Eric Zemmour utilise les mots comme des armes. Et d'abord contre la langue elle-même. Sous sa plume, le sens se brouille, les concepts politiques s'inversent, l'ironie et le grotesque attaquent comme un acide les valeurs humanistes. La torsion des mots et de l'histoire y est la norme. L'obsession raciale omniprésente. Pourtant ses fictions fascinent... Pourquoi ?
"Liberté", "laïcité", "sécurité", "peuple", "identité"... Les hommes politiques aiment les mots qui claquent ou qui clivent. Mais quel sens précis leur donnent-ils ? À l'aube d'une année électorale à hauts risques, et dans le contexte de montée du Front national et de menace terroriste accrue, il est urgent de clarifier le sens des mots du débat politique.
Pour la première fois, une analyse scientifique décode la logique du discours des politiques qui se disputent l'élection présidentielle de 2017 - Marine Le Pen, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon, etc.- et de ceux qu'ils ont peu à peu supplantés - François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé. À la croisée d'un monde ancien et d'un monde nouveau, c'est la capacité des politiques à lire le monde contemporain et à le dire qui est scrutée.
L'auteur passe au crible plus de 1 300 textes - 2,5 millions de mots - écrits ou prononcés de 2014 à 2016 pour décrypter mots-clés, mots-fétiches et mots-tabous, et cartographier les positions de chacun et la reconfiguration du paysage politique.
Cette enquête sémantique, stylistique et rhétorique dévoile derrière l'écume des petites phrases la structure profonde de la vision du monde des politiques. Que disent-ils ? Qui est "de gauche" et "de droite" à l'heure des concepts politiques élastiques ? Les "populismes" des deux bords se ressemblent-ils vraiment ? Et quels sont les angles morts de ces orateurs aguerris qui manient aussi bien silences et non-dits que slogans et mots d'ordre ?
Plus que jamais, la bataille des idées passera par celle des mots. Et celui qui imposera son propre sens de la "laïcité" ou de la "République" aura remporté une victoire idéologique, au-delà même des résultats électoraux.
Professeur de littérature à l'université Stanford et chercheuse associée au Cevipof à Sciences Po, Cécile Alduy est l'auteur au Seuil de Marine Le Pen prise aux mots. Décryptage du nouveau discours frontiste (2015).
À l'heure où Marine Le Pen s'impose sur la scène politico-médiatique et engrange des scores électoraux sans précédent, il est urgent de décrypter la logique de son discours et d'expliquer son efficacité rhétorique. Que dit-elle qui parle tant à tant d'électeurs ? Avec quels mots, quels mythes, quelles images parvient-elle à faire mouche là où la parole politique semble partout ailleurs discréditée ? Et dit-elle autre chose que son père ?
Pour la première fois, une analyse littéraire et statistique de près de cinq cents textes permet de mesurer très précisément l'originalité de cette nouvelle parole frontiste. Discours, éditoriaux, entretiens radio et télévisés des deux présidents successifs du Front national sont passés au crible d'un double traitement informatique et rhétorique afin de cerner au plus près continuités et différences.
Dans sa stratégie de " dédiabolisation ", Marine Le Pen a entrepris de réécrire le code frontiste : elle en a modernisé le vocabulaire, les thèmes et l'image. Mais derrière le changement de style, le sens de l'offre politique du Front national a-t-il changé ? Il n'est pas certain qu'il suffise d'adopter les mots de la République pour en porter véritablement les valeurs.
Professeure de littérature française à Stanford University, Cécile Alduy est l'auteur de Politique des "Amours" (Droz, 2007) sur l'émergence de l'identité nationale à la Renaissance.
Professeur-associé à l'Université Paris-Est-Créteil en communication politique et publique, Stéphane Wahnich a coécrit Le Pen, les mots (La Découverte, 1997).
Se distraire, est-ce se cultiver ? La culture est-elle un « business » comme un autre ? Face au tout-numérique, l'exception culturelle a-t-elle encore un sens ? Jamais comme aujourd'hui la culture n'avait été livrée aux forces du marché. Devenues un produit d'appel pour les géants numériques (Amazon, Google, Apple), les oeuvres culturelles se consomment, se répliquent, se « streament »... au point de perdre ce qui fait leur singularité. Quant à l'État, il a tout simplement démissionné face à l'ouragan numérique. Ce livre met au jour les différentes facettes de ce phénomène : si l'accès est devenu gratuit pour tous, la diversité et la création se voient profondément fragilisées ; et là où elles résistent encore (notamment dans le spectacle vivant), c'est au profit d'une élite qui a les moyens culturels et financiers d'en jouir. Ce livre est animé d'une conviction : la culture est notre première richesse ; c'est pourquoi il faut réinventer notre politique culturelle. Karine Berger est députée socialiste des Hautes-Alpes et membre de la Commission des finances. Manuel Alduy a exercé des fonctions importantes au sein de Canal+ où il a développé l'offre cinéma avant de diriger Canal OTT (services sur Internet). Caroline Le Moign est économiste. Elle a été conseil auprès de l'Assemblée nationale et de France Stratégie.