La mètis des Grecs - ou intelligence de la ruse - s'exerçait sur des plans très divers mais toujours à des fins pratiques : savoir-faire de l'artisan, habileté du sophiste, prudence du politique ou art du pilote dirigeant son navire. La mètis impliquait ainsi une série d'attitudes mentales combinant le flair, la sagacité, la débrouillardise... Multiple et polymorphe, elle s'appliquait à des réalités mouvantes qui ne se prêtent ni à la mesure précise ni au raisonnement rigoureux.
Engagée dans le devenir et l'action, cette forme d'intelligence a été, à partir du Ve siècle, refoulée dans l'ombre par les philosophes. Au nom d'une métaphysique de l'être et de l'immuable, le savoir conjectural et la connaissance oblique des habiles et des prudents furent déconsidérés. Reconnaître le champ de la mètis, c'est, pour les auteurs de ce livre, réhabiliter une «catégorie» que les hellénistes modernes ont largement méconnue.
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La lignée des Diafoirus et des Knock n'est pas close. Elle s'enrichit même d'une nouvelle figure, contemporaine de l'ordinateur et des progrès de la technologie. Grâce au talent de Pierre Vernant, le professeur Tribouteau, "gloire de la nation" et mort accidentellement à 249 ans, promet de devenir aussi célèbre que ses désopilants devanciers. L'histoire de sa longue carrière, comblée de profits et d'honneurs, ne constitue pourtant que la trame d'une comédie aux sketches burlesques. On y apprend comment fonder une communauté de nourrices, donneuses de lait, une station thermale dont les eaux usées sont scientifiquement régénérées, un village écologique débordé par la demande de produits "naturels" usinés à Hong-Kong, un centre d'implantation de coeurs artificiels qui rendent leurs bénéficiaires quasiment immortels. Les membres de la famille Tribouteau ont fondé leurs entreprises sur deux ressorts incassables : le désir que nous avons tous de vivre en bonne santé, et le plus longtemps possible. "Vivez cent ans !" Qui ne voudrait faire en sorte que cette fallacieuse promesse devienne réalité ? Pour qu'elle soit honorée, une seule condition : s'en remettre corps et âme au "pouvoir médical". Dans les années 2 000 et quelque, ce pouvoir est devenu dictature. C'est elle que, sur le mode de l'humour, de l'ironie, de la satire, dénonce l'auteur, une des sommités de la médecine actuelle, au nom du simple droit de chacun de mener son existence à sa guise. Au médecin qui prétend diriger notre vie par ordinateur, il oppose celui qui se contente d'alléger nos souffrances, qui entend seulement nous aider à vivre et à mourir. Il est réconfortant que ce cri de libération nous vienne de l'intérieur du sérail.
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