Les Lettres à un jeune poète ont été écrites entre 1903 et 1908. Rainer-Maria Rilke, depuis sa rencontre avec Lou Andréas Salomé en 1897 à Munich, poursuit sa vie errante. Autrichien né à Prague en 1875, poète de langue allemande, il vivra presque toujours hors d'Allemagne. La lecture de Mir zur Feier (A moi pour me fêter, 1899) décide un jeune homme de vingt ans, Franz Xaver Kappus, élève du prytanée militaire de Sankt-Poelten, à lui envoyer ses premiers essais politiques. Rilke lui répond longuement et une correspondance s'engage. En 1929, trois ans après la mort de Rilke, Kappus publie les dix Lettres à un jeune poète.
« On assiste, en un mot, au spectacle extrêmement rare d'une formation par accomplissement intérieur. » Rilke a donc pu, dès 1903, faire de ses conseils à une jeune homme qui lui demande s'il doit se consacrer entièrement à l'écriture un véritable bilan, un « guide spirituel ». Les convictions de Rilke ne changeront jamais lorsqu'il s'agit des problèmes essentiels qui se posent à un poète. Il insiste avec passion sur la nécessaire solitude du créateur, celle qui permet de voir clairement le monde. Mais l'on doit répondre avec sincérité à la question primordiale : « Suis-je vraiment contraint d'écrire ? » Il faut être simple, s'approcher de la nature, savoir que la volupté de la chair « est une expérience sans limites qui nous est donnée, une connaissance de tout l'univers. » Avec une concision fulgurante, Rilke établit des règles de comportement, d'écriture et d'exercice littéraire.
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Renée Néré, double transparent de Colette, confie ses souffrances et son courage, sa passion pour son jeu de mime, de danseuse et de comédienne, quelle exécute avec un sens aigu de sa beauté, de son extraordinaire pouvoir de fascination et de sa supériorité de femme. Colette, libérée de la contrainte de Willy, réapprend à vivre et retrouve les fils qui tissent son identité : ceux qui la ramènent à lenfant de Saint-Sauveur avec ses « royales tresses et sa silencieuse humeur de nymphe des bois », ceux qui la rendent aux « merveilles de la terre » et à la féerie du printemps, ceux qui la conduisent jusquaux rives de la solitude et de la liberté. Les pages de La Vagabonde, qui voient se fermer les chemins de la soumission et souvrir ceux de la liberté, portent le signe de la première métamorphose de Colette et chantent sa « première victoire ». uvre de la maturité, paraissant lorsque Colette a trente-sept ans et quelle est essentiellement connue comme l'écrivain des Claudine, La Vagabonde rompt avec ce que ses premiers livres avaient pu contenir de frivolité, dimmoralité ou damoralité.
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Ces « je me souviens » ne sont pas exactement des souvenirs, et surtout pas des souvenirs personnels, mais des petits morceaux de quotidien, des choses que, telle ou telle année, tous les gens d'un même âge ont vues, ont vécues, ont partagées, et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées : elles ne valaient pas la peine d'être mémorisées, elles ne méritaient pas de faire partie de l'Histoire, ni de figurer dans les Mémoires des hommes d'Etat, des alpinistes et des monstres sacrés. Il arrive pourtant qu'elles reviennent, quelques années plus tard, intactes et minuscules, par hasard ou parce qu'on les a cherchées un soir, entre amis : c'était une chose qu'on avait apprise à l'école, un champion, un chanteur ou une starlette qui perçait, un air qui était sur toutes les lèvres, un hold-up ou une catastrophe qui faisait la une des quotidiens, un best-seller, un scandale, un slogan, une habitude, une expression, un vêtement ou une manière de le porter, un geste, ou quelque chose d'encore plus mince, d'inessentiel, de tout à fait banal, miraculeusement arraché à son insignifiance, retrouvé pour un instant, suscitant pendant quelques secondes une impalpable petite nostalgie. G.P.
