"Garcin : - Le bronze... (Il le caresse.) Eh bien, voici le moment. Le bronze est là, je le contemple et je comprends que je suis en enfer. Je vous dis que tout était prévu. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent... (Il se retourne brusquement.) Ha ! vous n'êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. (Il rit.) Alors, c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres."
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"J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait..."
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"Donc j'étais tout à l'heure au Jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j'ai eu cette illumination.
Ça m'a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire "exister"".
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"Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur ! À quoi cela servirait-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c'est une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang."
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"- Comment s'appellent-ils, ces trois-là ?
- Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien.
Le commandant mit ses lorgnons et regarda sa liste :
- Steinbock... Steinbock... Voilà. Vous êtes condamné à mort.
Vous serez fusillé demain matin.
Il regarda encore :
- Les deux autres aussi, dit-il.
- C'est pas possible, dit Juan. Pas moi.
Le commandant le regarda d'un air étonné..."
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Un publiciste adultère fusillé pour avoir déserté, une jeune bourgeoise qui a noyé son enfant et poussé son amant au suicide, une employée des postes lesbienne qui a peut-être une mort sur la conscience : les trois se retrouvent en Enfer. Contrairement à ce qu'ils croyaient, l'Enfer n'est pas une chambre de torture mais un salon Second Empire où ils vont - éternellement - s'épier, se provoquer, tenter de se séduire et surtout se déchirer. On l'aura compris : « L'Enfer, c'est les Autres. » Créé en 1944, Huis clos illustre une réflexion philosophique menée par Sartre un an plus tôt dans L'Être et le Néant, en particulier sur le « regard de l'autre » qui me constitue en « esclave » vis-à-vis de lui. À ce titre, la pièce s'inscrit dans la tradition, vivace jusqu'après la guerre, du « théâtre d'idées ». Mais, en interrogeant le sens même de l'existence par des dialogues de tous les jours, dans un décor bourgeois qui figure un univers irréel, elle annonce aussi le « théâtre de l'absurde » qui triomphera dans les années 1950. Comédie de boulevard à portée métaphysique, elle doit à cette vocation paradoxale d'être aujourd'hui encore, en France et à l'étranger, l'un des plus grands succès du théâtre français contemporain.
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"Qu'est-ce que tu m'as fait ? Tu colles à moi comme mes dents à mes gencives. Je te vois partout, je vois ton ventre, ton sale ventre de chienne, je sens ta chaleur dans mes mains, j'ai ton odeur dans les narines. J'ai couru jusqu'ici, je ne savais pas si c'était pour te tuer ou pour te prendre de force. Maintenant, je sais. (Il la lâche brusquement.) Je ne peux pourtant pas me damner pour une putain."
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"Ivich regardait à ses pieds d'un air fermé.
- Il doit m'arriver quelque chose.
- Je sais, dit Mathieu, votre ligne de vie est brisée. Mais vous m'avez dit que vous n'y croyiez pas vraiment.
- Non, je n'y crois pas vraiment... Et puis il y a aussi que je ne peux pas imaginer mon avenir. Il est barré.
Elle se tut et Mathieu la regarda en silence. Sans avenir... Tout à coup il eut un mauvais goût dans la bouche et il sut qu'il tenait à Ivich de toutes ses forces. C'était vrai qu'elle n'avait pas d'avenir : Ivich à trente ans, Ivich à quarante ans, ça n'avait pas de sens. Il pensa : "Elle n'est pas viable.""
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Fils de famille, Lucien Fleurier est à la recherche de lui-même : d'une enfance dorée et confortable aux révoltes de l'adolescence, de la bohème aux milieux d'extrême-droite, le jeune homme tente de connaître l'homme qui émerge en lui.
Jean-Paul Sartre parodie le "roman d'apprentissage" dans le style dépouillé et magistralement maîtrisé qui efface l'écrivain au profit du seul dévoilement de l'homme dans le monde.
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"L'avion s'était posé. Daladier sortit péniblement de la carlingue et mit le pied sur l'échelle ; il était blême. Il y eut une clameur énorme et les gens se mirent à courir, crevant le cordon de police, emportant les barrières... Ils criaient "Vive la France ! Vive l'Angleterre ! Vive la Paix !", ils portaient des drapeaux et des bouquets. Daladier s'était arrêté sur le premier échelon : il les regardait avec stupeur. Il se tourna vers Léger et dit entre ses dents :
- Les cons !"
