Identités contre universalisme, genre contre sexe, république contre communautarisme, racisme, féminisme, immigration... Le point commun de ces débats, qui polarisent la vie intellectuelle avec de fortes implications politiques, est de mettre en jeu la culture, dans tous les sens du terme. Mais Olivier Roy récuse ici la thèse de la « guerre culturelle » ou du conflit de valeurs. Ce qui est en crise, selon lui, c'est la notion même de culture, désormais réduite à un système de codes explicites, décontextualisés et souvent mondialisés, qui envahissent les universités comme nos cuisines, les combats identitaires et les religions comme nos pratiques sexuelles, et jusqu'à nos émotions dûment répertoriées en émojis.
C'est bien une déculturation mondiale que diagnostique Olivier Roy. À partir des quatre grandes mutations contemporaines (la libération des moeurs issue des années 1960, la révolution internet, la marchandisation néolibérale et la déterritorialisation liée à la fin de l'État-nation et aux migrations), il en examine les mécanismes et les effets paradoxaux : où les dominants se vivent aussi menacés et souffrants que les dominés ; où le globish et le manga deviennent des simulacres qui annihilent la richesse de la langue anglaise ou de la culture japonaise ; où les « process » de communication fabriquent un « devenir autiste »... Un essai vif et critique, qui, à contre-courant de la dénonciation anti-moderne de l'individualisme, s'inquiète au contraire de la facilité avec laquelle nous acquiesçons à l'extension du domaine de la norme.Olivier Roy est politologue, spécialiste de l'islam, auteur de nombreux essais au Seuil, dont L'Islam mondialisé (2002 et « Points Essais », 2004), La Sainte Ignorance. Le temps de la religion sans culture (2008 et « Points Essais », 2012) et L'Europe est-elle chrétienne ? (2019). Il enseigne à l'Institut universitaire européen (IUE) de Florence.
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Depuis des années, le débat sur l'identité chrétienne de l'Europe va bon train. Olivier Roy prend la question de front : l'Europe est-elle chrétienne aujourd'hui, et comment ? Peut-elle le rester en adoptant des postures nostalgiques, autoritaires, identitaires ? De quel christianisme parlent donc ceux qui opposent, parfois de façon vindicative, les " valeurs chrétiennes " à deux vagues perçues comme également puissantes et menaçantes : une société très sécularisée et un islam conquérant, signes tangibles de l'effondrement en cours ? Quel sens, quels liens, quelle logique se repèrent dans la sarabande éclatée des réalités de l'héritage européen : christianisme, sécularisation, identité, culture, valeurs, normes, droit(s)... Au-delà du constat sans concession, le premier mérite de ce livre est d'éclairer notre condition d'Européens orphelins de leur passé chrétien. Lequel ne sera pas ranimé par des législations, mais, peut-être, par des prophètes.
Olivier Roy, auteur de nombreux essais sur l'islam politique, prolonge ici la réflexion entamée avec La Sainte Ignorance. Le temps de la religion sans culture (2008 et " Points Essais ", 2012). Il enseigne à l'Institut universitaire européen (IUE) de Florence.
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De Khaled Kelkal en 1995 à l'attentat de Nice en 2016, pratiquement tous les terroristes se font exploser eux-mêmes ou tuer par la police, sans vraiment chercher à fuir et sans que leur mort soit nécessaire à la réalisation de leur action. Mohammed Merah reprendra la phrase attribuée à Oussama ben Laden et systématiquement reprise avec des variantes : " Nous aimons la mort, vous aimez la vie. " La mort du terroriste n'est pas une possibilité ou une conséquence malheureuse de son action, elle est au cœur de son projet. L'on retrouve cette même fascination pour la mort chez le djihadiste qui rejoint Daech : l'attentat-suicide est la finalité par excellence de son engagement. Et si c'était cela, le vrai danger ? Non pas les dégâts infligés, mais l'effet de terreur. Car la force de Daech est de jouer sur nos peurs. Et cette peur, c'est la peur de l'islam. Le seul impact stratégique des attentats est leur effet psychologique : ils ne touchent pas la capacité militaire des Occidentaux ; ils ne touchent l'économie qu'à la marge ; ils ne mettent en danger les institutions que dans la mesure où nous les remettons nous-mêmes en cause, avec le sempiternel débat sur le conflit entre sécurité et État de droit. La peur, c'est celle de l'implosion de nos propres sociétés.
Olivier Roy, directeur de recherche au CNRS, enseigne à l'Institut universitaire européen de Florence. Il a notamment publié, au Seuil, L'Islam mondialisé (2002), La Sainte Ignorance. Le temps de la religion sans culture (2008) et En quête de l'Orient perdu (2014).
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Les cinq républiques d'Asie centrale, créées par le système soviétique, sont devenues indépendantes en 1991. Quelles références identitaires font aujourd'hui des républiques d'Asie centrale un ensemble homogène ? En analysant les origines du nationalisme qui constitue leur soubassement idéologique, cet ouvrage donne au lecteur la clef des enjeux politiques majeurs de cette région du monde.
