La production et la gestion de la richesse d'un côté, la garantie de la sécurité des biens et des personnes de l'autre, constituent les deux ressorts de l'activité humaine. Mais quels sont les liens qui unissent la guerre et l'économie ? L'homo bellicus est-il une autre figure de l'homo oeconomicus ?Christian Schmidt est professeur à Paris-IX-Dauphine, président de l'International Defense Economics Association et expert aux Nations Unies.
De quel type d'information sur le monde, les propositions énoncées par l'économie théorique sont-elles porteuses ? Cette interrogation constitue la trame de l'enquête sur les fondements de la discipline économique menée par Christian Schmidt. Utilisant conjointement les ressources de l'histoire, et les enseignements récents de la philosophie des sciences, l'auteur s'attache à dégager sa spécificité, par-delà les analogies trompeuses avec d'autres savoirs. Il la découvre dans une synthèse périlleuse, entre les logiques de l'action sociale, et l'étude des systèmes de production et de répartition de la richesse.
À partir de ce constat initial, s'organisent les principales thèses exposées dans l'ouvrage. La syntaxe du langage économique, dont l'élaboration emprunte les formes de l'axiomatisation, se développe au détriment d'une sémantique encore indigente. L'auteur propose de renverser l'ordre des priorités, et de promouvoir une méthodologie rigoureuse de l'interprétation. La normativité qui affecte certains de ses énoncés, n'est pas synonyme d'arbitraire, mais requiert un traitement logique approprié. La confrontation directe des hypothèses, déduite des modèles théoriques aux matériaux statistiques fournis par les observations économétriques, se révèle impossible. Elle impose donc la construction de modèles intermédiaires, encore peu explorés.
La sémantique économique en question propose ainsi une réorientation en profondeur de la recherche théorique. Mais son propos n'est pas seulement programmatique. Il fourmille d'exemples variés. Le calcul économique, la logique des préférences individuelles et collectives, l'analyse de la production et la théorie de la consommation se trouvent, tour à tour, reconsidérés dans cette perspective. En questionnant la sémantique, Christian Schmidt nous livre, en définitive, les éléments d'une réponse originale à des problèmes traditionnels mal posés.
Ce livre est le résultat d'un dialogue fécond entre un économiste et un philosophe. Il montre dans quelle mesure et avec quelles limites les apports récents des neurosciences permettent de mieux comprendre aujourd'hui nos interactions sociales. Il revisite ainsi les questions, classiques en économie, de la coordination des actions et de la coopération des agents, en intégrant les différents processus émotionnels et cognitifs qui y contribuent, notamment à travers les réseaux sociaux. Il explore également les conditions d'émergence des conventions sociales et le fonctionnement des normes qui régissent les comportements des individus. Ainsi se dégagent des idées nouvelles, qu'il s'agisse de l'interintention-nalité des sujets, de la dynamique intertemporelle qui guide leurs relations, des diverses modalités que peut prendre la confiance, ainsi que des formes de contrôle explicite sur les comportements sociaux des agents. Christian Schmidt est professeur émérite à l'université Paris-Dauphine et président de l'Association européenne de neuroéconomie, qu'il a créée en 2011. Il est membre du centre de recherche Phare de l'université Paris-I. Ses travaux portent sur l'économie de la défense, la théorie des jeux, l'analyse du risque et la neuroéconomie. Pierre Livet est professeur émérite à l'université d'Aix-Marseille, membre du CEPERC. Ses travaux portent sur l'épistémologie des sciences sociales, l'ontologie des êtres sociaux, la théorie de l'action et celle des émotions.