« Le temps semblait suspendu. Alors il ferma les yeux, pour les rouvrir presque aussitôt. Mieux valait les garder ouverts, les tireurs ne devaient pas être loin, il ne savait plus. Les ferma à nouveau, il ne pouvait s'en empêcher, les rouvrit, grands, comme le petit garçon dans les bras de sa mère. D'où venait soudain cette joie de vivre, cette déferlante qui les portait, lui et sa mère, incapable de se souvenir pourquoi ils étaient si heureux. Il sourit aux étoiles, ses paupières se refermèrent. » Le 11 décembre 2018, au marché de Noël, la ville de Strasbourg est frappée par un attentat terroriste. Témoin et victime de l'horreur, le narrateur croit sa dernière heure arrivée. Des bribes de son passé l'envahissent alors, chargées d'émotions singulières.
Gaston-Paul Effa saisit avec acuité ces moments charnières au cours desquels se joue l'adulte futur. Il dit comment les retrouvailles avec l'enfant que l'on a été permettent de surmonter les blessures de l'existence.
Nourri de réminiscences et de rêves d'exil, ce roman de la résilience nous permet de dépasser les frontières tantôt dramatiques, tantôt jubilatoires entre l'enfance et l'âge d'homme.
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"À partir d'aujourd'hui, tu ne seras plus capable de détruire la nature sans te détruire toi-même. Le moindre insecte que tu écraseras sous tes pieds te rappellera que tu es peut-être en train d'écraser un ami, un père, une mère, une épouse, un enfant tôt parti et que tu étais encore en train de pleurer... Tu apprendras à écouter, à regarder. Et à force d'écouter et de regarder, tu finiras par voir et entendre. Tu auras changé ta vie. Tu auras gagné ta vie. Le reste importe peu."
Ce récit est né d'une rencontre extraordinaire entre un écrivain et une féticheuse pygmée. Dans l'âme des ténèbres, au coeur de la forêt tropicale, va naître un dialogue où le corps et l'esprit quittent leurs domaines séparés pour se fondre ensemble. De rencontre en rencontre se fraye le chemin de l'initiation qui ouvre à chaque pas des relations d'abord invisibles entre les choses, les pensées et les instants de vie. Une invitation à écouter la nature, à s'unir au cosmos, à suspendre la raison pour réapprendre à vivre.
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"Quand les sauveteurs le découvrirent, il avait le visage scellé, d'où le cri ne pouvait jaillir. Il faisait très froid dans le cachot. La ville déserte et saccagée était recouverte de suie noire. Les buissons, les hautes herbes scintillaient. L'air avait une transparence vibrante, métallique. Il pénétrait dans les poumons comme la pointe d'une lame. Le colonel vit, dans son regard, l'enfant qu'il avait été et qui était demeuré et qui levait vers lui des yeux de la même couleur que les siens, de la même eau de terre trempée et effacée. Le prisonnier, hébété, répétait les mêmes phrases en créole comme une ritournelle."
Seul survivant de l'éruption de la montagne Pelée du 8 mai 1902, Louis-Auguste Cyparis, appelé "le Miraculé de Saint-Pierre", est découvert gravement brûlé dans son cachot. Une destinée bien singulière attend alors ce Moïse des laves.
L'écriture lumineuse de Gaston-Paul Effa, entre effroi et volupté, portant l'histoire du miraculé, jette un jour neuf sur l'histoire des Caraïbes, de l'Afrique et, au-delà, de tous les opprimés. Cantique d'espérance, ce roman est une invitation à éclairer la nuit humaine.
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"Mon grand-père disait que pour les Noirs la peau est un mystère insondable, et il le disait sans chercher à savoir si nous comprenions, ou si, à Lamentin, on se souciait de la peau des esclaves, la mer, seule, évoquait quelque chose pour nous puisqu'elle n'était jamais bien loin, qu'elle nous nourrissait, qu'elle n'aurait jamais fini de charrier nos expériences originelles. Ce que voulait dire mon grand-père, c'était peut-être que la peau d'autrui et sans doute la sienne, et aussi la mienne aujourd'hui, sont un détroit où l'on ne peut que se perdre."
Martiniquais d'origine modeste, vétérinaire rejeté puis admiré, Raphaël Élizé, le narrateur, a été le premier maire noir d'une ville de France métropolitaine. L'occupation allemande, au cours de la Seconde Guerre mondiale, mit malheureusement fin à son mandat pour des préjugés de couleur. Il entra dans la Résistance avant d'être arrêté puis déporté à Buchenwald en 1944.
Rendez-vous avec l'heure qui blesse, c'est le destin historique d'un homme simple, plein de tendresse et de compassion, d'un homme devenu un héros national ; c'est le destin d'un homme emblématique de la condition humaine qui a inspiré ce roman où l'Histoire le dispute à l'émotion.
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MA : cette syllabe universelle évoque la douceur de la maternité, un hymne à la femme et à la féminité... Mâ est bien cela : un cantique qui célèbre le bonheur et la douleur d'être mère sur ce continent tissé de mystères qu'est l'Afrique. L'enlèvement de son premier enfant, offert aux religieuses par son mari, plonge Sabeth dans une nuit profonde qui ranime les souvenirs de sa prime enfance à Obala, où déjà elle avait subi les mortifications dues à sa condition de femme. Après un mariage traditionnel avec un polygame, les humiliations redoublent : troisième femme de son mari, Sabeth tente en vain de se faire une place dans sa nouvelle famille qui la réduit en esclavage. Lorsqu'elle rencontre Mâ, sa marraine, féticheuse de son état, elle espère, grâce à son aide, pouvoir ramener à elle son premier-né, Douo. Commence alors un long parcours initiatique qui mènera Sabeth de sorcier en sorcier, jusqu'à ce qu'elle rencontre Emmanuel, avec lequel elle renaîtra dans le feu de la passion. La célébration d'un monde fascinant, empreint de magie et de sensualité diffuse, ainsi que la ferveur du style, parviendront seuls à dénouer ce destin. Avec ce deuxième livre, Gaston-Paul Effa confirme ses dons de prosateur lyrique et incantatoire.
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Douo, le narrateur, né"à l'ombre bleue d'un sisal solitaire", est le premier enfant d'une jeune mère de 15 ans, deuxième épouse d'un père de 30 ans. A l'âge de 4 ans, son père décide de le donner à Dieu et c'est ainsi qu'arrachéà sa mère, il va être élevé par des religieuses. Dix ans plus tard et parce qu'il est très bon élève, Douo est envoyé en France pour parfaire son éducation. Solitaire, il continue à se perdre dans "ces rêveries où s'accrochaient des lambeaux de sacré qui n'avaient guère changé depuis l'enfance". Son guide dans ce pays étranger, l'adulte qu'il aime et qu'il révère, est le père Marie-Pâques ; c'est lui qui a la charge de l'éducation intellectuelle et spirituelle de celui qui est devenu Douo-Papus. Est-ce parce que la solitude lui pèse trop qu'il croit reconnaître une jeune fille, Clara, déjà croisée, pense-t-il, en Afrique ? Elle est son premier amour, celui dont il espère qu'il apaisera la blessure de la séparation d'avec sa mère.
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