Parce que, depuis plusieurs décennies maintenant, la gauche ne cesse de stagner, de régresser, de perdre les combats qu'elle engage, il est nécessaire d'interroger nos
stratégies, nos modes de pensée et nos manières de lutter.
À quelles conditions les forces progressistes peuvent-elles redevenir puissantes politiquement ?
La politique est peut-être le domaine de notre existence que nous pensons le plus faussement : nous ne cessons d'utiliser des catégories totalisantes (peuple, volonté générale, souveraineté populaire), des récits mystificateurs (le contrat social, la démocratie délibérative) ou encore des notions abstraites (le législateur, le corps politique, le citoyen) dont nous reconnaissons la plupart du temps le caractère fictif, tout en affirmant la nécessité d'y recourir.
Mais pour quelles raisons faudrait-il adosser la pensée politique à des fictions ? À quoi voulons-nous échapper de cette manière ? Et surtout, que se passe-t-il sitôt que nous rompons avec ces modes de pensée et regardons la réalité telle qu'elle est ?
Geoffroy de Lagasnerie propose d'élaborer une conception réaliste de l'État, de la Loi et de notre expérience comme sujets. Il pose les principes d'une théorie qu'il appelle « réductionniste », qui conduit à faire vaciller les oppositions qui structurent toute l'histoire de la philosophie politique entre démocratie et colonie, force légitime et violence illégitime, État de droit et exception ou arbitraire, crime politique et délinquance ordinaire, etc.
Un ouvrage qui renouvelle profondément les cadres de la théorie politique.
Geoffroy de Lagasnerie est philosophe et sociologue. Il est professeur à l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy.
Et s'il fallait aujourd'hui s'appuyer sur de tout autres principes pour penser la sexualité et la lutte contre les violences sexuelles ?
C'est ce que propose Geoffroy de Lagasnerie dans ce texte qui se donne pour projet de transformer l'espace de la discussion sur les principaux enjeux de la politique de la sexualité : la domination sexuelle, le consentement, la zone grise, l'emprise, l'impunité, la parole des victimes...
Un livre qui pose les bases d'une conception renouvelée, pluraliste, libératrice et non répressive du corps, du désir et de la loi.
Pendant plusieurs années, Geoffroy de Lagasnerie s'est rendu à la cour d'assises de Paris. Il a vu être jugés et condamnés des individus accusés de braquage, d'attentat, d'assassinat, de coups mortels, de viol. À partir de cette expérience, il propose une réflexion sur l'État pénal, le pouvoir et la violence.
Nos manières de rendre la Justice s'inscrivent dans un système général et a priori paradoxal : pour juger, les procès construisent une narration individualisante des acteurs et des causes de leurs actes ; mais, pour réprimer, ils transforment chaque action interindividuelle en agression contre la « société » ou contre l'« État ».
Comment comprendre ce système du jugement et de la répression et ce jeu des catégories pénales ? La Loi est souvent présentée comme instaurant le règne de la raison contre les réactions passionnelles. Ne produit-elle pas en réalité des effets de dépossession et du traumatisme ? À quelles conditions une sociologie critique pourrait-elle nous donner les moyens d'imaginer un droit moins violent, un État moins souverain et une justice plus démocratique ?En mêlant récits et analyses théoriques, Geoffroy de Lagasnerie montre que l'institution judiciaire ne forme pas seulement une réponse à la délinquance. La scène du tribunal, où un individu est forcé de comparaître devant des juges, est un miroir grossissant de notre appartenance à l'État. Si bien que, au bout du compte, cet ouvrage offre une exploration de notre condition de sujet politique.
Geoffroy de Lagasnerie, philosophe et sociologue, est professeur à l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy. Il est l'auteur notamment de L'Art de la révolte. Snowden, Assange, Manning (Fayard, 2015), La Dernière Leçon de Michel Foucault (Fayard, 2012), Logique de la création (Fayard, 2011).