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« Parce qu'au début et au milieu je vais vous raconter des histoires sur les animaux que j'ai eus, pour vous montrer que je ne pourrais pas avoir tué les poissons autrement que sans le faire exprès. J'ai bon espoir qu'à la fin de ce livre vous me connaissiez mieux et que vous m'accordiez le pardon que je demande pour la mort de deux "tyrougets" - c'est comme ça qu'on les appelait à la maison, "tyrougets". » C. L.
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Edition enrichie (Introduction, notes, dossier sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)A l'égal de la princesse de Clèves et de la Sanseverina, la duchesse de Langeais est l'une des grandes divinités féminines de notre littérature. Elle réunit en sa personne le triple prestige de la beauté, de la naissance et du malheur. Issue d'un sang illustre, Antoinette de Navarreins voit le jour en 1794, sous la Terreur, une bien sombre étoile qui sera pour elle la marque du destin. Quelque vingt ans plus tard, séparée de son mari abhorré que lui avait imposé un père indifférent, c'est l'une des gloires mondaines du Faubourg Saint-Germain. Mais que dissimule la coquetterie glacée de cette aristocratique Célimène ? Et par quel étrange sortilège l'incandescente passion d'Armand de Montriveau va-t-elle à son tour la consumer ? Comme tout vrai chef-d'oeuvre, ce «roman noir» - primitivement intitulé «Ne touchez pas à la hache» - est pour partie une autobiographie sublimée, c'est-à-dire le contraire d'un roman à clefs. «Moi seul sais ce qu'il y a d'horrible dans La Duchesse de Langeais», confiait Balzac à l'un de ses proches. C'est pourquoi l'oeuvre conserve, depuis plus d'un siècle et demi, son mystère et sa force de séduction.
Edition de Constance Cagnat-Deboeuf.
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"Les fulgurances de l'écrivaine et son acuité font le charme de cette valse mélancolique. "--L'Obs
Des passants se croisent dans un square, s'observent, se jaugent furtivement. Quelques jours plus tard, forcés à la réclusion, ils se trouvent confrontés à eux-mêmes, à leur vie intérieure et à la part d'inconnu, de vide ou de chaos qu'elle recèle.
Un soir de pleine lune qui transforme le ciel au-dessus de la ville confinée en un miroir étrange, l'ordinaire des êtres se renverse en extraordinaire et chacun sent sa vie vaciller.
C'est en remarquable observatrice de ses contemporains que Sylvie Germain nous convie à cette valse mélancolique, éphémère constellation de vivants, où le tragique se mêle à la tendresse et à la dérision, le vertige de l'esseulement à la force de l'amitié.
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L'action se passe en Italie du Nord, au siècle dernier. Une jeune veuve, lors de l'assaut donné à la citadelle que commande son père, est violée par un officier qui profite de son évanouissement. Quand la marquise doit avouer à sa famille qu'elle est enceinte, celle-ci la chasse : c'est paradoxalement en proclamant son humiliation qu'elle retrouvera son honneur...
L'oeuvre de Kleist (1777-1811) revient sans cesse au thème de la chute : l'auteur partage avec Rousseau la nostalgie de l'innocence perdue. Dans un monde brisé, qui ne comporte plus d'absolu, la pureté féminine devient le seul idéal possible. Ce récit, dont Eric Rohmer tira un film en 1976, fut inspiré à Kleist par une anecdote que raconte Montaigne dans ses Essais.
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« Si je vous parle aujourd'hui, c'est qu'il y a une nouveauté. [...] Je ne veux plus voler, je ne veux plus mentir. Je veux mener une vie de morte, ouvertement, sans honte. C'est ce qu'on me demande, je suppose. Je suis une personne « en plus », mais je suis là. Si j'étais véritablement indésirable, on me l'aurait signifié, je me serais liquéfiée, dissoute. Si je suis encore là, c'est qu'il y a un sens à ce non-être. À moi de le trouver. Voilà mon travail nouveau, voilà ma tâche. » M.M.
À 68 ans, Macha Méril se dévoile sur la tragédie intime de sa vie : la stérilité qui frappe son corps de femme désireuse de porter la vie. Elle le vit comme une malédiction, une mise à l'écart de la grande continuité de l'espèce humaine, tandis que son corps épargné par la grossesse et la maternité provoque autour d'elle fascination et envie.