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Ya-t-il un avant et un après 11 septembre comme on le prétend depuis maintenant un an ? Les attentats de New York et Washington ont-ils véritablement ouvert un nouvel espace stratégique en même temps qu'ils mettaient fin au monde ancien ? Rien n'est moins sûr. Une analyse plus fine des relations entre les Etats-Unis et le monde islamique montre que beaucoup des évolutions qui ont surgi à la conscience collective ces derniers mois étaient déjà à l'œuvre avant le 11 septembre. L'événement a surtout permis de les reformuler dans un langage inédit - celui de la "guerre contre le terrorisme" et de l'"axe du mal" -, d'accélérer certaines décisions politiques et de pointer plus explicitement les enjeux et la complexité des relations entre Etats-Unis, Islam et Europe au seuil du nouveau siècle.
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En 1991, lors du coup d'Etat néo-communiste contre Mikhaïl Gorbatchev et sa perestroïka, la plupart des dirigeants des républiques soviétiques musulmanes approuvent les putschistes. Quelques jours plus tard, les mêmes proclament l'indépendance de leur pays. Aussitôt apparaissent de nouveaux drapeaux et de nouveaux slogans louant la patrie, l'indépendance et la nation. On lance des concours pour l'hymne national et le dessin des armoiries de l'Etat. Les partis communistes se transforment en partis du président. La langue nationale devient l'idiome officiel, même si on l'écorche. Les dirigeants, tous issus de la nomenklatura soviétique et encore à la solde de Moscou quelques mois auparavant, tiennent des discours nationalistes.
Comment donc se sont fabriquées ces nations ? Comment ont-elles pu surgir sans être portées par un nationalisme ancien et durable ? En réalité, comme le montre Olivier Roy, l'Union soviétique a été "une formidable machine à fabriquer des nations". L'ouvrage reconstruit cette création improbable de nouvelles nations musulmanes en Asie centrale - Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan, Kazakhstan et Azerbaïdjan - après le communisme.
Un livre majeur, par les informations qu'il fournit et la réflexion qu'il propose sur une région géostratégique sensible entre toutes.
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Le Moyen-Orient n'est pas le théâtre
simpliste du choc des civilisations. On ne
peut vouloir faire en même temps la guerre
à al-Qaida, aux talibans, au Hezbollah,
au Hamas, à la Syrie et à l'Iran en pensant
qu'il s'agit du même ennemi.
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Un texte clair et dense pour rendre compte d'un moment historique, capital. Celui d'une guerre coloniale lointaine dont l'ampleur sans précédent, n'est pas perçue dans sa réalité par l'opinion des démocraties. Alors que les médias sont systématiquement empêchés de témoigner, Olivier Roy nous donne les clefs historiques, culturelles et politiques, qui seules peuvent éclairer les évènements d'aujourd'hui. Le reportage photographique ne recherche pas les effets faciles de l'actualité guerrière, mais s'efforce au contraire de nous confronter à la réalité quotidienne d'un peuple qui résiste.
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La puissante machine militaire soviétique tenue en échec par une paysannerie tribale d'un autre âge ! La guerre en Afghanistan est souvent réduite à la dernière version du combat de David et Goliath. C'est pourtant par-delà les combats quotidiens qu'il faut chercher la signification historique de la résistance afghane. Ancrée dans une longue tradition de mouvements populaires qui se dressent, au nom de l'Islam, contre les impérialismes étrangers, elle s'alimente aussi au revivalisme religieux qui parcourt le monde musulman d'aujourd'hui. Or, l'islamisme, loin de réduire la résistance à un combat d'arrière-garde, transforme en profondeur la société afghane dont il favorise la modernisation politique. Ne peut-on mettre en parallèle l'islamisme en Afghanistan et la Réforme protestante en Europe ? Telle est l'interrogation - décisive pour cette fin de siècle - qui traverse cet ouvrage de référence sur la guerre d'Afghanistan.
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On va fêter, en 2005, le centenaire des lois sur la laïcité. Or il se trouve que la présence en France d'une forte minorité de religion musulmane remet au coeur de la discussion publique des problèmes qui évoquent ceux qui s'étaient posés il y a un siècle, au moment de l'affrontement de l'État républicain et de l'Église catholique. Les mêmes problèmes ? La laïcité est une spécificité très française, incompréhensible tant en Grande-Bretagne, où douanières et policières peuvent porter le voile, qu'aux États-Unis, où aucun président ne peut être élu sans parler de Dieu. Parallèlement, quand on parle de l'islam, de quoi parle-t-on ? Du dogme ? Mais il fait l'objet de débats et d'interprétations variées parmi les musulmans eux-mêmes. L'islam a quitté le Moyen-Orient et c'est d'ailleurs pour cela que la question de ses rapports avec la laïcitéà la française se pose. Le propos de cet essai est de déplacer ces questions du domaine théologique et culturel vers le domaine politique. Car la question de la laïcité est d'abord politique. Ce sont un contexte et des démarches politiques qui amènent les instances musulmanes à s'intégrer dans la laïcité. L'acceptation du pouvoir séculier et la reconnaissance de l'autonomie du religieux ne viennent pas de débats théologiques, mais bien de décisions politiques. L'islam est ainsi transformé d'une part par un processus de sécularisation de la société (dont la ré-islamisation ambiante est paradoxalement l'une des manifestations, car on ne re-islamise que ce qui est sécularisé), et d'autre part par une intégration politique qui se négocie, comme l'illustre la construction du Conseil français du culte musulman. Ainsi, dans chaque pays occidental, l'islam s'intègre non pas selon ses propres traditions mais selon la place que chaque société a défini pour le religieux, de la bienveillance anglo-saxonne à la suspicion gauloise.
