J'espère malgré tout que nous pourrons avoir de temps en temps des nouvelles l'un de l'autre. Mais ce n'est pas certain, tu t'en doutes, n'est-ce pas ?
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"J'ai écrit ces lignes des années après. J'ai surmonté ma honte et parfois le déni ou la réprobation des autres. J'avais frôlé la fin de tout.
Nous attendons trop sans savoir que nous sommes attendus nous-mêmes dans l'existence à ce point sombre d'où quelque chose peut recommencer. J'ai retraduit mon malheur en traduisant les textes de Job, de saint Paul ou de Shakespeare. Et je commençais à croire qu'il n'y a d'espérance qu'à ce point-là d'essoufflement.
J'ai interrogé la dérision du désespoir et l'indignité de notre monde contemporain qui voudrait exclure l'espérance de nos coeurs et de nos communautés."
Frédéric Boyer.
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C'est l'histoire d'une année, peut-être deux, dans la vie d'un petit garçon. L'histoire d'une rencontre avec un personnage héroïque à ses yeux d'enfant de onze ou douze ans. Ce souvenir revient beaucoup plus tard, après qu'il a traversé plusieurs deuils, sous les mains d'un étrange thérapeute que le narrateur appelle le ' chaman '. Le souvenir de virées magiques, pour s'arracher de sa famille en compagnie de cet homme hâbleur, drôle et violent. Perdu jusque dans sa passion pour la vie.
C'est une matinée de chasse. La mort d'un lièvre. Un lièvre dont il faudra bien faire et dire quelque chose.
Un cadavre encombrant qui mettra des années à réapparaître.
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Ceci est si intime et secret notre imagination si fantaisiste qui pourrait savoir qui devrait faire quoi quand pourquoi et comment ?
Dans une nouvelle traduction originale du sanscrit, voici cet étonnant rendez-vous avec une grammaire du désir, conjuguée à l'idée pratique d'une existence sensuelle, théâtralisée, vécue à coups de formules, de ruses, de syllogismes, de recettes ou de techniques diverses, et de poèmes. L'étude des plaisirs et du sexe est ici un art du bref, de la rapidité et de la récitation. Texte de l'Antiquité de l'Inde, le Kâmasûtra nous plonge aujourd'hui dans la mélancolie d'un monde perdu ou impossible. Celle d'une idéalisation sophistiquée de la comédie de moeurs, d'une trop parfaite écriture des équations menant à l'équilibre illusoire du plaisir et du néant.
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Le fait d'être humain ne procède pas uniquement de nous-mêmes, comme le fait d'être d'une culture, d'une histoire ne procède pas d'un seul autre, ou d'un seul semblable, mais de l'ensemble des autres, de tous les semblables, et plus loin encore de l'autre à venir, du dissemblable, de l'étranger, de l'autre culture, de l'autre histoire.
Où et comment se pose la question de l'honneur à cet instant ? N'est-ce pas à cette pliure que fait courir à l'espèce le mépris, l'incompréhension, le refus de l'autre ?
Aujourd'hui nous devons faire face. Et savoir d'instinct, savoir sans le comprendre que la seule force, la seule valeur, la seule dignité, c'est de ne pas comprendre si comprendre nous fait renoncer à l'amour de l'autre. Voilà ce qui fonde, voilà ce qui fait la légitimité non seulement d'une existence mais de toute communauté.