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"Ils sont vivants mais la mort les a touchés : quelque chose est fini ; la défaite a fait tomber du mur l'étagère aux valeurs. Pendant que Daniel, à Paris, célèbre le triomphe de la mauvaise conscience, Mathieu, dans un village de Lorraine, fait l'inventaire des dégâts : Paix, Progrès, Raison, Droit, Démocratie, Patrie, tout est en miettes, on ne pourra jamais recoller les morceaux.
Mais quelque chose commence aussi : sans route, sans références ni lettres d'introduction, sans même avoir compris ce qui leur est arrivé, ils se mettent en marche, simplement parce qu'ils survivent."
Jean-Paul Sartre.
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"Cette pièce peut passer pour un complément, une suite aux Mains sales, bien que l'action se situe quatre cents ans auparavant. J'essaie de montrer un personnage aussi étranger aux masses de son époque, qu'Hugo, le jeune bourgeois, héros des Mains sales,l'était, et aussi déchiré. Cette fois, c'est un peu plus gros. Goetz, mon héros, incarné par Pierre Brasseur, est déchiré, parce que, bâtard de noble et de paysan, il est également repoussé des deux côtés. Le problème est de savoir comment il lâchera l'anarchisme de droite pour aller prendre part à la guerre des paysans...
J'ai voulu montrer que mon héros, Goetz, qui est un genre de franc-tireur et d'anarchiste du mal, ne détruit rien quand il croit beaucoup détruire. Il détruit des vies humaines, mais ni la société, ni les assises sociales, et tout ce qu'il fait finit par profiter au prince, ce qui l'agace profondément. Quand, dans la deuxième partie, il essaie de faire un bien absolument pur, cela ne signifie rien non plus. Il donne des terres à des paysans, mais ces terres sont reprises à la suite d'une guerre générale, qui d'ailleurs éclate à propos de ce don. Ainsi, en voulant faire l'absolu dans le bien ou dans le mal, il n'arrive qu'à détruire des vies humaines...
La pièce traite entièrement des rapports de l'homme à Dieu, ou, si l'on veut, des rapports de l'homme à l'absolu..."
Jean-Paul Sartre.
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- Il m'a empoisonnée ?
- Eh oui, madame.
- Mais pourquoi ? pourquoi ?
- Vous le gêniez, répond la vieille dame. Il a eu votre dot. Maintenant il lui faut celle de votre soeur.
Ève joint les mains dans un geste d'impuissance et murmure, accablée :
- Et Lucette est amoureuse de lui !
La vieille dame prend alors une mine de circonstance :
- Toutes mes condoléances... Mais voulez-vous me donner une signature ?
Machinalement, Ève se lève, se penche sur le registre et signe.
- Parfait, conclut la vieille dame. Vous voilà morte officiellement.
Ève hésite, puis s'informe :
- Mais où faut-il que j'aille ?
- Où vous voudrez. Les morts sont libres.
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"- La guerre, on le la fait pas : c'est elle qui nous fait. Tant qu'on se battait, je rigolais bien : j'étais un civil en uniforme. Une nuit, je suis devenu soldat pour toujours. Un pauvre gueux de vaincu, un incapable. Je revenais de Russie, je traversais l'Allemagne en me cachant..."
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Ce volume de Situations donne de Sartre plusieurs images : certaines connues, d'autres plus inattendues. Nous connaissons l'admirateur passionné des artistes : les textes consacrés à Mallarmé et au Tintoret, auxquels il s'intéresse depuis longtemps, sont des adieux définitifs, d'ultimes témoignages sauvés de l'inaboutissement d'oeuvres plus vastes et plus ambitieuses, comme celle qu'il consacra à Jean Genet ou celle qu'il espère mener à son terme sur Flaubert.
D'autres textes correspondent à l'image ne varietur de l'écrivain engagé : celui qui soutenait le F.L.N. algérien défend maintenant le peuple vietnamien ; l'opposition au général de Gaulle est toujours aussi tenace. Il y a aussi la ' vedette ', comme il se définira ironiquement lui-même, à qui le Japon a réservé un accueil enthousiaste et qui va bientôt se lancer dans l'aventure du Tribunal Russell.
