"Il est une forêt sans borne où je voudrais
M'enfoncer, en mourant, loin de la médecine
Qui m'impose pour vivre une foule d'extraits Chimiques. J'y prendrais tout doucement racine,
Jusqu'au jour où, non moins en douceur, j'entrerais
D'abord aussi fragile et fin qu'une houssine,
Quitte de mes devoirs et de mes intérêts,
Dans l'absence de temps où l'Arbre se dessine
Sans crayon ni pastel, sanguine ni pinceau.
Vite, j'y deviendrais vigoureux arbrisseau.
Puis l'artiste inconnu qui conçut la rosée.
Et la houle des monts et les yeux des vivants
Me laisserait songer tout au fond du musée
Végétal où, distraits, viennent errer les vents."
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La poésie serait-elle une guerre ? Le vers, le corps d'élite de la langue ? En retraçant l'histoire de notre prosodie, Jacques Réda dévoile les processus de transformation du français aussi inéluctables que ceux de la physique. Où les poètes sont les exécutants plus ou moins conscients d'un mouvement naturel.Du Roman d'Alexandre à Armen Lubin, en passant par Delille, Hugo, Rimbaud, Claudel, Apollinaire, Cendrars et Dadelsen, Jacques Réda promène son oeil expert sur des oeuvres emblématiques, et parfois méconnues, de notre littérature. Inspirée et alerte, sa plume sait malaxer comme nulle autre la glaise des poèmes pour y dénicher les filons les plus précieux. À la fois leçon de lecture et d'écriture, et essai aux résonances métaphysiques, Quel avenir pour la cavalerie ? constitue la « Lettre à un jeune poète » de Jacques Réda, et le sommet de sa réflexion poétique.Jacques Réda est poète, auteur de récits en prose et chroniqueur de jazz. Il a dirigé La Nouvelle Revue française de 1987 à 1996. Il a notamment obtenu le grand prix de poésie de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre, ainsi que le prix Goncourt de la poésie en 1999. Il a publié chez Buchet/Chastel La Fontaine (« Les Auteurs de ma vie », 2016) et Une civilisation du rythme (2017).
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Ce livre ne propose aucune théorie.
Son auteur n'est pas un savant,
Juste un homme incertain qui cherche, inventorie,
Dans un territoire mourant,
Ses raisons d'être au sein de cette confrérie :
L'étrange univers du vivant ;
Tout ce qui de l'étoile à l'humble bactérie,
De soi-même ou bien dérivant,
Bouge - en ordre, en désordre - et se rebelle ou prie.
Et sa façon d'être fervent
(Comme le roi David devant l'Arche fleurie,
Pleine ou vide) ne fut souvent
Que danser comme l'herbe à travers la prairie
Avec le vent.
Jacques Réda
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Devenu le cinquième directeur de la Nouvelle revue française en 1987, succédant à sa grande surprise à Georges Lambrichs, il aura fallu un an à Jacques Réda pour se résoudre à monter lui-même dans le « train ». C'est dans le « fourgon arrière » qu'il décide alors de publier ses propres chroniques, en « passager clandestin », affirme-t-il. Réda parle de l'époque dans sa rubrique « Carnet », livre des propos « çà et là » en abordant des « questions » du temps avec beaucoup de curiosité pour tous les sujets : l'orthographe, la couche d'ozone, la toponymie la « cibi », les extraterrestres, la nouvelle Grande bibliothèque de France, le phonographe, les frontières, les sondages, etc. On note bien sûr des sujets récurrents comme le langage, la poésie, le style. Réda se plaît à publier des poèmes qu'il découvre inscrits sur les murs et la chaussée et cite aussi en renfort des poètes de son temps. A propos de la question militaire, il citera Valery Larbaud ; à propos du « jeu de ballon rond », il évoquera Pindare aux côtés de Jean-Pierre Papin et s'élèvera contre les séances de tirs au but ; dans le « pompon » il se moquera des « États Généraux de la Poésie » en espérant qu'ils n'aboutiront pas à une phase de « Terreur » ; et sa question de la « fin du monde » s'achèvera par : « L'éternité existe mais elle ne dure jamais longtemps ». Le Fond de l'air de Jacques Réda fleure bon le pessimisme joyeux, l'érudition amusante, l'humour pince sans rire, relevant partout la cocasserie de notre époque « moderne ». On retrouve là le sens de l'observation, du paradoxe, et toute la finesse de Jacques Réda, s'inscrivant dans la grande tradition française des moralistes avec une fausse légèreté. Et ce que Réda observe dans les années 90 résonne toujours à notre époque, tout comme des épigrammes de Martial ou des satires de Juvénal...
