses maîtres en logique des années 1910, Gottlob Frege et Bertrand Russell, à ses collègues, élèves et disciples des années de Cambridge, en passant par les économistes John Maynard Keynes ou Piero Sraffa ou l'architecte Paul Engelmann, l'ouvrage regroupe l'ensemble de ces échanges.
Au fil de cette riche activité épistolaire se découvre un penseur désavouant l'esprit de système sur lequel il avait d'abord misé, ne cessant de remettre sur le métier ses questions en vue d'un livre toujours resté à venir, et convaincu que seule la discussion philosophique peut instruire dans le courage de la pensée. Sa correspondance dévoile aussi un intellectuel partageant avec George Edward Moore une véritable passion pour la musique, se nourrissant de littérature à travers un très large éventail de lectures, et attentif à la découverte freudienne. Elle révèle enfin un homme d'une intransigeance totale aussi bien à l'égard de lui-même qu'à l'égard de ses proches, mais doté d'un bel humour pince-sans-rire. Tant la personnalité de Wittgenstein que sa démarche philosophique s'éclairent ainsi d'un jour inattendu.
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"Que peut-on savoir d'un homme aujourd'hui ?" Par l'incessant mouvement de la méthode "progressive-régressive", des écrits à l'homme et de l'homme à l'histoire, L'Idiot de la famille traque Flaubert pour reconstituer en totalité compréhensible tout ce qu'on sait de lui. Loin de le réduire à l'état de pur objet d'étude, Sartre, sans indulgence mais presque amical, tourne autour de son sujet jusqu'au vertige, jusqu'au point de compréhension extrême où le biographe, comme étourdi par son propre manège, est bien près de se livrer lui-même. Et néanmoins c'est la subjectivité vivante de Gustave Flaubert que l'on sent restituée, le goût singulier de sa névrose.
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Prononcé au semestre d'été 1920, ce cours témoigne de la façon dont Heidegger s'approprie la phénoménologie dans les débuts de son enseignement à Fribourg. C'est au nom de la vie qu'il la fait sienne, scellant ainsi d'entrée de jeu une divergence fondamentale avec le projet transcendantal de son fondateur, Edmund Husserl. Tout converge, dans cette Phénoménologie de l'intuition et de l'expression, vers l'unique "phénomène originaire" de la vie et, en premier lieu, la méthode inventée pour s'en saisir : la "Destruktion phénoménologique", qui s'y trouve exposée pour la première fois. Elle est aussitôt mise en oeuvre par le jeune Heidegger vis-à-vis des deux grands cadres d'interrogation qui occultent à ses yeux le phénomène de la vie, le problème de l'a priori et celui du "vécu".
L'examen critique du premier est l'occasion d'un démantèlement minutieux de la signification théorique et épistémologique du concept d'histoire au profit de son sens comme dimension immanente et constitutive de la vie même. Le second est le théâtre d'une confrontation inédite avec deux grandes psychologies philosophiques contemporaines, celles de Paul Natorp et de Wilhelm Dilthey. L'enjeu en est, indissociablement, l'appréhension non objectivante du soi et la détermination du sens de la philosophie elle-même.
Le cours de 1920 apparaît ainsi tout à la fois comme une pièce maîtresse de la phénoménologie de la vie des premières années fribourgeoises de Heidegger et comme un jalon majeur sur le chemin de la future "analytique existentiale".
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Darwin est le nom d'une révolution. Mais pour le philosophe américain John Dewey, né l'année de la publication de L'Origine des espèces, en 1859, et mort près d'un siècle plus tard en 1952, il ne s'agit pas seulement d'une révolution scientifique concernant notre compréhension des espèces végétales et animales. Il s'agit d'une révolution intellectuelle dont on n'a pas encore suffisamment pris la mesure philosophique ni tiré toutes les conséquences théoriques et pratiques : "En touchant à l'arche sacrée de la permanence absolue, et en considérant comme ayant une origine et un terme les formes qui avaient été conçues comme des types de fixité et de perfection, L'Origine des espèces a introduit une manière de penser qui, finalement, ne pouvait que transformer la logique de la connaissance, et ainsi le traitement des questions morales, politiques et religieuses."
Il n'est pas question d'appliquer telle quelle la théorie darwinienne aux problèmes que posent la connaissance, la morale, la politique ou la religion, mais d'opérer dans ces domaines le même type de volte-face intellectuelle qu'il a fallu à Darwin pour accoler ensemble les deux termes d'"origine" et d'"espèce".