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Le thème de la bataille et de ses représentations dans notre culture est au coeur de la proposition de Frédéric Boyer.Il s'est intéressé à l'écriture de cette épopée, la Chanson de Roland, la première en langue française, le premier grand texte français qui s'éprend de la défaite pour chanter la gloire d'un empire fantasmé (celui de Charlemagne), 350 ans après les faits, et au moment où l'Europe médiévale se lance dans les croisades. Frédéric Boyer va jusqu'à interroger la lente déformation de la légende médiévale dans l'Europe de la Renaissance. Le fantôme de Roland est partout présent. Il semble gêner jusqu'au merveilleux Don Quichotte qui en fait un de ses modèles certes, mais avec difficulté devant la folie, la fureur qu'on lui prête alors.Quelles blessures, quel trauma cherche-t-on à exorciser avec une telle création ?Raconter la bataille (ou la représenter), au-delà de ses fonctions politiques, religieuses, idéologiques, a d'autres effets et sans doute d'autres origines.Rappeler Roland est un triptyque composé d'un texte original, « Rappeler Roland », monologue écrit pour la scène dont la création se fera en deux temps, à l'auditorium du musée du Louvre le 19 janvier 2012 et à la Comédie de Reims en mars 2013 ; d'une nouvelle traduction intégrale de la Chanson de Roland (version du manuscrit d'Oxford qui date du XIIe siècle) qui tente d'offrir en français contemporain une version en décasyllabes avec respect de la césure épique (4 + 6) ; et d'un essai, « Cahier Roland » (se battre est une fête), consacré au thème de la bataille et du combat dans notre culture, à partir de l'histoire mystérieuse de la Chanson de Roland.Aujourd'hui Frédéric Boyer veut rappeler Roland... Dans les mots et dans les défaites contemporaines. Dans les guerres que nous n'avons pas connues et les batailles que d'autres livrent pour nous aux confins d'un monde déchiré.
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- Peur, j'ai si peur. Je n'ai pu l'oublier... Nuit noire. Pas de mémoire. Et pour ne plus l'aimer cent fois j'ai combattu chacune et chacun d'entre nous. J'ai cherché des sujets au-delà de la terre et dans des pays inconnus à leurs habitants, des déserts que le ciel refuse d'éclairer. Ouvre les yeux. Quelqu'un m'attend dans ces lieux, dans ces temps. C'est dans ma tête. Avec les gestes oubliés.
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Les vaches aimaient la pluie.' Une phrase si simple, si commune dans sa structure, et cependant inimitable... On y reconnaîtrait Frédéric Boyer entre mille. Est-ce l'emploi de l'imparfait pour cette proposition qui d'un coup la déplace du côté du mythe? Ou lui donne une infinie tristesse? Des phrases comme celle-là, Vaches en est rempli. Ce livre bref, tout entier consacré à ce qu'il y a de permanent et d'éphémère dans l'idée même de cet animal, et dans cette réalité à la fois massive et énigmatique, ce livre profondément nostalgique est aussi un traité de philosophie poétique, ou de poésie philosophique. Y sont interrogées de la manière la plus tendrement triviale, incarnée, notre présence, notre fuite, nos angoisses. 'L'animal de son corps dans la création. L'animal néant c'est elle. C'est la vache.
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'Rejoindre ma prairie je vous en prie laissez-moi.'
Dans ma prairie est un long poème incantatoire (un peu sur le modèle de Vaches qui elles aussi aimeraient rejoindre leur prairie...) pour tenter d'évoquer un lieu à la fois intime et universel, imaginaire et terriblement réel. La prairie. Celles des westerns comme celles de l'Odyssée où Ulysse a vu des sirènes, celles de la conquête de l'Ouest mais aussi celles de nos enfances et de nos paysages... C'est aussi un poème sur le désir éperdu de fuite et de refuge. Un voyage impossible auquel le narrateur refuse de renoncer. On y croise les premiers pionniers de la Nouvelle Angleterre, des Indiens et des soldats, des animaux, des herbes et des fleurs. Des mustangs et des migrants, des figures imaginaires. Le peuplement libre de l'enfance - celui que l'on invoque pour protection avant que la nuit ne tombe.
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La nuit du 13 au 14 décembre 2003 un homme tente de se donner la mort. Quand il revient à lui, et dans les semaines qui suivent, il s'adresse à ses amis dans un long poème.
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J'ai passé ma vie à la recherche d'une porte qui s'ouvrirait de nouveau sur des yeux noirs. Je ne le savais pas. Je l'ai appris en écrivant ce livre. Chacune de nos vies invente son secret.
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Comme dans un conte on vient de loin. On a tout quitté. On devient une fée contemporaine. Le nouveau monde est partout, dit-on. Monsieur, lui, n'y croit pas. Il répond les clients sont toujours les mêmes, vous et moi.