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« Du 11 septembre 2001 au 11 janvier 2015, Olivier Roy a scruté les ressorts politiques et sociologiques de l'islam mondialisé. À travers les tribunes et les entretiens percutants qu'il a donnés au Monde, le politologue éclaire d'un jour nouveau la peur de l'islam qui gagne les sociétés occidentales récusant tout aussi bien les arguments droitiers et dominants de l'essentialisme (les musulmans seraient, par essence, inassimilables) que le plaidoyer gauchiste du multiculturalisme (c'est l'islamophobie qui, seule, provoquerait la radicalisation d'une partie d'entre eux). Des printemps arabes au nihilisme générationnel des jeunes paumés de la mondialisation, de l'échec de l'islam politique à l'engagement de la France contre l'État islamique, Olivier Roy donne des clefs pour comprendre la question musulmane. Et lance des raisons d'espérer en une France capable d'accorder ses idéaux à la pluralité des mondes.» Nicolas TruongOlivier Roy est politologue, spécialiste de l'islam. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont En quête de l'Orient perdu (Seuil, 2014).Nicolas Truong est journaliste, responsable des pages Idées-Débats du Monde.
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Les musulmans français sont-ils en pleine régression par rapport à la promesse d'un " islam français " bien intégré qui s'annonçait dans les années 70 ? N'avons-nous plus que des " quartiers perdus de la République " ?
Un grand connaisseur de l'islam politique dans le monde interroge une praticienne de terrain de confession musulmane, en colère contre les dérives et les travers de la politique de la ville. Naïma M'Faddel aborde sans tabou la réalité sociale, culturelle, urbaine et se prononce fermement pour une autre politique - une politique " républicaine " de la nation France ¿ dans les quartiers difficiles. Olivier Roy, dont la recherche sur l'islam mondialisé n'a jamais affaibli l'intérêt porté à l'islam vécu en France, est plus sensible aux pas déjà faits vers l'intégration, aux Français musulmans en voie de créer une vraie classe moyenne. L'arbre de l'islamisme et désormais celui des attentats sanglants cacheraient-ils la forêt des réussites ?
Autour de ces questions s'engage un dialogue direct et franc, porté par la conviction ou l'espoir communs que " tout ça devrait faire d'excellents Français ".
Naïma M'Faddel a effectué, dans le cadre de la politique de la ville, des missions d'animation socioculturelle et de développement social dans des villes emblématiques comme Dreux, Trappes et Mantes-la-Jolie.
Olivier Roy est un spécialiste mondial de l'islam politique (dernier livre publié au Seuil : Le Djihad et la Mort, 2016).
Avant-propos de Jean-Louis Schlegel
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Au train où vont les choses, les « modèles » sont déclassés avant même d'être patentés. Les repères « naturels » de la morale s'effondrent. Dans ce changement des moeurs, où trouver une ligne de conduite rigoureuse ? Comment analyser les situations neuves que nous avons à vivre ? L'auteur propose des fondements nouveaux pour une morale humaine, au-delà de la loi et des modèles vertueux. Il mène cette démarche jusqu'à la conversion qu'exige la critique de toute morale par l'Évangile et suggère enfin comment la liberté évangélique mène à la pleine responsabilité humaine.
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Après quelques mois à peine de sympathie, en 1978-1979, la révolution iranienne rassembla contre elle, dans l'opinion occidentale, une sorte de front uni de la répulsion et de la crainte. Depuis la mort de l'Imam Khomeini, les signaux que nous envoie la République islamique, d'apparence plus ambiguë, donnent lieu à des interprétations hésitantes : l'annonce d'une réforme décisive dans le sens de l'ouverture économique est suivie du rappel très officiel que Salman Rushdie est toujours condamné à mort... Qu'en est-il ? Loin des stéréotypes, ce livre nous montre de tout près une société iranienne en pleine mutation, un régime politique en proie à tous les aléas d'une lutte factionnelle féroce mais feutrée, et un État soucieux, après des années d'isolement, de reprendre la place qu'il a toujours ambitionnée dans une région dont il reste l'un des « poids lourds ».
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