Enfin, se montre le théoricien, le philosophe qui se rend confusément compte que les beaux jours de la prééminence intellectuelle sont révolus ou en voie de l'être. S'il cite, en passant, les noms de Lacan, Barthes ou Lévi-Strauss, il ne cède rien sur la vision du monde et de l'homme que l'existentialisme proposait.
Les temps changent, sans qu'il le voie vraiment : Mai 68, qui va bientôt faire vaciller bien des certitudes, en sera la preuve éclatante.
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La guerre d'Algérie, qui débute en novembre 1954, amène Sartre à réfléchir sur la colonisation, la décolonisation, le terrorisme, la torture et la censure. Au cours des années suivantes, il continue à s'interroger sur le communisme, sans pour autant délaisser les arts. Il publie une préface à un ouvrage de Cartier-Bresson, 'D'une Chine à l'autre', un article pour la revue de la galerie Maeght sur la peinture de Giacometti, un premier fragment d'une importante biographie existentielle consacrée au Tintoret. Enfin, en 1958, avec la préface au Traître, l'auteur de La nausée trace un portrait en miroir de son ami et collaborateur des Temps Modernes, André Gorz.
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"Le roman ne donne pas les choses, mais leurs signes. Avec ces seuls signes, les mots, qui indiquent dans le vide, comment faire un monde qui tienne debout ? Car un livre n'est rien qu'un petit tas de feuilles sèches, ou alors une grande forme en mouvement : la lecture. Ce mouvement, le romancier le capte, le guide, l'infléchit, il en fait la substance de ses personnages ; un roman, suite de lectures, de petites vies parasitaires dont chacune ne dure guère plus qu'une danse, se gonfle et se nourrit avec le temps de ses lecteurs. Mais pour que la durée de mes impatiences, de mes ignorances, se laisse attraper, modeler et présenter enfin à moi comme la chair de ces créatures inventées, il faut que le romancier sache l'attirer dans son piège, il faut qu'il esquisse en creux dans son livre, au moyen des signes dont il dispose, un temps semblable au mien, où l'avenir n'est pas fait. Si je soupçonne que les actions futures du héros sont fixées à l'avance par l'hérédité, les influences sociales ou quelque autre mécanisme, mon temps reflue sur moi ; il ne reste plus que moi, moi qui lis, moi qui dure, en face d'un livre immobile. Voulez-vous que vos personnages vivent ? Faites qu'ils soient libres."
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"Que peut-on savoir d'un homme aujourd'hui ?" Par l'incessant mouvement de la méthode "progressive-régressive", des écrits à l'homme et de l'homme à l'histoire, L'Idiot de la famille traque Flaubert pour reconstituer en totalité compréhensible tout ce qu'on sait de lui. Loin de le réduire à l'état de pur objet d'étude, Sartre, sans indulgence mais presque amical, tourne autour de son sujet jusqu'au vertige, jusqu'au point de compréhension extrême où le biographe, comme étourdi par son propre manège, est bien près de se livrer lui-même. Et néanmoins c'est la subjectivité vivante de Gustave Flaubert que l'on sent restituée, le goût singulier de sa névrose.
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Dans son essai Qu'est-ce que la littérature ? (1947), Sartre analyse les différents rôles que cette activité a tenus dans la société française, du XVIIe siècle à la Seconde Guerre mondiale, et explique les raisons qui l'ont poussé à opter pour la littérature engagée ; il se prépare résolument à "avoir le monde entier sur la tête", selon l'expression de Jean Paulhan, parfois au détriment de son oeuvre propre - articles sur la future naissance d'Israël (1948), sur la guerre d'Indochine (1949), appartenance au Rassemblement démocratique révolutionnaire dans l'espoir de contribuer à conjurer la menace de 'guerre atomique' entre l'Union soviétique et les États-Unis. Il continue néanmoins à s'intéresser à d'autres aspects de la littérature, à Franz Kafka, à Nathalie Sarraute, aussi bien qu'aux poètes de la Négritude, à l'art de Giacometti comme à l'avenir de la culture.