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Dans ce troisième volet de La Physique amusante, l'auteur part d'une question naïve en apparence, "Est-ce que l'univers invente ou bien rabâche?", pour se l'appliquer à lui-même : "Est-ce que j'invente ou rabâche ?". Il emprunte, pour y répondre, La nébuleuse du songe. Comme s'il avait été là au commencement de l'univers, il parcourt l'histoire des découvertes qui, de Ptolémée, Copernic, Kepler, mènent à Bach ou Mozart, et s'aperçoit à la fin que "le corps et sa mémoire en savent plus long que nous." Ce que l'amour, dans son éternel recommencement, nous apprend aussi.
Empruntant, dans une deuxième partie des Voies de contournement, il revient sur un mode plus détaché et contemplatif aux questions sans fin que la création nous pose.
Les lecteurs non-scientifiques s'enchanteront de cette explication rêveuse et intime des mécanismes obscurs de l'univers. Les amateurs de poésie suivront avec bonheur le rythme de ces vers ajustés à la pertinente équation de l'espace et du temps.
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"Je soupçonne que l'Univers est sans commencement,
Sans fin. Mais l'Infini, non moins que l'Éternel, nous ment,
Comme nous moquent en passant le vent insaisissable,
La fuite de l'eau sur la pente ou le filet de sable
Entre deux vases transparents et sans fond que remplit
En permanence le présent pour aller vers l'oubli.
Dans une étreinte qui, de soi, l'assure et le déleste,
L'Univers est l'unique instant où le Tout, à la fois,
S'accomplit et se change en Rien ; où Rien, en contrepoids,
Devient le Tout qui se dérobe. Un éclair. Et le reste,
C'est le Soleil et les bouquets de la voûte céleste ;
C'est vous, c'est moi, le vent, la violette au fond d'un bois."
Jacques Réda.
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Il est question ici de deux éléments fondamentaux dans la musique de jazz : le blues qui lui a fourni une grande part de sa thématique ; le swing qui en distingue la singularité rythmique. Partant de quatre big bands reconnus comme les plus exemplaires (ceux de Fletcher Henderson, Duke Ellington, Jimmie Lunceford, Count Basie), Jacques Réda analyse les rapports que ces orchestres entretiennent avec le Temps - le bond du rythme étant peut-être un point commun aux forces naturelles, à la poésie, et au principe incarné par ce que Duke Ellington appelait « la grande musique noire américaine » à son zénith. Le livre s'accompagne d'un CD regroupant une grande part des oeuvres qui s'y trouvent commentées.
Né en 1929, Jacques Réda s'est consacré à deux activités principales : écrire ; écouter beaucoup de musique, et spécialement du jazz. En pratique, il a été rédacteur en chef de La Nouvelle Revue française durant huit ans, et, à compter de 1963, un collaborateur assidu de Jazz Magazine.
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On jalouse parfois le savant qui s'étonne
De la diversité du monde. Pour ma part,
Tantôt j'admire aussi le quark et le pulsar,
Tout ce qui les relie et qui les environne,
Tantôt cette splendeur me semble monotone
Voire obsédante à la façon d'un cauchemar.
