Beyrouth, le 23 octobre 1983, à 6 h 24 du matin, l'immeuble Drakkar explose. Une compagnie du 1er RCP est anéantie. Bilan terrible. À la même heure, le terrorisme a aussi frappé les Américains (241 morts). Les 1200 paras français sont pris au piège ; à leurs côtés, un bataillon de Marines et un régiment de Bersaglieri. Car les Occidentaux ont jeté dans le bourbier libanais l'élite de leurs forces d'intervention : troupes de choc au moral d'acier et armement dernier modèle. Une puissance de feu jamais rassemblée depuis la Seconde Guerre mondiale. Les Paras ne sont préparés ni à la guerre urbaine, ni au terrorisme. Mal renseignés, lâchés ou trahis par des officiels français, ils affrontent les mouvements terroristes les plus dangereux de la planète : les réseaux islamistes des "Fous de Dieu", actionnés et soutenus par la Syrie et l'Iran. Cette mission de sacrifice va tourner au cauchemar. Ce livre-document raconte, pour la première fois, les combats de ces soldats d'une paix introuvable, et révèle les trahisons au plus haut niveau de l'État. Trois mois de guerre secrète, menée par les commandos de la 11e Division parachutiste et les spécialistes du service Action de la DGSE. Jusqu'au naufrage de cette force multinationale qui restera impuissante. C'est ce modèle que l'on a reproduit en Yougoslavie et au Cambodge, avec les mêmes erreurs, et surtout les mêmes risques.
Depuis 1991, près de cinquante mille militaires français ont servi dans les Balkans, soldats d'une paix improbable, au coeur du premier et du plus terrible conflit dans l'Europe de l'après-1945. À Frédéric Pons qui les a rencontrés, ils ont tout raconté, le meilleur et le pire. La vie et les missions dans Sarajevo assiégée, sous la menace permanente des snipers et des bombardements ; l'incroyable épopée des convois humanitaires sur des routes impossibles, et les embuscades meurtrières face à des milices déchaînées : les raids aériens les plus audacieux, montés par les pilotes de l'armée de l'air et de l'aéronavale ; la tristesse et l'impuissance devant la mort de camarades, assassinés par des tireurs sans visage ; la honte, enfin, l'humiliation de devenir otages, enchaînés à des poteaux, transformés en cibles vivantes. Près de cinq cents soldats ont été blessés ou tués. Frappés sans pouvoir combattre. Pourtant, ils ont été et vont encore jusqu'au bout d'eux-mêmes, tous ces jeunes soldats, étrangement mûris par cette guerre sans nom, par tous les coups reçus, par la déception et par les regrets. Ce livre explique leur engagement, dévoile leurs succès et leurs échecs sanglants. Il raconte aussi l'angoisse de leurs familles et de leurs amis restés en France, qui auront vécu ces heures avec une intensité et une émotion jamais vues jusque-là. Il révèle, enfin, ce qui restera, pour l'armée française, une terrible blessure. En pleine actualité, un document exceptionnel sur un des grands drames d'aujourd'hui.