Les géographes se sont longtemps considérés comme des artisans : ils apprenaient un métier à base de cartes, de terrain et d'enquêtes et s'interrogeaient peu sur les fondements de leur discipline. La situation a profondément changé, et de nombreux travaux sur l'histoire de la discipline et sur ses bases épistémologiques se sont multipliés, motivés notamment par l'impact sur la recherche de nouvelles technologies (télédétection, télématique, statistique spatiale). Cet ouvrage vient faire le point sur les débats qui se sont ainsi multipliés depuis une génération, afin de faire comprendre les enjeux de la géographie qui s'écrit aujourd'hui.
Les manières d'habiter, de travailler, de se distraire et de prier reflètent la spécificité des groupes humains. Elles changent d'un lieu à l'autre et marquent profondément les paysages. L'action humaine est modelée par les codes et les représentations que les individus apprennent au cours de leur enfance ou tirent de leur expérience. Les processus de transmission des savoirs, de construction des identités et d'établissement des normes conditionnent les répartitions géographiques.
La présente édition souligne le caractère souvent radical de la recherche la plus contemporaine.
Après un rappel de l'évolution des idées en ce domaine, cet ouvrage montre comment la culture pèse sur la structure spatiale des sociétés en analysant la communication, la construction de l'individu, de la société et du territoire et l'élaboration des valeurs.
La culture fournit aux hommes les moyens de s'orienter, de découper l'espace et d'exploiter les milieux. Elle modèle le paysage et structure les sociétés.
Les cultures connaissent de longues phases de stabilité interrompues par des crises de restructuration. La révolution des communications exacerbe les sentiments identitaires et les tensions qui en résultent sont au coeur des débats du monde actuel.
Cet ouvrage pionnier, qui présente de manière synthétique les grands thèmes de la géographie, s'adresse aux étudiants en géographie, ethnologie, sociologie, histoire et science politique.
Paul CLAVAL, professeur émérite à l'université Paris-Sorbonne, consacre ses recherches à l'histoire et à l'épistémologie de la géographie, à la géographie économique, sociale et politique, à la logique des systèmes territoriaux et aux problèmes culturels.
Le pouvoir mobilise la force et la menace qu'elle fait peser. Il repose sur la légitimité ou s'appuie sur la domination économique et l'influence idéologique. Puisque la coercition impose des décisions à des individus réticents - mais implique une surveillance permanente -, une autorité acceptée fonctionne à moindres coûts.
Ainsi, les jeux du pouvoir, d'abord diffus, se sont concentrés dans un système politique qui coiffe, contrôle et dirige la société civile. C'est à partir de la Renaissance que l'État souverain s'est structuré en s'appuyant sur le territoire, sur la frontière et sur la capitale. Dès lors, la vie internationale repose sur des équilibres de dissuasion.
Aujourd'hui, le monde est remodelé par la mondialisation de l'économie, la facilité accrue des déplacements et des communications, et le désir de pacifier la vie internationale. L'État national perd ses prérogatives, les instances de décision se multiplient, et les citoyens pèsent davantage sur la politique intérieure et étrangère. On parle de gouvernance. Toutefois, les relations internationales ne parviennent pas à s'affranchir de la dissuasion.
Dans un ouvrage résumant trente ans de réflexion, Paul Claval propose une synthèse magistrale renouvelant la géographie politique et la géopolitique.
Paul CLAVAL, est professeur émérite à l'Université de Paris-Sorbonne.
Une nouvelle géographie s'est constituée il y a vingt ans pour mieux répondre aux questions du monde actuel. Elle n'est plus focalisée sur les régions naturelles, politiques ou économiques mais porte désormais sur l'espace vécu, le territoire : les lieux où les hommes ont le sentiment de se sentir chez eux, qui naissent de leur expérience quotidienne, où s'exerce le pouvoir et où ils investissent leur sensibilité.
Cet ouvrage est destinéà remplacer l'Initiation à la géographie régionale paru en collection "Fac" chez Nathan en 1992.
Il fut une époque, du XVe siècle au début du XXe, où les architectes avaient pour mission d'ennoblir les palais, les lieux de culte et les résidences des puissants en les embellissant. La maîtrise des projections mathématiques, et de la perspective qui en découle, donnait aux artistes et aux architectes un pouvoir nouveau ; l'idéal platonicien du beau faisait accepter par tous une grammaire universelle des formes. A partir du XVIIIe siècle, les conditions se transforment : la société s'urbanise, s'industrialise et devient plus mobile : l'esthétique d'inspiration platonicienne est critiquée ; le principe du beau est désormais recherché du côté de la raison ou de l'histoire. Un compromis incarné par Jacques-Nicolas-Louis Durand est imaginé à la jointure du XVIIIe et du XIXe siècle. Il concilie la volonté d'embellissement, dont entendent désormais bénéficier les classes moyennes, avec le souci d'efficacité fonctionnelle. Cette façon de concevoir l'aménagement des villes s'efface au début du XXe siècle, au moment où s'impose le terme d'urbanisme et le programme qu'il désigne : l'amélioration des conditions de vie de tous les citadins. L'art d'ennoblir pour embellir a cependant légué à l'urbanisme de tradition européenne un rêve : celui d'harmoniser les formes bâties.