De tous les cours de Michel Foucault au Collège de France, Naissance de la biopolitique est probablement le plus commenté. Mais c'est aussi le plus controversé. Car l'analyse offerte par Foucault du néolibéralisme et la lecture qu'il propose des principaux théoriciens de ce courant ont jeté le trouble : et si Foucault était, à la fin de sa vie, en train de se droitiser et de devenir libéral ?Rompant avec cette interprétation dominante, Geoffroy de Lagasnerie relit les textes consacrés par Foucault au libéralisme et au néolibéralisme. Il montre quel a été le geste de Foucault : constituer la tradition néolibérale comme un test, un instrument de critique de la réalité et de la théorie qui permet de penser autrement. Le néolibéralisme n'est pas un conservatisme. C'est un courant novateur. Foucault s'intéresse ainsi à ce qui s'invente à travers lui : quels nouveaux types de représentations impose-t-il de prendre en compte ? Les intellectuels néolibéraux offrent des outils extrêmement puissants pour échapper au marxisme, aux philosophies politiques, aux théories du contrat ou du droit, à la pensée d'Etat, à la psychologie. Ils permettent de poser autrement la question du pouvoir, de la société, de la démocratie, des luttes sociales et minoritaires. Pour Foucault, il s'agit donc de réinventer un art de l'insoumission à partir d'une réinterprétation du néolibéralisme. Cet ouvrage peut enfin se lire comme une réflexion sur la critique : comment échapper à une critique réactionnaire du néolibéralisme ? Comment ne pas lui opposer ce qu'il défait ? Bref : comment élaborer une théorie critique et une pratique émancipatrice à l'ère néolibérale ?
Quelles sont les conditions, quels sont les moments et les lieux qui favorisent l'innovation intellectuelle ? Voilà les questions que ce livre entend affronter. Retraçant l'histoire des idées et des institutions au cours des années 1950-1980, relisant les oeuvres et réinterprétant les trajectoires de Foucault, Bourdieu, Deleuze, Derrida, mais aussi Sartre et Lévi-Strauss, restituant les grandes théories qui ont cherchéà comprendre les mécanismes de la création artistique, littéraire ou scientifique (Weber, Adorno, Gombrich, Kuhn...), Geoffroy de Lagasnerie montre que l'invention surgit presque toujours en dehors de l'Université ou à ses marges, au terme de démarches qui s'attachent à brouiller les frontières disciplinaires, à déjouer les normes et les pratiques académiques. Penser, c'est nécessairement s'affranchir de l'image de la recherche que l'Université tend à imposer. À l'heure où un consensus s'installe pour défendre le champ académique contre les instances externes (économiques, politiques, médiatiques) qui menaceraient son autonomie, n'y a-t-il pas lieu de s'inquiéter de l'uniformisation de la vie intellectuelle qu'entraîne ce repli sur soi ? À rebours d'une telle tendance, cet essai appelle àélaborer une nouvelle politique des savoirs ouverte à la pluralité, aux hérésies, et donc à l'arrivée de l'inédit.
Edward Snowden, Julian Assange et Chelsea Manning ont fortement marqué l'actualité des dernières années. Ils représentent les figures exemplaires des luttes qui se jouent autour de la guerre et du terrorisme, des libertés civiles à l'ère d'Internet, des secrets d'Etat et de la surveillance de masse. Tous trois sont victimes d'une répression pénale d'une rare intensité.
Geoffroy de Lagasnerie puise dans l'examen de leur vie et de leurs combats des instruments pour élaborer une réflexion générale et novatrice sur la politique, la démocratie et la résistance. Et si, alors que la théorie contemporaine se concentre largement sur les grands mouvements populaires comme Occupy, les Indignés ou les printemps arabes, des démarches isolées comme celles-ci permettaient d'inventer une nouvelle scène politique et une manière inédite de penser la révolte et l'émancipation ? L'auteur montre comment la question de l'anonymat telle qu'elle est posée par WikiLeaks ou les pratiques de fuite et de demande d'asile de Snowden et d'Assange doivent nous questionner sur l'idée démocratique et la sédition, sur le rapport des « citoyens »à la Nation et à la Loi. Interrogeant les analyses classiques du pouvoir et de la souveraineté, il propose une investigation critique sur la logique des Etats et l'emprise qu'ils exercent sur nous.
« Le Combat Adama, ce n'est pas seulement le combat de la famille Traoré. Mon frère est mort sous le poids de trois gendarmes et d'un système. La France a un problème avec la police et la gendarmerie : ça fait partie du Combat Adama. La jeunesse fait partie du Combat Adama. L'école fait partie du Combat Adama. Le racisme fait partie du Combat Adama. La démocratie et la justice font partie du Combat Adama. »
Assa Traoré
Le 19 juillet 2016, Adama Traoré est mort dans la cour de la gendarmerie de Persan dans le Val-d'Oise. C'était le jour de son anniversaire. Il avait 24 ans. Depuis, un combat se développe et s'amplifie qui, à partir de la question des violences policières dans les quartiers populaires, interroge en profondeur notre monde et la politique : le Combat Adama.