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Ce livre est né après la parution en septembre 2001, chez Bayard, de la Bible, nouvelle traduction, écrite par une vingtaine d'auteurs contemporains au côté de spécialistes des textes et des langues bibliques. À l'écoute, à la réception des critiques, des lectures de ce travail. Ce n'est ni un essai sur la Bible et sa traduction ni un règlement de comptes. Il s'agit plutôt d'une sorte de petit journal des réflexions, des pensées suscitées par la réception de cette traduction. Il s'agit surtout de s'interroger sur les peurs entendues. Peur de perdre une langue sacrée. Peur de l'oubli. Peur de la tentative, du travail collectif, de l'ouverture. Peur de l'exil des langues et des oeuvres. Peur de l'écriture elle-même, de ce que l'on pourrait lire et découvrir, et aussi peur du travail d'écriture engagé. Ce petit livre voudrait aussi proposer autre chose que la pensée patrimoniale qui se déchaîne aujourd'hui. On veut préserver, restaurer, transmettre coûte que coûte. Mais pour quels héritiers? Dans quelle langue? Pour faire quoi? Pour quel monde? On voudrait ne rien perdre de ce qui est déjà perdu. On voudrait surtout pathétiquement croire que nous possédons une langue sacrée à laquelle nous ne pourrions toucher, sans doute parce que précisément nous nous tenons aujourd'hui dans l'exil de toute langue, dans l'exil du travail de la langue. On voudrait transmettre sans travail, sans contestation, sans déplacement.
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'Il est possible que la naissance de ce qu'on appellera le christianisme soit comparable à l'apparition du rock'n'roll. J'imagine que le langage chrétien naissant fut de cet ordre. Il a en partie fabriqué et inventé une nouvelle culture à partir de vieux accords. Il mimait, il empruntait, il détournait. Il revendiquait les figures prophétiques, messianiques de la tradition, il reprenait les écritures de la vieille religion, mais avec des raccords vertigineux et dans des histoires de zombies, de traîtres, d'apostats, de femmes réprouvées et de prophètes itinérants, aux marges du Temple et de Jérusalem.
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"J'ai cru très tôt à toutes ces choses qu'on raconte sur l'amour - en bien comme en mal. Mais sans jamais voir comment ni pourquoi. J'ai longtemps fait comme celui qui apprend par coeur la chose par son nom mais ne connaît rien de ce qu'elle est. J'ai cru que de nos corps pouvaient sortir l'enfer et le paradis. Mais une fois en enfer je me suis cru au paradis."
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C'est la voix d'une femme d'aujourd'hui et parce que nous sommes tous faits des voix des autres, amies ou ennemies, anonymes ou célèbres, ce sont aussi les voix qui peuplent son existence. L'existence humaine n'est-elle pas cette conversation infinie qui mêle ce que nous pensons être des vérités et des hypothèses? Elle s'appelle Louise. Elle découvre qu'il n'y a pas d'amour sans langage ni sans esprit. Qu'il n'y a rien de vraisemblable qui ne soit pas, d'une certaine façon, absurde.
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Orphée ou Docteur Love? La mort ou l'amour? Mais il y a tant d'amour dans la mort et tant de mort dans chaque amour. La tentation n'est bien sûr jamais d'en revenir ou de s'en sortir. Mais sûrement d'y aller. Les yeux ouverts. Aimer comme mourir.
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"Hammurabi, sixième souverain d'une dynastie amorrite, était roi de Babylone, il y a 3 757 ans. Son pouvoir s'étendait sur l'ensemble de la Mésopotamie. En 1902, à Suse en Iran, des archéologues français dégagent une monumentale stèle de basalte noir, brisée en trois. C'est le code de Hammurabi. Un des tout premiers codes de justice. Le long texte de la stèle, en écriture cunéiforme, est rédigé en akkadien. Plus de 280 articles, la plupart introduits par la conjonction si, exposent des cas concrets de la vie quotidienne et leurs sentences destinées à rétablir la justice. J'ai lu une première version de ce texte au musée du Louvre, devant la stèle du code, en 2007 et en 2008, sur invitation de Jean-Marc Terrasse et Gérard Cherqui."
Fédéric Boyer.
