« Le discours solidaire des puissants n'est qu'un leurre, puisqu'en réalité ils comptent bien davantage sur l'égoïsme et l'isolement des individus pour asseoir leur pouvoir. Le xxe siècle a été l'occasion de faire croire aux populations du monde, et en premier lieu à celles des pays industrialisés, que le "chacun pour soi" était la voie unique de la réussite. Le capitalisme [...] a conduit à des aberrations inédites en matière d'inégalités sociales, de concentration du pouvoir, d'endoctrinement des masses par la culture de la consommation, de pollution massive et critique de l'environnement.
La solidarité dont nous avons besoin est bien différente de celle que nous offrent les gouvernants. Nous avons besoin d'une solidarité fondée sur l'aide mutuelle, sur le respect de l'égalité et de la liberté de toutes les femmes et de tous les hommes qui forment la société. La solidarité que nous propose Malatesta est la seule porteuse de progrès, de justice sociale et, en définitive, de liberté. »
Serge Roy, extrait de la préface
Grâce aux ouvrages de David Harvey, Mike Davis ou même Henri Lefebvre, on connaît aujourd'hui la géographie radicale ou critique née dans le contexte des luttes politiques des années 1960 aux États-Unis et qui a, comme le disait Harvey, donné à Marx « la dimension spatiale qui lui manquait ». Dans ce livre, Simon Springer enjoint aux géographes critiques de se radicaliser davantage et appelle à la création d'une géographie insurrectionnelle qui reconnaisse l'aspect kaléidoscopique des espaces et son potentiel émancipateur, révélé à la fin du xixe siècle par Élisée Reclus et Pierre Kropotkine, notamment.
L'histoire de l'humanité est une longue suite d'expériences dans et avec l'espace ; or aujourd'hui, la stase qui est imposée à ces mouvements vitaux, principalement par les frontières, menace notre survie. Face au désastre climatique et humain qui nous guette, il est indispensable de revoir les relations que nous entretenons avec le monde et une géographie rebelle comme celle que défend Springer nous libérerait du carcan de l'attentisme. Il faut se défaire une bonne fois pour toutes des géographies hiérarchiques qui nous enchaînent à l'étatisme, au capitalisme, à la discrimination et à l'impérialisme. « La géographie doit devenir belle, se vouer entièrement à l'émancipation. »
Dans cet essai, David Graeber guide le lecteur dans les rouages de la véritable démocratie pour déconstruire les idées reçues et réorienter de manière audacieuse notre compréhension de l'histoire politique.
Pascal Lebrun offre au public francophone la première synthèse présentant l'économie participaliste. Il expose ses fondements philosophiques, théoriques et idéologiques ainsi que son fonctionnement.
Aujourd'hui, plus que jamais, il est insensé de parler d'immigration tout en faisant abstraction des catalyseurs des déplacements de population : le colonialisme, l'impérialisme et le néolibéralisme. C'est là le point de départ que revendique Démanteler les frontières. Alliant théorie politique (Fanon, Foucault, Negri et d'autres) et expérience de terrain, l'auteure aborde la question des droits migratoires dans le cadre d'une analyse critique du capitalisme mondialisé, de l'exploitation et du racisme qui sont à l'origine des frontières et de l'État-nation.
Au coeur de cette analyse se trouve le concept d'« impérialisme de frontières », qui désigne le processus de création et de maintien structurel des violences et des conditions de précarité liées aux migrations, et déboulonne le mythe de la bienveillance occidentale à l'égard des migrants.
À la fois manifeste, témoignage et manuel de survie, ce livre donne aussi la parole à plusieurs militants et personnes migrantes.
Au-delà de l'élection de Barack Obama se pose la question de la mentalité politique américaine. L'histoire des États-Unis, rappelle Howard Zinn, a forgé des dispositions politiques qui freinent le progrès social et briment la liberté, et d'autres qui les rendent possibles. Le contexte politique actuel exige plus que jamais qu'on sache les distinguer.
Dans ce pays, on grandit avec l'idée que le peuple américain est une grande famille unie, qui partage les mêmes intérêts, où les enjeux vitaux de la nation signifient la même chose pour tout le monde. C'est cet état d'esprit qui envoûte et accable la population, qui a permis une suite ininterrompue de guerres, et qui bloque toute véritable discussion sur les inégalités sociales.
Dans les textes que nous présente Howard Zinn, rassemblés et traduits en français pour la première fois, on redécouvre que c'est grâce aux luttes pour la justice, et non au patriotisme de pacotille, que la liberté fut établie et préservée aux États-Unis.