Ce livre est un essai sur la civilisation nord-américaine : l'optique géographique permet d'en saisir les bases matérielles et les manifestations inscrites dans l'espace. Elle souligne comment paysages, sociétés et mentalités se combinent pour donner au Nouveau Monde son originalité. Paul Claval reconstitue les grandes étapes de la formation des États nord-américains et analyse leurs principes de base. Il montre ainsi que la source de leur dynamisme, ce n'est pas le gigantisme comme on le croit souvent, mais l'individu qui agit au sein d'une petite communauté démocratiquement gérée. Ces micro-structures permettent à chacun de faire l'expérience de la liberté dans une atmosphère d'inépuisable créativité. Depuis l'Église puritaine des Saints de Nouvelle-Angleterre, la dialectique du groupe local et des grands espaces n'a cessé de jouer : elle a fourni aux États-Unis le fondement de leur vie civique - et de leurs succès sociaux et économiques. Le Canada est aussi une terre de communautés, mais celles-ci y sont plus encadrées et ne génèrent pas autant d'initiatives sociales. L'atmosphère demeure subtilement plus européenne.
La géographie énumérait autrefois les départements et leurs chefs-lieux, elle parle aujourd'hui de populations, de paysages ; elle s'intéresse aux océans, aux montagnes, aux milieux extrêmes, mais aussi aux campagnes, aux villes, aux grandes métropoles et aux étendues de plus en plus larges d'urbanisation diffuse. Entre les deux guerres mondiales, elle chiffrait la production de charbon, de pétrole et d'acier de chaque pays. Puis elle s'est passionnée pour le Tiers Monde, les blocages de son développement et les moyens d'y remédier. Elle s'alarme aujourd'hui de la dégradation des milieux, du réchauffement climatique, de la montée du niveau des mers, et s'interroge sur la crise des identités et les remous provoqués par la globalisation.
La géographie parle du pays où l'on vit, du concert des nations qui l'entourent, de ce qui confère à certaines la puissance. Elle colle à l'actualité nationale, mondiale, et n'a jamais été aussi présente dans le quotidien de chacun : les cartes et images animées ont envahi les journaux, les médias et les écrans de toute sorte, etc.).
Loin des images d'un autre temps (la géographie comme science des paysages), c'est à cette vision moderne et dynamique que nous invite Paul Claval. En prenant en compte la subjectivité humaine, le rôle des représentations et le poids des imaginaires, la géographie est bien cette discipline du regard que porte l'Homme sur son environnement et qui contribue à l'intelligence du monde contemporain.
Notre société s'interroge anxieusement sur le pouvoir. Les ouvrages qui cherchent à préciser son origine, ses formes et son rôle dans le monde contemporain, se multiplient ; ils traitent, malheureusement, de groupes abstraits, sans racines écologiques, sans habitat, sans distance à vaincre, sans dispersion à conjurer. Espace et pouvoir se propose de combler cette lacune. Pour structurer des groupes nombreux et répartis dans de grands pays, il importe de les connaître, de se faire accepter par eux, de s'assurer de leur collaboration dans les tâches de surveillance et de contrôle. L'organisation hiérarchique qui naît du pouvoir pur, est incapable de créer la cohésion indispensable aux sociétés modernes. L'autorité donne le ciment idéologique, sans lequel toute société étendue se défait. Mais les tensions qui naissent du jeu de l'influence et de la domination, la remettent souvent en cause. L'autorité joue donc un rôle géographique fondamental dans notre monde ; dans la mesure où les systèmes de croyance sur lesquels elle s'appuie sont remis en cause, toute la division du monde en grands espaces se trouve en porte-à-faux.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
La Méditerranée... le bleu profond des anses et le rose des toits, le sol sombre des pentes et du vignoble, le vert cendré des oliviers et la flèche sombre des cyprès, les pierres sèches et les fontaines... La Méditerranée, c'est aussi Alger la Blanche, le blanc et le bleu de tant d'îles grecques, la vision minérale des " villes mortes " du Levant, le chant des norias, la couleur chaude des sables de l'Orient profond.
Dans ce portrait à deux voix, celle d'une historienne et celle d'un géographe, se dévoile ce monde méditerranéen et la façon dont il a été pensé, façonné et sans cesse réinventé par les Anciens, les Modernes et nos contemporains. La Méditerranée, multiple et diverse, est pourtant marquée par une étonnante unité, très tôt ressentie. Comment expliquer cette conscience aiguë d'un espace, d'un milieu particulier – cette " méditerranéité " ?
Colette Jourdain-Annequin et Paul Claval retracent la manière dont les Grecs, les Romains puis les botanistes, géographes, artistes ou historiens ont perçu cette mer intérieure, en s'appuyant sur le climat, les paysages, les mythes, la cartographie, les langues, les religions, les savoir-faire ou les genres de vie partagés. Le XIXe siècle a été en cela un puissant vecteur de l'idéalisation de ce territoire, avant que Braudel ne pose les bases de toute étude sur le sujet. C'est un espace unifié par des traits largement partagés, mais aussi un lieu d'échange complexe fait de conflits ou de rivalités, qui ressort de cette étude.