Ces essais que Dewey réunit en 1910 montrent le caractère obsolète et inadapté d'une grande partie de notre bagage intellectuel et posent les premiers jalons, avant les grandes oeuvres de la maturité, pour reconstruire les outils conceptuels dont nous avons besoin pour vivre et penser dans un monde post-darwinien. Dans leur injonction à reconstruire la philosophie en abandonnant toute quête de certitude, ils ont valeur de manifeste de l'oeuvre tout entière.
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'Dans l'oeuvre d'art ou dans la théorie comme dans la chose sensible, le sens est inséparable du signe. L'expression, donc, n'est jamais achevée. La plus haute raison voisine avec la déraison.' Cette tension essentielle ainsi formulée par l'auteur sous-tend l'ensemble des essais réunis ici sous trois grandes perspectives : celle de l'art, celle de la philosophie et celle de la politique. L'étude consacrée à Cézanne comme celle qui analyse le cinéma du point de vue de la psychologie moderne s'attachent l'une et l'autre à montrer la démarche créatrice cherchant sans cesse, face à l''énigme du monde', quelles réponses nouvelles apporter à l'interrogation humaine. L'examen de l'existentialisme permet de clarifier les positions adoptées, dès la fin de la Seconde Guerre, par rapport à Hegel et à Marx, ainsi que de maintenir une réflexion politique et critique, en dépit de la débâcle prévue du communisme, sans retomber dans les séductions d'une 'fin de l'histoire'. C'est pourquoi, très courageusement, l'auteur entreprend, sous le titre 'La guerre a eu lieu', un bilan général des années de guerre et d'immédiate après-guerre qui fait aujourd'hui écho à la conférence de Camus, 'La crise de l'homme'. Outre sa valeur historique, qui permet d'établir une sorte d'état des lieux des années 1944-1948 en France, ce recueil confirme toute l'ampleur et la richesse des intérêts et des problématiques qui caractérisent la pensée d'un auteur qu'on peut ainsi redécouvrir.
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Prononcées à Vienne entre 1887 et 1891, les leçons de Psychologie descriptive de Franz Brentano marquent une étape décisive dans l'histoire de la tradition phénoménologique. Brentano y expose, de façon claire et explicite, sa distinction cardinale entre les deux branches de la psychologie empirique : la psychologie descriptive ou "psychognosie", qui s'occupe d'analyser les éléments constitutifs des phénomènes psychiques, et la psychologie génétique, qui tente d'expliquer leur apparition par une recherche des causes. Cette distinction, qui n'était pas encore reconnue explicitement dans la Psychologie du point de vue empirique (1874), constitue l'acte de naissance du mouvement phénoménologique. Adoptée par tous les membres de l'école de Brentano, elle est à l'origine de la définition de la phénoménologie donnée par Husserl dans le second tome des Recherches logiques (1901).
Dans ces leçons, Brentano introduit et met en pratique, de manière magistrale, l'idée d'une science de l'esprit à la fois empirique, descriptive, analytique et exacte. Il discute en détail plusieurs thèmes centraux liés à l'étude de l'esprit : l'intentionnalité des actes mentaux, la nature de la conscience, le caractère complexe des phénomènes psychiques, la diversité des parties qui les constituent, la nature des sensations, le statut phénoménal de l'espace et du temps, etc. Loin de se réduire à la "thèse d'intentionnalité", la phénoménologie de Brentano se révèle ici comme une contribution de tout premier plan à une philosophie de l'esprit complète et rigoureuse.
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"Que peut-on savoir d'un homme aujourd'hui ?" Par l'incessant mouvement de la méthode 'progressive-régressive', des écrits à l'homme et de l'homme à l'histoire, L'Idiot de la famille traque Flaubert pour reconstituer en totalité compréhensible tout ce qu'on sait de lui. Loin de le réduire à l'état de pur objet d'étude, Sartre, sans indulgence mais presque amical, tourne autour de son sujet jusqu'au vertige, jusqu'au point de compréhension extrême où le biographe, comme étourdi par son propre manège, est bien près de se livrer lui-même. Et néanmoins c'est la subjectivité vivante de Gustave Flaubert que l'on sent restituée, le goût singulier de sa névrose.
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"Que peut-on savoir d'un homme aujourd'hui ?" Par l'incessant mouvement de la méthode 'progressive-régressive', des écrits à l'homme et de l'homme à l'histoire, L'Idiot de la famille traque Flaubert pour reconstituer en totalité compréhensible tout ce qu'on sait de lui. Loin de le réduire à l'état de pur objet d'étude, Sartre, sans indulgence mais presque amical, tourne autour de son sujet jusqu'au vertige, jusqu'au point de compréhension extrême où le biographe, comme étourdi par son propre manège, est bien près de se livrer lui-même. Et néanmoins c'est la subjectivité vivante de Gustave Flaubert que l'on sent restituée, le goût singulier de sa névrose.
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