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"Il y a une crise de l'essai. L'élégance et la clarté semblent exiger que nous usions en cette sorte d'ouvrages, d'une langue plus morte que le latin : celle de Voltaire. Mais si nous tentons vraiment d'exprimer nos pensées d'aujourd'hui par le moyen d'un langage d'hier, que de métaphores, que de circonlocutions, que d'images imprécises : on se croirait revenu au temps de Delille. Certains comme Alain, comme Paulhan, tenteront d'économiser les mots et le temps, de resserrer, au moyen d'ellipses nombreuses, le développement abondant et fleuri qui est le propre de cette langue. Mais alors, que d'obscurité. Tout est recouvert d'un vernis agaçant, dont le miroitement cache les idées. Le roman contemporain... a trouvé son style. Reste à trouver celui de l'essai. Et je dirai aussi celui de la critique ; car je n'ignore pas, en écrivant ces lignes, que j'utilise un instrument périmé que la tradition universitaire a conservé jusqu'à nous."
Jean-Paul Sartre.
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Septembre 1944. Les années de plomb sont finies, Sartre a à coeur d'en rendre compte. Ses articles sur le sujet sont en fait les premières manifestations de son engagement dans la vie publique, que confirmera la parution du premier numéro des Temps Modernes. "Paris sous l'Occupation" est écrit à l'intention des Français qui ont combattu en liaison avec l'Angleterre ; un autre article, "Une grande revue française à Londres", est peu connu : il s'adresse cette fois à ses compatriotes qui ont subi l'Occupation, il les informe sur les activités guerrières des combattants de La France libre, dont ils savent encore peu de chose.
Janvier 1945 : Sartre est l'un des heureux reporters choisis par deux quotidiens pour un séjour aux États-Unis encore en guerre : "Les uns me disent : "Tenez-vous-en aux faits"... Et les autres, au contraire : "Prenez du recul"... Cette Amérique, peut-être que je la rêve. En tout cas je serai honnête avec mon rêve : je l'exposerai tel que je le fais."
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Au cours des entretiens qu'il eut avec Simone de Beauvoir pendant l'été 1974, Sartre s'est expliqué sur ce que représentaient pour lui ses lettres : "C'était la transcription de la vie immédiate... C'était un travail spontané. Je pensais à part moi qu'on aurait pu les publier, ces lettres... J'avais la petite arrière-pensée qu'on les publierait après ma mort... Mes lettres ont été en somme l'équivalent d'un témoignage sur ma vie."
Ce recueil qui couvre une période allant de 1926 à 1963 rassemble toutes les lettres retrouvées par Simone de Beauvoir, ainsi que quelques autres qui lui ont été léguées ou confiées par leurs destinataires.
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"Je cherche donc la morale d'aujourd'hui... J'essaye d'élucider le choix qu'un homme peut faire de soi-même et du monde en 1948."
Dans cette recherche, Sartre devait rencontrer le problème de la vérité sous un jour particulier ; il l'avait déjà abordé dans ses Cahiers pour une morale (1947-1948) ; quelques mois plus tard il recevait De l'essence de la Vérité, traduction d'une conférence de Martin Heidegger, récemment parue. Il est possible que la lecture de l'opuscule, auquel il fait allusion, l'ait incité à préciser sa propre conception de la vérité et qu'il ait eu, un moment, l'intention de publier Vérité et existence. C'est en tout cas, parmi les écrits posthumes de sa maturité, le seul, à notre connaissance, qui se présente comme un texte complet. Pour l'auteur de L'Être et le Néant, il s'agit d'évaluer le rôle de l'idée de vérité dans l'intersubjectivité des existants - comme l'indique le titre, qui est sien.
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"Le scénario de L'engrenage a été écrit en 1946. Ce qui m'amusait, au départ, c'était de transposer à l'écran une technique que les romanciers anglo-saxons utilisaient couramment avant la guerre : la pluralité des points de vue. L'idée était dans l'air... Dans le film que j'imaginais, non seulement la chronologie était bouleversée, mais le même personnage, Hélène, apparaissait sous des dehors tout à fait différents selon le point de vue de qui parlait de lui...
J'ai pensé à... un petit pays riche en pétrole, par exemple, qui vivrait totalement dans la dépendance de l'étranger. J'ai imaginé le cas d'un homme qui arriverait au pouvoir avec des intentions révolutionnaires... En choisissant un personnage parfaitement honnête et sincère, qui croit vraiment au socialisme, j'ai voulu montrer que ce n'est pas là une question d'homme ou de caractère : c'est le pouvoir lui-même qui est corrompu, dans un pays où l'étranger règne par personne interposée, et ceux qui le détiennent se font, comme Jean, criminels malgré eux."
J.-P. Sartre (novembre 1968).
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