Dans notre mémoire nationale, l'éclat du règne de Charlemagne a éclipsé celui de son petit-fils et homonyme, Charles II, surnommé Ie Chauve. Pourtant, il est l'un des trois rois qui, en 843, par le fameux traité de Verdun, ont organisé la succession de l'ensemble des royaumes francs, lui-même recevant la Francie occidentale. Il est celui qui à Noël 875, deux ans avant sa mort, reçut à Rome la couronne impériale, à l'imitation de son grand-père dont il s'est efforcé sa vie durant de restaurer la grandeur. Charles le Chauve est alors le phare de l'Occident chrétien, la réincarnation de l'empereur Constantin, le successeur spirituel du roi David, le plus haut serviteur du Christ qui, affirme le pape, l'a consacré Sauveur du monde. Inhumé à Saint-Denis, sanctuaire de la légitimité française, il est l'autre grand Carolingien.
Entreprenant, habile, obstiné, il conçut le rêve de dilater l'héritage de ses pères jusqu'au-delà des limites que le milieu du IXe siècle pouvait concevoir. Pourvu d'une haute culture aiguisée par sa curiosité d'esprit, à l'aise dans les plus graves questions théologiques et politiques, attentif à sa propre image, il s'est entouré d'une pléiade de savants et d'artistes qui s'employaient à le célébrer dans des ouvrages admirables, encore visibles. Cette lumière qui l'a nimbé et a éclairé son époque est ici restituée, au fil des grandes journées qui décidèrent de son destin et de celui du royaume de France alors en formation.
Mille ans de l'histoire de France à travers une chronologie commentée de Clovis à Louis XI.
Au cours de mille ans qui séparent le règne de Clovis de celui de Louis XI, la France s'est constituée en Etat et s'est épanouie en nation. Cette lente maturation occupe ce qu'on appelle le Moyen Age. Rois et princes, seigneurs et clercs, bourgeois et vilains sont entraînés dans une communauté de destin qui s'éprouve à travers batailles et traités, essor économique, famines et épidémies, monastères, cathédrales et châteaux, traités savants, hérésies et chansons de geste. De la Gaule franque au plus puissant des royaumes occidentaux, un fil court, d'une remarquable continuité : Louis XI, en dépit des accidents dynastiques, ne nommait-il pas Clovis son " ancêtre et prédécesseur " ? De ce fil est tissé notre passé.
Laurent Theis, historien et éditeur, a publié plusieurs ouvrages relatifs aux personnes et aux images royales, du Moyen Age français : Dagobert (1982), L'Avènement d'Hugues Capet (1984), l'Héritage des Charles, de la mort de Charlemagne aux environs de l'an mil (1990), Clovis (1996), Robert le Pieux (1999). Il est également l'auteur d'une biographie de François Guizot (2008).
Guizot politique, historien, diplomate, journaliste a marqué son siècle d'une empreinte encore visible sur nos institutions et notre système éducatif. Plusieurs fois ministre puis président du Conseil sous la monarchie de Juillet, cet homme, qui a vu de ses yeux la Terreur en 1794 et la Commune en 1871, a fasciné bon nombre de ses contemporains. Loin de l'image laissée par la tradition et les caricatures, Laurent Theis explore la philosophie politique de ce grand serviteur de l'État ; son idéal d'un gouvernement des esprits par la souveraineté de la raison ; sa religion, formée d'un attachement à l'Église réformée dépourvu de mysticisme ; sa conception de l'histoire fondée sur l'évolution de la civilisation européenne conduisant à l'avènement des classes moyennes et au système représentatif. Dans cet ouvrage réunissant une dizaine de textes, il le débusque dans ses affections familiales, ses interventions dans la presse, ses rapports souvent conflictuels avec ses éditeurs, ses relations cordiales avec les catholiques libéraux, son empathie pour l'Angleterre... Un Guizot inattendu dont la présence irrigue tout un siècle, de la fin de l'Ancien Régime au début de la IIIe République.
15mn d'Histoire : une nouvelle collection de textes courts pour apprendre et comprendre l'Histoire en 15 minutes.
" Hugues Capet, tout le monde s'en tape ! ", écrivait un journaliste facétieux et perspicace le 2 avril 1987. Peut-être pas tout le monde, puisque le lendemain François Mitterrand, président de la République, et Henri d'Orléans, dénommé comte de Paris et prétendant autodésigné au trône de France, assistaient à un spectacle son et lumière en la cathédrale d'Amiens, cérémonie couronnant la célébration en grande pompe du " Millénaire capétien ", comme si la France avait commencé en 987 avec le sacre royal à Noyon du duc des Francs.
Pour mourir, de quelque façon que ce fût, il eût fallu qu'Hugues eût vécu. Or, rien ou presque ne transparaît de sa personne durant la majeure partie de son existence...
" La porte s'ouvrit : la divinité parut, éblouissante de beauté et de satisfaction. On eût dit un rayon argenté sortant d'un nuage d'azur ", rapporte un témoin. Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, de Talleyrand et de Sagan, n'était pas seulement une superbe fleur de la plus haute aristocratie, elle était spirituelle, lucide et dotée d'un fort tempérament.
Du monde qu'elle a connu et parfois enchanté, elle tint la chronique quarante ans durant, du début du premier Empire au milieu du second, dressant le portrait des têtes couronnées et des principaux hommes d'État de son temps, rapportant les échos de la cour et du gouvernement, s'immisçant dans la politique, jugeant les écrivains et les artistes, de Londres à Vienne et Saint-Pétersbourg, de Berlin à Rome, et surtout à Paris où elle résida une grande partie de sa vie.
Elle avait lié en effet son sort à celui de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, dont le tsar Alexandre lui fit épouser le neveu. Elle devint, à partir du congrès de Vienne où elle l'accompagna avec éclat, la maîtresse de sa maison et de sa personne, et toujours sa confidente. Mais la reine des salons était aussi, au fin fond de la Silésie, une femme qui reçevait chez elle le roi de Prusse et régnait sur des dizaines de paroisses, des centaines de paysans et des milliers d'hectares.
Écrits dans un style à son image, à la fois simple, séduisant et parfois mordant, ses Souvenirs, rédigés en 1822 et qui vont de sa petite enfance à son mariage en 1809, puis sa Chronique, qui court au jour le jour de 1831 à sa mort en 1862, constituent un ensemble d'un charme incomparable et d'une immense valeur qui méritait aujourd'hui d'être remis en pleine lumière.