Par leurs formes qui varient dans le temps et d'une région à l'autre, les bouteilles de vin racontent une histoire passionnante.
Cet ouvrage novateur le montre avec beaucoup de science et de verve. Jamais les vins n'auraient pu vieillir à l'abri de l'air et de la lumière et jamais la personnalité des terroirs et des millésimes n'aurait pu se révéler avec autant d'éclat sans l'invention de la bouteille.
La révolution date du Ier siècle de notre ère, c'est la mise au point de la canne à souffler. Au début du XVIIe siècle, les productions européennes, trop fragiles, ne peuvent servir à déplacer des liquides à longue distance. C'est alors qu'un pays importateur, l'Angleterre, réalise la bouteille en verre épais et noir, élaborée dans un four chauffé au charbon. Les mêmes Anglais découvrent au Portugal les vertus du liège qui permet un bouchage hermétique et de confier aux bouteilles du vin de qualité, de les coucher, les transporter et les conserver. Bientôt ils inventent encore le champagne mousseux que les Français ne confectionneront qu'à partir de la Régence.
Les bouteilles d'outre-Manche sont en oignon, en poire, puis cylindriques à épaules plus carrées. Les françaises, elles, sont plutôt ovoïdes, à épaules tombantes, tant en Champagne et en Bourgogne qu'à Bordeaux où, au XIXe siècle, s'impose la forme cylindrique à épaules carrées. À côté de ces deux grands modèles, certains vignobles en ont imaginé d'autres : la flûte rhénane, la fiasque paillée de Toscane, le bocksbeutel en forme de gourde de Franconie, le clavelin du Jura, la petite bouteille à col allongé du Tokaji ou du constantia sud-africain, etc.
Plus d' un milliard d'hommes sont façonnés par une foi universelle, encadrés spirituellement par une hiérarchie sacerdotale, professant le même Credo, guidés par un pasteur unique, l 'évêque de Rome. Cela leur confère d' évidentes particularités culturelles : ils ne répugnent pas à se laisser conduire et se mé fient des excès du libre arbitre. Au sein même du christianisme, on n'entretient pas les mêmes relations entre hommes, femmes et enfants nés ou à naître, on ne dort pas tout à fait de la même façon, on ne regarde pas l 'argent du même oeil, on n' apprécie pas les mêmes vins, on ne bâtit pas les mêmes villes, on n' installe pas les mêmes cimetières, on n' a pas la même a ttitude face à la nature, selon que l 'on est catholique ou protestant, etc.
L 'ancrage de l 'Occident méridional dans la foi et la culture catholiques a joué un rôle crucial dans l organisation de l espace, dans les paysages et l architecture, dans les pratiques sociales, par exemple dans la conception de la sexualité ou de l alimentation. Partout, les catholiques sont à la fois divers et semblables. Certains vivent en terre de vieille chrétienté, dans des régions évangélisées à l époque moderne (Amérique latine, Philippines...) et d 'autres encore appartiennent à des contrées qui étaient, il y a peu, des pays de mission (Afrique, Océanie...). Aujourd 'hui, le catholicisme a beau reculer dans les coeurs et les intelligences des Européens, il marque toujours leurs mentalités et leurs habitudes.
Le grand spécialiste de géographie culturelle qu' est Jean-Robert Pi nous montre et explique les manières dont se croisent, sur le terrain, ce tte foi universelle et les coutumes propres à tous les groupes humains. Il illustre son propos par une quarantaine de cartes et une vingtaine de reproductions d' oeuvres d art qui éclairent une démarche tout à fait nouvelle.
C'est à un extraordinaire voyage dans un monde enchanté qu'est invité le lecteur de ce livre. En cent épisodes aussi chaleureux qu'érudits, il aborde des contrées et des sujets d'une infinie variété tant est vaste et divers le monde de la vigne, du vin et des vignerons.
De la variété des terroirs à celle des cépages, des méthodes de culture aux modes de vinification, de la mise au point des façons de conserver le précieux liquide à la manière de le boire et de l'accompagner, aux portraits hauts en couleur de grands producteurs, les uns discrets, les autres illustres, des vieilles terres de production comme le Proche-Orient et l'Europe aux nouveaux mondes du vin comme l'Extrême-Orient ou l'Océanie, l'auteur dresse à petites touches une fresque vivante et passionnante où l'homme joue toujours le
premier rôle. Il n'oublie pas de mettre les Français en garde lorsqu'ils répugnent à se remettre en question ou lorsque leurs pouvoirs publics entretiennent
sur le vin des préjugés d'un autre âge.
Aux antipodes des traités trop austères ou des manuels de dégustation, voici un plaisant livre de chevet de tous les amoureux de la dive bouteille.
Bordeaux, Bourgogne : deux civilisations qui s'opposent, deux ambitions rivales de produire les meilleurs vins du monde. Quoi de commun entre ce Bourguignon tout en rondeur, et ce Bordelais, grand bourgeois raffi né, sinon leur commune passion pour l'excellence.
Pour ressouder cette fracture française, Jean-Robert Pitte mobilise toute l'histoire culturelle et économique des deux vignobles et des sociétés qui les exploitent. Car la qualité a bien une histoire, et n'est pas due au seul terroir physique, comme
certains se plaisent à l'affi rmer. Elle est surtout le fruit des
savoir-faire qu'ont développés au fi l des siècles ces professionnels
sans qui il n'y aurait pas de grands vins, pédologues,
agronomes, biologistes, oenologues, sommeliers, etc. Ces talents
conjugués n'ont toujours eu pour seul but que la satisfaction
de l'amateur éclairé.
Aujourd'hui, la concurrence internationale met en question la suprématie des vins français en les attaquant sur un terrain où ils n'auraient jamais pensé être contestés : la qualité. Les vins de Bordeaux et de Bourgogne ne pourront continuer à s'imposer sur le marché international qu'en affirmant leur spécificité
respective, sans céder à la facilité d'un goût mondialisé.