L'effet Gulliver frappe : la France, malgré la richesse de ses ressources et de ses talents, est aujourd'hui durement touchée. Trop grand chez les Lilliputiens, trop petit chez les géants, le héros de Swift ne cessait d'être inadapté aux pays changeants qu'il traversait et d'en payer le prix fort. L'effet Gulliver surgit de ce décalage entre un monde - en changement rapide - et le relatif immobilisme de nos institutions, de nos organisations, de nos pratiques politiques, économiques, éducatives et sociales : il produit chômage, désespérance suburbaine, exclusions, et fragilise de plus en plus nos systèmes de protection. Dans ce livre vif, et nourri d'exemples abondants, Hervé Sérieyx nous entraîne dans un tour de France des immobilismes en soulignant combien ils auront alourdi chez nous le coût de la crise. Mais l'effet Gulliver, ça se corrige : ce décalage, entre un monde tourbillonnaire et des institutions figées, n'est pas irrémédiable. Dans un contexte de plus en plus troublé et insaisissable, seules survivront les organisations humaines capables d'inventer de nouvelles solidarités, et de se battre contre les idées reçues. Cette bataille, déjà bien engagée sur le terrain, ne pourra être remportée sans le soutien actif des décideurs institutionnels. Pour l'auteur, ce sera l'enjeu majeur du débat politique des prochaines années.
Un des grands entrepreneurs des Trente Glorieuses prend la parole en ces temps de crise, en appelant à un sursaut des politiques, des chefs d'entreprise et de la société civile. Analysant, avec son ami Jean Bounine, les raisons de la crise actuelle, François Dalle refuse le discours négativiste dominant, qui semble destiner notre pays à consommer et à travailler toujours moins. Si les entreprises françaises se contentent de gérer la réduction continue des investissements, et ne cessent de licencier pour réduire indéfiniment la voilure, elles seront bientôt incapables d'inventer les produits de demain et de préparer l'avenir. Comment renouer avec une dynamique de progrès ? Quel doit être le rôle de l'État dans ce sursaut ? Comment les entreprises peuvent-elles rompre avec la logique purement financière et gestionnaire, pour susciter l'initiative, encourager l'innovation du plus grand nombre ? Nous n'inventerons l'abondance de demain, qu'à condition de ne pas laisser se détériorer le tissu économique et moral d'une société en mutation profonde. C'est un message de dynamisme et d'humanisme que nous adresse ici un grand entrepreneur et stratège des années de progrès.
Le Crédit Lyonnais défraye la chronique depuis de nombreux mois. Et pour cause. Jamais une banque française n'avait manifesté autant d'ambition, pris autant de risques, suscité autant de critiques et, pour finir, perdu autant d'argent. De vieille dame frileuse et digne, le Crazy Lyonnais, dont la presse anglo-saxonne a fait ses délices, s'est métamorphosé, à la fin des années 80, en conquérant assoiffé de puissance, instrument de revanche de deux de ses présidents. Banquiers trop crédules, aventuriers internationaux, tutelle irresponsable, dilution des responsabilités, absence de sanctions ; de la prise de pouvoir de Jean-Maxime Lévêque, à la politique impériale de Jean-Yves Haberer, et au grand nettoyage de Jean Peyrelevade, Éric Leser retrace ici les péripéties de ce roman financier, exemplaire du laisser-faire des dix dernières années et d'une dérive de la morale publique.
Oui, les banques sont mortelles. Créée en 1992, Pallas Stern n'est pas le Crédit lyonnais, qui fut maintenu en vie à coup de perfusions alimentées par le contribuable. Mais son histoire est au moins aussi instructive, que celle de l'établissement public. Car la réputation de toute la place est compromise par la plus grande faillite bancaire privée de l'après-guerre, déclarée en juin 1995. Ni le Trésor, ni la Commission bancaire, ni la COB, n'ont pu empêcher le désastre. Sans parler du prestigieux conseil d'administration de la banque, où siégeait, sous la houlette de Gérard Eskénazi, tenu pour un magicien de la finance, la fine fleur de l'establishment. Pourquoi ? Qui est vraiment responsable de cette déroute qui aura finalement coûté cinq milliards de francs à quelques grands investisseurs, mais surtout à des milliers de petits créanciers ? Une minutieuse enquête, appuyée sur de nombreux documents confidentiels.