Un petit carnet, puisque ce polar d'un genre très particulier, fait d'ellipses et de blancs, à la construction fragmentée, est le méticuleux compte-rendu des seuls méfaits commis par un individu au fil des années. Ce texte met en scène un personnage qui, s'il est coupable, n'est pas, comme souvent dans le roman noir, une victime. Si la mort accidentelle de ses parents, et la culpabilité ressentie ensuite, peuvent expliquer, en partie, son comportement ultérieur, l'auteur laisse pourtant aussi penser que cet accident n'aurait, peut-être, pas eu lieu par hasard... Fatalité du destin ? Folie meurtrière précoce ? Le récit débute sur cette ambiguïté fondatrice, pour se poursuivre jusqu'à la fin sur la même ligne trouble. Très trouble. Le lecteur se posera d'autant plus de questions que l'écrivain, se contentant d'une description glacée de ce singulier itinéraire, se garde bien de tout commentaire, comme de toute analyse.
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Henri Michaux a, incontestablement, marqué de la singularité de son expression la poésie du XXe siècle. Par sa volonté d'approcher, le plus intimement possible, le langage de l'Être, par ses expériences multiples sur les drogues hallucinogènes - ou plutôt "spiritualisantes" selon le terme de François Trotet -, il a ouvert une voie originale vers le dépassement du domaine intellectuel, le franchissement du monde des apparences, la découverte du fondement des choses et de nous-mêmes.
Autant de thèmes qui, comme le montre l'auteur, rapprochent la voie occidentale suivie par Henri Michaux des voies spirituelles de l'Orient : bouddhisme, hindouisme, et surtout taoïsme. La "quête-aventure" du poète est-elle, aussi, un chemin vers l'Éveil et la Connaissance, qui passe non par une ascèse minutieuse et quotidienne, mais par de multiples expériences personnelles, par mille péripéties et mille rebondissements.
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