Quel fol encombrement dans l'espace! L'infime
n'en trouve jamais trop lui-même pour maigrir,
Farine de poussière impossible à pétrir,
Poil à gratter la chose au fond le plus intime,
Billon dilapidé très loin sous le centime
Et, pour notre clin d'oeil entre naître et mourir,
Qu'est-ce que ce bazard astral qui, sans limite,
Fait valser sur des éventaires sans tréteaux
La même marchandise - ondes, gaz, rocs, métaux :
Pourquoi cette débauche à tant de dynamite
Vouée? On voudrait demeurer comme un ermite
À regarder deux brins d'herbe fondamentaux.
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Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Né le 24 janvier 1929, à Lunéville, patrie de Charles Guérin. Livre de chevet de son enfance : Bibi Fricotin ; deux passions : les soldats de plomb et la fille du surveillant général. Plus tard, trois années terribles chez les Jésuites où, dans des textes choisis, il découvre pêle-mêle Rimbaud, Mallarmé, Baudelaire, Verlaine, Samain, Verhaeren, Hérédia, Claudel, Valéry. Ensuite, c'est la faculté de droit, le service militaire, pendant lequel il écrit « Les Inconvénients du Métier » (1951). Des influences ? Citons seulement Paul Éluard, à qui il doit (1947) d'avoir mieux distingué et affermi le son de sa propre voix, Henri Michaux, Pierre Reverdy. Activités essentiellement poétiques, mais ferveurs plus variées : le Jazz, musique incarnée, Gide, Camus, Racine, Mozart, la peinture, le vin rouge, le football, les paquets de cigarettes, qu'il collectionne, et des êtres surtout. Pessimiste, moins par psychasthénie que par un constant effort de lucidité portant promesse d'un véritable optimisme à hauteur d'homme qui ne soit plus enfin celui des diverses espèces de contempteurs de la vie, ni celui des boy-scouts. Signe particulier : pas de conversation.
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Dans la vie d'un lecteur, certains auteurs occupent une place à part - lectures inaugurales, compagnons de tous les jours, sources auxquelles on revient. La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains contemporains à partager leur admiration pour un classique, dont la lecture a particulièrement compté pour eux. Jacques Réda livre ici « son » La Fontaine, celui des Fables bien sûr, mais aussi celui qu'on a un peu trop souvent laissé dans l'ombre : l'auteur des Amours de Psyché et de Cupidon, des Contes, du Poème du Quinquina. Au fil d'une promenade avec La Fontaine, apparaît la profonde unité de son oeuvre, qui est peut-être celle aussi d'un caractère... « Jamais la barque du vers et son rameur n'ont mieux fait corps avec son courant majestueux, doucement rieur le long des berges avec le campagnol et la poule d'eau, sous la terrasse bordant les bois encore un peu sauvages de Saint-Germain et de Vaux en France. » Jacques Réda est poète, auteur de récits en prose, éditeur et chroniqueur de jazz. Il a dirigé La Nouvelle Revue française de 1987 à 1996. Il a notamment obtenu le grand prix de poésie de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre, ainsi que le prix Goncourt de la poésie en 1999. Les livres numériques des éditions Buchet/Chastel sont disponibles aux formats epub et mobi et sont pourvus d'un dispositif de protection par filigrane. Ils sont lisibles sur l'ensemble des ordinateurs et appareils mobiles (liseuse, tablette et smartphone).
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Quand on considère le jazz comme un seul être musical à travers les diverses phases de son existence, il est tentant de le laisser s'exprimer et de recueillir les propos qu'il aurait pu tenir lui-même. Les trente premières pages de cette « autobiographie » en livrent le principal...
Mais un parti plus objectif a prévalu dans les trois cents suivantes. Des origines à certains de ses aspects les plus récents, on y trouvera un tableau de cette vie exceptionnellement animée dans les portraits de ses plus grands ou de ses plus secrets acteurs.
Présentés dans l'ordre chronologique, ils sont accompagnés d'éléments discographiques essentiels, et constituent un vademecum appréciable pour le néophyte et l'amateur chevronné qui ne détestent pas non plus la lecture...
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