Et s'il existait une France heureuse des villes moyennes et des villages, vivant sans souci des polémiques parisiennes ou des sombres bruits du monde, goûtant ce qui est lent, authentique, petit et proche, ne se mêlant de politique que lorsqu'elle est locale ? Et s'il existait aussi une France métropolitaine d'abord soucieuse d'accomplissement personnel et de bien-être, peuplée d'individus jaugeant la réussite à l'aune de critères neufs, à la recherche de liens inédits et de sens ? Après avoir longtemps été situé dans la France profonde, le pouls de notre pays ne bat-il pas à présent, dans nos métropoles et nos campagnes, au rythme de cette France heureuse ?
Ce livre est dirigé par Thierry Germain, membre de l'Observatoire de l'expérimentation et de l'innovation locale de la Fondation Jean-Jaurès.
Il rassemblera les textes de quatre contributeurs, parmi lesquels Jean-Laurent Cassely, journaliste, récemment coauteur avec Jérôme Fourquet de La France sous nos yeux (Seuil, 2021).
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« Il y a une réalité qu'il faut regarder en face : renoncer aux distinctions de classes revient à renoncer à une part de soi-même. Prenons mon cas particulier : je suis représentatif de la classe moyenne, et rien ne m'est plus facile que de proclamer mon désir d'abattre les barrières de classes. Or, presque tout ce que je pense et fais découle de ces distinctions sociales. Toutes mes valeurs - mes conceptions du bien, du mal, de l'agréable et du désagréable, du comique et du sérieux, du laid ou du beau - sont des valeurs de la classe moyenne. Mes goûts littéraires, culinaires et vestimentaires, mon sens de l'honneur, mes manières de table, mes tournures de phrase, mon accent et jusqu'à ma gestuelle propre, sont le produit d'une éducation particulière, d'un segment spécifique à mi-chemin de l'échelle sociale. Une fois que j'ai pris conscience de cela, je comprends qu'il ne sert à rien de taper amicalement dans le dos d'un prolétaire et de lui assurer qu'il vaut autant que moi. Si je veux établir avec lui un vrai contact, je dois déployer un effort auquel je ne suis certainement pas préparé. Car pour m'extraire du schéma d'oppression de classes, je dois faire abstraction non seulement de mon propre sentiment de supériorité, mais aussi de la plupart de mes autres penchants et préjugés. Je dois opérer une telle transformation sur moi-même qu'au bout du compte, j'en serais à peine reconnaissable. »
Écrit en 1937, Le Quai de Wigan symbolise pour le critique Simon Leys la « transmutation du journalisme en art ». Reportage sur un lieu réel au nom imaginaire (Wigan n'existe pas), il consacre les efforts d'Orwell pour décrire et comprendre la société de son temps, mais aussi l'exigence morale d'un journalisme engagé.
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Qu'ont donc en commun les plateformes logistiques d'Amazon, les émissions de Stéphane Plaza, les restaurants de kebabs, les villages de néo-ruraux dans la Drôme, l'univers des coaches et les boulangeries de rond-point ? Rien, bien sûr, sinon que chacune de ces réalités économiques, culturelles et sociales occupe le quotidien ou nourrit l'imaginaire d'un segment de la France contemporaine. Or, nul atlas ne permet de se repérer dans cette France nouvelle où chacun ignore ce que fait l'autre. L'écart entre la réalité du pays et les représentations dont nous avons hérité est dès lors abyssal, et, près d'un demi-siècle après l'achèvement des Trente glorieuses, nous continuons à parler de la France comme si elle venait d'en sortir. Pourtant, depuis le milieu des années 1980, notre société s'est métamorphosée en profondeur, entrant pleinement dans l'univers des services, de la mobilité, de la consommation, de l'image et des loisirs. C'est de la vie quotidienne dans cette France nouvelle et ignorée d'elle-même que ce livre entend rendre compte à hauteur d'hommes et de territoires.
Le lecteur ne s'étonnera donc pas d'être invité à prendre le temps d'explorer telle réalité de terrain, telle singularité de paysage ou telle pratique culturelle, au fil d'un récit soutenu par une cartographie originale (réalisée par Mathieu Garnier et Sylvain Manternach) et des statistiques établies avec soin. Qu'ils fassent étape dans un parc d'attraction, nous plongent dans les origines de la danse country, dressent l'inventaire des influences culinaires revisitées, invoquent de grandes figures intellectuelles ou des célébrités de la culture populaire, les auteurs ne dévient jamais de leur projet : faire en sorte qu'une fois l'ouvrage refermé, le lecteur porte un regard nouveau sur cette France recomposée.
Jérôme Fourquet, auteur de L'Archipel français (Seuil, 2019), est analyste politique, expert en géographie électorale, directeur du département Opinion à l'IFOP.
Jean-Laurent Cassely est journaliste (Slate.fr, L'Express) et essayiste, spécialiste des modes de vie et des questions territoriales.
Livre de l'année LiRE Magazine littéraire 2021
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Et si la principale fracture au sein de nos sociétés n'opposait pas le 1 % des superriches aux 99 % restants, mais les 20 % des surdiplômés à tous les autres ? Environ un jeune sur cinq sort du système scolaire avec un master ou un diplôme de « grande école ». Faire partie de ces 20 % est aujourd'hui la condition nécessaire pour maîtriser son avenir et intégrer les professions dans la lumière : le monde des start-up, des consultants conviés à penser le futur et, plus largement, celui des influenceurs culturels. S'appuyant sur une enquête de terrain, de nombreux entretiens auprès de jeunes actifs (25-39 ans) insérés dans le monde de l'innovation et un sondage exclusif, Monique Dagnaud et Jean-Laurent Cassely dressent le portrait de ces premiers de la classe et montrent que, loin de former un groupe homogène, ils se partagent entre tentation du pouvoir, confort et contestation du système. Alors que les 20 % se détachent du reste de la société, leurs prétentions à proposer un modèle de vie et à fixer un cap politique résisteront-elles à l'entre-soi social qui les caractérise ? Le changement peut-il avoir lieu sans le peuple ? Monique Dagnaud est sociologue, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de la jeunesse et du monde numérique, auteur de nombreux livres dont Le Modèle californien (Odile Jacob, 2016). Jean-Laurent Cassely est journaliste et essayiste (Slate. fr, L'Express). Il est spécialiste des questions territoriales, de consommation et de modes de vie.
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La lutte des classes commence-t-elle désormais au berceau ? Yuka aura-t-il la peau du Nutella ? Vous sentez-vous sorcière ? Que savez-vous de l'économie symbiotique ? Comment Bordeaux est devenue la capitale des fractures françaises ? Les startupeurs sont-ils les Stakhanov de l'ère numérique ? Qui veut encore des touristes ? L'ère des machines apprenantes a-t-elle commencé ? Faut-il opposer la fin du monde et la fin du patriarcat ? Le podcast est-il l'avenir du 20 Heures ? Demain, le tout hybride ?
En une trentaine de textes précis, cet ouvrage fait le pari de proposer une ouverture sur nos sociétés en mutations à travers les idées, les faits, les lieux, les personnages, les objets, en un mot les tendances qui façonnent, influencent et orientent les grandes aspirations de demain.
Cet ouvrage rassemble les contributions de nombreux spécialistes, parmi lesquels citons Daniel Cohen, Eva Illouz, Jocelyne Porcher, Isabelle Delannoy, Pierre Veltz, Titiou Lecoq, David Djaiz...
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