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Dans les années où éclosent, en Europe, les forces qui renverseront l'Ancien Régime, à Venise, une jeune femme, Consuelo, fille d'une pauvre chanteuse bohémienne, apporte au théâtre, avec sa voix exceptionnelle, son génie.
Roman historique, roman d'amour, roman musical, composé sans plan, au fil de la plume, chaque mois, pour paraître en feuilleton, en 1842, dans « La Revue indépendante » que George Sand venait de fonder avec le socialiste Pierre Leroux et Louis Viardot, « Consuelo » est aussi l'oeuvre où l'auteur exprime le plus librement, et fortement, sa conception de l'histoire.
Ce « roman de formation » incarne le désir de connaissance des femmes.
Ici est mise en voix la nouvelle vénitienne qui fut la matrice du roman et de sa suite, « La Comtesse de Rudolstadt ».
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Denis Diderot avait quarante ans lorsqu'il rencontra Sophie Volland. Cet amour dura trente années. Des lettres de Sophie, aucune ne subsiste. Celles de Diderot constituent un document de premier ordre sur la société de l'époque tout autant qu'une magnifique correspondance amoureuse.
Texte peu connu, « Sur les femmes » rend hommage avec ironie, lyrisme et tendresse, à celles qui, « négligées dans leur éducation..., réduites au silence..., assujetties par la cruauté des lois civiles... » sont aussi le « seul être de la nature qui nous rende sentiment pour sentiment et qui soit heureux du bonheur qu'il nous fait. »
« Femmes, que je vous plains ! Il n'y avait qu'un dédommagement à vos maux; et si j'avais été législateur, peut-être l'eussiez-vous obtenu. Affranchies de toute servitude, vous auriez été sacrées en quelque endroit que vous eussiez paru. Quand on écrit des femmes, il faut tremper sa plume dans l'arc-en-ciel et jeter sur sa ligne la poussière des ailes du papillon. » D.D.
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« Le Bon Plaisir » d'Antoinette Fouque a été diffusé pour la première fois en juin 1989. D'une voix chaleureuse, elle dit ses passions, ses engagements, sa vie. Elle parle du MLF, ce mouvement de civilisation qu'elle affirme irréversible, de l'impérieuse nécessité d'une « révolution du symbolique », seule à même de faire accéder les femmes à la souveraineté de leur libido propre. Elle évoque quelques-uns des motifs principaux de sa pensée, les raisons pour lesquelles elle a créé les éditions Des femmes comme « lieu transitionnel », et La Bibliothèque des voix, qui « réconcilie l'oral et l'écrit »...
Autour d'elle, avec elle, en échos complices ou en témoignages : Catherine Deneuve, Gisèle Freund, Marie Susini, Nathalie Sarraute, Madeleine Chapsal, Hélène Cixous, Françoise Verny, Serge Leclaire, Michèle Montrelay, Françoise Barret Ducrocq, Simone Veil, Maria de Lourdes Pintasilgo... Mais aussi des musiques, des lieux : Marseille, Paris, la Corse, le Sud.
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Le "Journal d'une femme de chambre", d'abord été publié sous forme de feuilleton dans les années 1890 avant d'être édité en 1900, est certainement l'un des textes les plus violents d'Octave Mirbeau. Véritable réquisitoire contre les moeurs bourgeoises, ce monologue féroce et cynique révèle les bassesses et les vices d'une classe sociale triomphante qui, dans le secret des alcôves, libère le poids de ses frustrations et de ses turpitudes.
"J'adore servir à table. C'est là qu'on surprend ses maîtres dans toute la saleté, dans toute la bassesse de leur nature. Tout ce que peut contenir d'infamies et de rêves ignobles le cerveau respectable des honnêtes gens. Ramasser ces aveux, les classer, les étiqueter dans notre mémoire, en attendant de s'en faire une arme terrible, au jour des comptes à rendre, c'est une des grandes et fortes joies de notre métier, et c'est la revanche la plus précieuse de nos humiliations." O.M.
