Milan Kundera est l'un des écrivains les plus lus au monde ; il est aussi un disparu volontaire. À force de refuser toute apparition depuis trente-sept ans, il s'est effacé du réel. Le geste de la main d'Agnès au bord de la piscine, le sourire du chien Karénine, ses personnages restent gravés dans les mémoires ; lui est devenu un écrivain fantôme. Il a posé des scellés sur sa propre existence et ce siècle d'histoires qui s'enroule autour de la sienne.
Depuis ses vingt ans, Ariane Chemin rêve de rencontrer l'auteur de La Plaisanterie. Partie sur ses traces, elle voyage d'Est en Ouest, de Prague à Rennes, de la Corse à Belle-Île-en-Mer, rencontre sa femme Vera, remonte le temps à ses côtés, croise des éditeurs et des cinéastes célèbres, une speakerine mystérieuse, des compositeurs et des pianistes assassinés, de vieux dissidents et des espions repentis, entend la poésie de Desnos et celle d'Apollinaire, toujours à la recherche de Milan Kundera. Elle lit la vie dans l'oeuvre et l'oeuvre dans la vie d'un romancier désormais écartelé entre deux patries - quelque part perdu dans la traduction.
Comment saisir le tournant de notre siècle, ce basculement entre l'ancien et le nouveau monde ? Pour parler des nouvelles guerres de religion, de la fin des partis politiques, du réveil identitaire ou des fake news, Ariane Chemin a tourné le dos aux analyses et est allée sur le terrain attraper les détails tragiques ou comiques de notre quotidien.
Ses croquis sont des fabliaux modernes. Voici Emmanuel Macron, le 16 novembre 2016, parmi les dépouilles royales de la basilique Saint- Denis, station mystique qui fait songer à un sacre intime. Quelques mois plus tard, nous sommes les témoins indiscrets d'une cérémonie fugace dans un cimetière corse, où repose Michel Rocard. En 2007, nous étions conviés au mariage spectaculaire de deux figures de la gauche. À dix ans de distance, les deux tableaux illustrent le crépuscule du socialisme mieux qu'un commentaire politique. La droite n'est pas oubliée, de François Fillon aveuglé par son hubris, à Laurent Wauquiez piégé par la légende qu'il s'est lui-même construite.
Ariane Chemin raconte Clichy-sous-Bois au lendemain des émeutes de 2005, les quartiers Nord de Marseille, sa rencontre sidérante avec le " référent " des frères Merah, à flanc de montagne, près de Toulouse. En prenant le temps de dialoguer avec des ombres oubliées par le tourbillon médiatique, elle répare la mémoire de l'" inconnu de la Concorde ", mort de froid en 2008, d'une femme raflée en 1942 dont le propre fils ignorait le passé, ou confesse ce sous-préfet qui, en janvier 2015, dut enterrer son ami Bernard Maris et l'assassin de ce dernier.
Cet ouvrage reprend aussi des portraits qui incarnent l'esprit du temps. D'Éric Zemmour à Jean-Luc Mélenchon, de Michel Houellebecq à Jean d'Ormesson, toute notre époque est ici embrassée par l'oeil perspicace de l'auteur.
C'est l'histoire d'un tandem improbable. Un énarque ambitieux est élu président de la République. Un type baraqué et culotté devient l'un de ses plus proches collaborateurs. Il donne des ordres aux fonctionnaires en costumes gris, il connaît tous les potins du Palais, on le craint.
Un 1er mai, il se déguise en policier. Il est filmé en train de tabasser un jeune homme. Bizarrement, le président ne le vire pas. Pour Alexandre Benalla comme pour Emmanuel Macron, c'est le début des emmerdes.
Dans cette histoire, il est question de barbouzes et de technocrates, de judokas et de footballeurs, d'armes à feu et de pistolets à eau, de gros virements et de cash. On jure de dire toute la vérité et on bidonne des vidéos. On traîne dans des bars à chicha et des palaces. On voyage d'Évreux à N'Djamena. Benalla & Moi, c'est l'histoire d'un nouveau monde rattrapé par l'ancien.
Tous deux journalistes au quotidien Le Monde, ARIANE CHEMIN et FRANÇOIS KRUG ont révélé et suivi l'affaire Benalla. Ils s'associent au dessinateur JULIEN SOLÉ pour raconter ce feuilleton riche en rebondissements et en révélations sur les coulisses du pouvoir.