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Le dieu qui était mort si jeune est un emportement, un texte de foi. Dans un mouvement excessif, c'est-à-dire à l'opposé de la sagesse et de la raison, haletant, éperdu, il chante la gloire de Jésus en tant qu'homme parmi les hommes, homme parmi ses frères. Il éclaire la démarche littéraire et philosophique de Frédéric Boyer en même temps qu'il la prolonge. Frédéric Boyer est un écrivain chrétien. Son attitude singulière, y compris pour ceux qui se réclament de la même foi, n'est pas dans l'acceptation, elle est dans la colère, dans la violence, la recherche et le risque.
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Sur l'île de Batz, dans le Finistère, deux innocents, Ann et Abel, se rencontrent et font l'échange du mystère de leur vie. On voudrait comprendre ce qu'il s'est passé là-bas pendant sept jours, comment le drame s'est noué, qui sont les responsables. Mais la quête des coupables mène inexorablement à l'innocence. Comme si l'innocence, c'était tout ce qui restait à comprendre une fois l'affaire élucidée, une fois passé le dénouement. Comme si chacun d'entre nous, avant de comprendre, avant de juger, avait à s'expliquer avec l'innocence perdue.
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Cela s'appelle songs. Petites formes empruntées à l'anonymat de cette voix familière, cruelle, qui parle au coeur du chant humain de l'existence ordinaire. Ça chante pour dire que l'inhumaine voix parle. Les songs restent au bord du chant dans l'enchaînement des paroles entendues et abandonnées, dans l'usure de la voix humaine. Et dans le désir défait des airs anciens. Il faut en accepter l'hypothèse. C'est cela que l'expression cassée de rock'n'roll tente encore de faire entendre. La voix qui parle et ne s'entend plus que dans les rythmes effacés du très ancien, très pauvre petit désir de chanter que l'on a tous, un soir, au fond de la gorge.
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Ici le poème naît de la négation. Le poème est noir comme on le dit de certains romans, de certains films. Noir jusqu'à se faire simple et doux. C'est-à-dire de cette simplicité et de cette douceur qui sont les vraies puissances de la négation, de l'erreur et du crime.
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Patraque est un livre de littérature et de philosophie. Non pas un livre hybride qui hésiterait entre deux genres, entre deux registres mais un livre rare qui tresse la pensée à la littérature, une pensée déliée, libre, circulante, à la littérature dans ce qu'elle peut avoir d'intuitif, d'irrationnel. Cela donne un mixte très étonnant, extrêmement original dans sa facture comme dans sa tonalité. Familier, proche, et exigeant à la fois. Un livre qui se lit comme un roman, comme on dit, et qui cependant fouille, retourne et questionne notre présence au monde. On croise dans ce livre Wittgenstein, Bouvard et Pécuchet, Arendt, et beaucoup d'autres avec lesquels le narrateur engage un dialogue sans contraintes («Qui pourrait comptabiliser les voix qui nous parlent depuis que nous existons, depuis qu'existe la voix humaine? [...] J'entends des voix. Je suis hanté par d'innombrables voix. On peut dire ça comme ça.» Ces conversations viennent rythmer ce récit qui est celui d'une détresse contemporaine et le relancent en même temps qu'ils lui donnent un écho universel.
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Ce que nous dit l'histoire de Judas, c'est qu'il n'y a pas d'amour sans trahison. Il n'y a pas d'amour qui tienne sans connaître l'épreuve de la trahison. Ceux qui affirment le contraire savent bien qu'ils mentent, qu'ils ont peur d'aimer jusqu'au bout. À tous ceux qui demandent : pourquoi Dieu a-t-il été trahi par un de ses amis? il faut répondre : oublier l'ennemi dans l'amour aurait été pire que la Passion elle-même, pire que la trahison, pire que le mal lui-même. «Un traître par amour, comme lui, c'est un homme qui veut se reposer de trahir. C'est un homme qui ne se sent confié à personne et qui ne supporte pas la pensée d'être responsable de tout l'amour impossible du monde. C'est le contraire d'un homme méchant, de quelqu'un d'ordinairement méchant. C'est même plutôt quelqu'un de bon. Mais si seul finalement.»
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