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Écrit en plusieurs étapes, à partir de 1773, "Le Paradoxe sur le comédien" ne sera publié qu'en 1830. Sous la forme d'un dialogue, dissymétrique, entre deux interlocuteurs censés défendre une thèse opposée, Denis Diderot développe une véritable réflexion sur l'art du comédien et, plus largement, sur la création artistique.
"Mais quoi ? dira-t-on, ces accents si plaintifs, si douloureux, que cette mère arrache du fond de ses entrailles, et dont les miennes sont si violemment secouées, ce n'est pas le sentiment actuel qui les produit, ce n'est pas le désespoir qui les inspire ? Nullement ; et la preuve, c'est qu'ils sont mesurés ; qu'ils font partie d'un système de déclamation ; que plus bas ou plus aigus de la vingtième partie d'un quart de ton, ils sont faux; qu'ils sont soumis à une loi d'unité ; [...] que pour être poussés juste, ils ont été répétés cent fois, et que malgré ces fréquentes répétitions, on les manque encore."
D.D.
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Du Nord des fonderies et des manufactures de textile aux plus grandes scènes du monde, elle a toujours été présente, soutien inconditionnel et discret, présence diligente et ô combien précieuse. Aujourd'hui, sa fille Line lui rend hommage, déroulant pour elle le roman d'une vie tour à tour belle, difficile, dont chaque instant est empreint de courage et de joie de vivre.
"Maman, ce sont tes mains qui s'excusent de ne pouvoir offrir encore plus et toujours, c'est ton menton qui tremble à la lisière de la joie et du doute. C'est mon enchantement à la moindre seconde devant ta force et ta faiblesse, ton innocence et ta souveraineté, tes craintes et ton courage. Maman, pour toute cette pudeur qui enflamme tes joues quand tu parles de toi, pour tes joues aussi fraîches au baiser qu'elles l'étaient lorsque j'étais petite... pour toute cette tendresse, pour toute cette noblesse, je te dédie ce texte. À toi qui m'as dédié ta vie."
L.R.
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« Tous les jours, à Ravensbrück, pendant ces appels qui duraient des heures, j'avais commencé à raconter l'Histoire de l'humanité au petit groupe de femmes qui était tout près de moi. En commençant à l'époque préhistorique, je voulais arriver étape par étape aux temps modernes. C'était un tel bonheur pour mes camarades d'entendre parler d'autres choses que de famine, de soupe et de mort. » G.T.
Pendant près de vingt ans, Ariane Laroux a rencontré l'ethnologue et résistante Germaine Tillion au cours de trente déjeuners suivis de longues conversations durant lesquelles elle peint son portrait. L'occasion pour Germaine Tillion d'évoquer sa vie, celle d'une femme qui a traversé avec courage et générosité le XXe siècle. Dès la fin des années 30, elle arpente seule le Sud algérien où elle partage la vie d'une tribu semi-nomade pour sa thèse en ethnologie. De retour en France, elle entre dans la Résistance avec le Musée de l'Homme en 1940. Elle est arrêtée puis déportée à Ravensbrück où elle mène une enquête dans le camp pour en comprendre le fonctionnement. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Algérie ne cessera d'être au coeur de son travail d'anthropologue et de ses engagements.
Germaine Tillion fait son entrée au Panthéon en mai 2015.
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« La Dame au petit chien » promène son ennui et son chien sur la digue d'une station balnéaire de la mer Noire. Un homme solitaire la remarque, l'aime, mais ne peut triompher plus tard de toutes les barrières qui se dressent sur le chemin de leur bonheur ? De toutes les nouvelles écrites par Anton Tchekhov, « La Dame au petit chien » est l'une des plus célèbres.
Dans « La Fiancée », une jeune femme promise à un homme qu'elle n'aime pas, s'éprend d'un autre et décide, avec l'aide de ce dernier, de fuir sa famille pour étudier à Saint-Pétersbourg, sans toutefois avouer son amour à l'homme qu'elle aime. Le temps passe, elle le revoit après ses examens et se rend compte que tout a changé ; et lorsqu'elle reçoit un télégramme lui annonçant sa mort, elle découvre qu'elle est libre, que plus rien ne la retient.
