La sexualité dont il s'agit en psychanalyse n'est donc pas cette sexualité « génitale » communément admise : une sexualité adulte, ou post-pubertaire, localisée dans les organes génitaux, circonscrite à l'acte sexuel et destinée ultimement à la reproduction sexuée. La sexualité « au sens élargi » dont parle Freud précède et excède cette sexualité dite normale ; c'est une sexualité infantile, une sexualité trouvant sa source dans tous les lieux du corps dits érogènes et dont le but est tourné vers l'acquisition de plaisir. Le présent recueil regroupe les principaux textes de l'oeuvre de Freud définissant la sexualité, dans la traduction des OCF-P.
Les lettres adressées à Fliess par Freud nous donnent un portrait de ce dernier à l'époque où s'ouvrait devant lui, encore hésitant, un nouveau champ d'investigations, celui de la psychopathologie, et où il commençait à acquérir les notions sur lesquelles se fonde la psychanalyse thérapeutique et théorique. Nous voyons Freud très préoccupé d'un « problème qui n'avait jamais été abordé auparavant » et en lutte contre une société dont l'hostilité envers ses travaux mit en danger son existence matérielle et celle de sa famille. Nous faisons aussi en sa compagnie une partie du chemin qui le conduisit, après bien des efforts, à la consolidation de ses vues nouvelles, et cela en dépit de sa propre résistance intérieure inconsciente.
Cette correspondance s'est poursuivie de 1887 à 1902, c'est-à-dire de la 32e à la 47e année de Freud et à partir de l'époque où il commença à se spécialiser dans les maladies nerveuses jusqu'aux études préliminaires qui devaient aboutir aux Trois essais sur la théorie de la sexualité.
- Ernst Kris -
« Publié en février 1926, Inhibition, symptôme et angoisse a été écrit au début de l'été 1925, avant d'être revu et corrigé en décembre : le déséquilibre du titre est un indice des difficultés rencontrées par Freud dans l'unification de son ouvrage. Inhibition, symptôme et angoisse est un texte sur l'angoisse, sur la théorie de l'angoisse ; le symptôme et surtout l'inhibition n'y occupent qu'une place réduite. Le recours aux « suppléments » - lesquels remettent à chaque fois en cause la totalité - ajoute à cette impression d'une insatisfaction au moins partielle devant les conclusions. Ce sentiment mitigé devant l'ouvrage, Freud le confie à Jones : "Il contient plusieurs choses nouvelles et d'importance, annule et corrige de nombreuses conclusions antérieures, et de façon générale n'est pas bon." Sans doute faut-il faire dans ce jugement la part, courante chez Freud, de l'autodépréciation ; elle ne supprime cependant pas l'insatisfaction. » (J. André, Préface)