Selon Tchekhov « une nouvelle qui n'a pas de femmes, c'est une machine sans vapeur. » L'héroïne par excellence est pour lui la femme incomprise, qui rêve d'une autre vie...
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Les personnages de ces courtes nouvelles, publiées en 1976, ont en commun l'apparence du bonheur. Mais derrière les masques se trouvent des hommes et des femmes seuls, inquiets, fragiles et sans défense. C'est tout l'art de Françoise Sagan, fait de légèreté et d'humour, de mettre à nu en chacun d'eux, la fêlure. Une conclusion inattendue, une fin abrupte révèlent fugitivement une vérité cachée.
« C'était une heure triste, dans un mois triste, dans un paysage triste, mais elle sifflotait quand même et de temps en temps se baissait pour ramasser un marron, ou une feuille rousse, dont la couleur lui plaisait ; et elle se demandait avec une sorte d'ironie ce qu'elle faisait là. [...]
Un corbeau traversa le ciel dans un cri rauque et, aussitôt, une bande d'amis le rejoignit et sembla déborder l'horizon. Et bizarrement, ce cri, pourtant bien connu, et ce vol lui firent battre le coeur comme sous l'impulsion d'une terreur injustifiée. » F.S.
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« J'utilisais sa méthode, ou plutôt son absence de méthode quand elle préparait un film. Se laisser envahir sans idée préconçue par une inconnue, une étrangère. Devenir lentement cette autre femme, revivre ses peurs, ses désirs, ses déceptions, ses préjugés. » C.D.
Par la même mystérieuse alchimie qui faisait de Simone Signoret une autre quand elle se préparait à jouer un personnage, Catherine David s'est laissé envahir par cette autre femme qu'elle avoue d'entrée admirer et aimer. Extrêmement documenté, le portrait qu'elle trace de celle qu'elle appelle « une femme de notre temps » s'anime de sa propre vie. Au terme de ce voyage de la mémoire pour toute une génération, Simone Signoret, qui eut le courage de vivre plusieurs vies, d'explorer ses multiples talents, de se risquer aux « erreurs, manquements et ratures », renaît une nouvelle fois.
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"Quand je cherche à dater mes premières nuits blanches, je dois remonter à l'école primaire, à Pantin, en Seine-Saint-Denis. Cela fait moins d'une semaine que Marie-Claude, l'institutrice en charge de ma classe de CP a commencé de nous enseigner la lecture. J'ai dévoré en quelques jours tout le manuel, exhortant ma mère à m'apprendre les lettres de l'alphabet que j'ignorais encore, avançant d'un bon trimestre en une petite quinzaine. À présent, les livres sont les compagnons obligés de toutes mes nuits. Mais je me suis longtemps demandé, comme de l'oeuf et de la poule, s'ils étaient la conséquence ou la cause de mon trouble."
E.P.
Depuis son plus jeune âge, Emmanuel Pierrat ne dort que deux heures par nuit. De ce trouble, il a fait une force. Dans ce récit intime, il se livre, évoque ses souvenirs d'enfance, sa curiosité sans limites, le secret de la ville la nuit, sa passion pour la lecture, son goût pour les films d'horreur, son regret de ne pas rêver...
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Gradiva, celle qui avance. Gradiva rediviva, celle qui réapparaît à l'heure de midi dans les ruines de Pompéi et qui va donner vie, forme, objet au désir de Norbert Hanold, jeune archéologue. Gradiva, fantaisie pompéienne, écrite par Wilhelm Jensen en 1903, est surtout connue par le texte de Sigmund Freud publié en 1907. Désireux de percer le secret de la création artistique, il analyse le texte de Jensen : "Nous brûlons de savoir, écrit-il, si une guérison du genre de celle que Zoé/Gradiva réalise chez Hanold est compréhensible ou, tout au moins possible, et si le romancier a aussi bien saisi les conditions de la disparition du délire que celles de sa genèse."
Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen, Sigmund Freud, préface de J.B. Pontalis, Folio essais, 1992
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« Dans ce pays où la raison et les coutumes régissent tout, les villageois les plus censés semblent soumis à la présence de forces irrésistibles. Si Claire avait vécu loin de la forêt - loin du pouvoir étrange des forêts - son destin aurait-il été différent prise entre deux hommes et deux désirs ? » M.D.
« Je n'ai pas été élevée dans l'idée de la révolte. Mais ma famille était peut-être légèrement différente des familles locales. Le mot révolte, d'ailleurs, est fort. Si je n'ai pas épousé le garçon qui m'était, de toute évidence, destiné, ce n'était pas par esprit de rébellion. Il me semble aujourd'hui encore que ce refus était un acte, le simple acte de choisir ; disons alors : un acte d'amour. Mais les gens d'ici ne l'ont sans doute pas interprété de cette façon. » M.D.
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« Derrière cette prose limpide et par cela trompeuse, très proche encore du XVIIIe siècle, derrière l'arsenal romantique des tombes, des maladies de poitrine et des paysages échevelés se cache un monde d'idées que seul le temps écoulé permet de comprendre. On comprend... que ce livre profondément féministe soit presque tombé dans l'oubli malgré son succès au moment de la parution. Madame de Staël l'avait prévu : c'est le bouquet jeté dans les eaux par la religieuse qui est annoncé à coups de canon mais englouti dans les flots, avis solennel qu'une femme résignée donne aux femmes qui luttent encore contre le destin...?. Cette édition de Corinne n'a aucune prétention à l'érudition. Elle s'attache surtout à la signification féministe de l'oeuvre. » Claudine Herrmann
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Dans ce premier livre théorique sur l'excision, Séverine Auffret, loin des propos classiquement tenus sur cette blessure-torture, interroge les structures politique, culturelle, sociale et symbolique de l'Occident, mettant au jour les racines de l'assujettissement et de la haine des femmes.
« Comment comprendre la pratique effroyable de la mutilation sexuelle des femmes ? Pratique aussi méconnue et cachée qu'elle est actuelle et en pleine expansion. Quelles qu'en soient les formes, la mutilation des femmes est à la base des civilisations humaines, marquant sur le corps des femmes l'appropriation de leur puissance sauvagement déniée. Rien ne me prédisposait à écrire un livre sur la mutilation des femmes, je voisinais plutôt, par goût et par profession, avec Platon, Spinoza, Marx et quelques autres. Mais de ce côté pas d'armes, pas de parole adéquate. Sur le corps des femmes, sur leur sexe tranché, néant. La réalité serait-elle indécente à l'univers des idées ? » S.A.
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Après sa mort, au cours d'une longue errance dans l'au-delà, une femme revit soudain un moment merveilleux de son enfance : une excursion sur une île avec ses camarades de classe. Elle le revit en sachant quel avenir est réservé à chacun de ceux qui l'entourent ce jour-là. Cela se passe en Allemagne, peu de temps avant la Première Guerre mondiale, et quelques années avant la sombre période où tous devront choisir leur camp, sauf ceux qui, parce qu'ils sont juifs, n'auront d'autre possibilité que de fuir ou se cacher. Présent et futur se mêlent, colorant ce récit d'une nostalgie presque mélancolique : cet après-midi apparaît comme une dernière parenthèse enchantée avant la noirceur des temps à venir.
« Marianne, Leni et moi avions toutes trois enlacé nos bras en un geste de solidarité qui ne faisait que refléter la grande unité de toutes choses sous le soleil. Marianne appuyait toujours sa tête contre celle de Leni. Comment devait-il être possible, plus tard, que pénétrât dans ses pensées la folie mensongère qui leur fit croire, à elle et à son mari, qu'ils détenaient le monopole de l'amour de ce pays et qu'ils pouvaient à bon droit mépriser et dénoncer la jeune fille contre laquelle en cet instant elle s'appuyait ? » A. S.
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